La Guinée singe le Sénégal sur la mauvaise politique d’importation des véhicules


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En interdisant l’importation des véhicules de plus de 8 ans d’âge, la Guinée imite le Sénégal qui a pris la même mesure qui malheureusement, favorise le maintien en circulation de véhicules de plus de… 50 ans d’âge.

Il faut aller droit au but et expliquer clairement les mesures prises par le gouvernement du Sénégal qui vient d’être imité par celui de la Guinée. En clair, au Sénégal et en Guinée, on autorise la circulation de la Renault Saviem des années 50 et interdit l’importation de la Renault Trafic des années 90. Il se trouve en effet qu’au Sénégal où la mesure est appliquée, la quasi-totalité des véhicules de transport en commun sont des cars vieux de plus de 50 ans, notamment les Renault Saviem appelés « Car rapides » connus de tous et les Mercedes 608 surnommés « Ndiaga Ndiaye ». Ces véhicules de transport de l’époque coloniale sont malheureusement responsables de la quasi-totalité des accidents de la circulation les plus violents, voire les plus meurtriers.

Avant tout, il faut souligner que cette mesure a été prise au Sénégal par le régime de l’ex-Président Abdoulaye Wade qui interdisait l’importation des voitures de plus de 5 ans d’âge. Après son mandat, son successeur, notamment Macky Sall a cautionné que son régime porte à 8 ans d’âge cette restriction. Au départ, la mesure d’interdiction de toute importation de véhicule de plus de huit ans d’âge, visait à, comme l’a souligné la Guinée, « renouveler progressivement les parcs automobiles et à sécuriser la population ». Sauf que cette mesure dont on dit qu’elle vise également à protéger l’environnement contre l’émanation de gaz à effet de serre », favorise au contraire cette situation. En plus d’accroître le nombre potentiel d’accidents de la circulation. Comment ? Comme au Sénégal, cette mesure s’accompagne de la flambée des prix des voitures dont l’importation est autorisée. Les véhicules d’occasion autorisés étant devenus plus chers, les transporteurs et autres particuliers, n’ayant pas les moyens de se les procurer, se rabattent sur les anciens véhicules, dont les pièces de rechange sont quasiment inexistantes et tout simplement âgés.

Que risque la Guinée avec cette mesure ?

En effet, si ces véhicules de plus de 8 ans sont interdits d’importation, leurs pièces de rechange ne sont par contre pas prohibées. La conséquence est que les garages du Sénégal, et bientôt ceux de la Guinée (si ce n’est déjà pas le cas) sont remplis de voitures âgées, en état de délabrement avancé, avec des organes vieux et usés, dont la réparation, pour ne pas dire le colmatage, n’est pas interdite. Et ce sont ces véhicules qui pullulent au Sénégal et sont quasiment des cercueils roulants, car à l’origine de plusieurs accidents mortels. Et c’est ce risque que vient de courir la Guinée, qui, sans doute comme le Sénégal, dans un souci de protéger certains concessionnaires et autres fabricants (usines de montage), expose son peuple aux accidents récurrents et mortels. Car au Sénégal cette mesure qui vise à soi-disant renforcer la sécurité en effectuant un toilettage dans le parc automobile est loin de prouver son efficacité, car le centre de contrôle technique des véhicules établi dans la capitale sénégalaise ne couvre que les voitures de Dakar, celles des régions étant contrôlées de façon… archaïque. Et encore, il suffit de croiser des véhicules de transport à Dakar pour se demander si ces voitures ont bien été contrôlées par les services compétents.

C’est ainsi le lieu de s’interroger sur l’opportunité d’une telle mesure, qui interdit l’importation d’une voiture de 10 ans aux organes fiables avec toutes les fonctionnalités en bon état qui autorise la circulation de véhicules au tableau de bord défectueux avec aucun signal lumineux en état de marche, un système vétuste et donc défaillant. A moins que ce ne soit pour des intérêts bien particuliers pour ne pas dire de particuliers. Car le peuple ne gagne rien dans cette mesure, à part de devoir pleurer davantage de morts causés par ces voitures dont la circulation est autorisée. Les fameux cars de couleur bleu-jaune sont connus de tous ceux qui ont fait le Sénégal. Il sont encore en circulation et datent des années 50. Pis, ils sont à l’origine de beaucoup d’accident de la circulation, au su et au vu des autorités. Et voilà ce que vient de singer la Guinée. Un pays averti…

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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