La fin d’un procès politique


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Le procès de Mohamed Khouna Ould Haidallah, accusé de tentative de coup d’Etat par le gouvernement mauritanien, s’est achevé ce dimanche 29 décembre. Cinq ans de prison avec sursis, cinq ans de privation de ses droits civiques et civils et une amende de 400 000 ouguiyas. C’est le verdict du procès de l’ancien Président et principal challenger du général Taya, aux dernières élections présidentielles. Une sentence qui, selon les avocats de la défense, consacre le caractère politique de ce procès.

Cinq ans de prison avec sursis, cinq ans de privation de ses droits civiques et civils et une amende de 400 000 ouguiyas, soit environ 1 250 euros. C’est la peine dont a écopé Mohamed Khouna Ould Haidallah, principal challenger du Président mauritanien, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, aux dernières élections présidentielles. Le verdict rendu par la cour criminelle de Nouakchott, ce dimanche, a été qualifié d’ « injuste », selon l’AFP, par l’ancien Président mauritanien. Une peine identique a été requise pour son fils, Sidi Mohamed et trois co-détenus, à savoir son porte-parole, Ely Ould Sneiba, son directeur de campagne, Ismaël Ould Amar, et l’un de ses conseillers, Devally Ould Cheïne. Le parquet général avait requis une peine de 10 à 20 ans de travaux forcés contre l’opposant et ses 14 co-accusés dont beaucoup ont été acquittés.

Mohamed Khouna Ould Haidallah avait été arrêté la veille des élections présidentielles, le 6 novembre, puis relâché pour accomplir son devoir civique. Sa détention aurait pu entraver le bon déroulement du processus électoral. Au lendemain de la proclamation des résultats – 18%, pour lui, contre 67% pour le Président sortant – il est de nouveau incarcéré pour tentative de coup d’Etat ainsi que plusieurs membres de son staff de campagne. La justice mauritanienne lui reprochera également d’avoir bénéficié de l’aide libyenne, soit près d’un million de dollars, pour financer sa campagne. La défense de l’ancien Président était assurée par un collectif de 57 avocats originaires de la Mauritanie, du Sénégal et du Mali.

« Une justice de Salomon »

« C’est un verdict mitigé, la solution du juge a été de donner satisfaction à toutes les parties en présence. La gravité des chefs d’accusation (tentative de renversement d’un régime constitutionnel et collusion avec une puissance étrangère portant préjudice aux intérêts de la Mauritanie, ndlr) portés contre M. Ould Haidallah exigeait une peine ferme et excluait toute possibilité de sursis. Le juge s’est contenté de rendre une justice de Salomon.[…] Le verdict démontre également que nous avons réussi à peser de tout notre poids dans la balance puisqu’il a tenu compte des rapports de force entre l’accusation et la défense. C’est une victoire du droit contre l’arbitrage et c’est une victoire du barreau africain », affirme Maître Boukounta Diallo, avocat au barreau de Dakar (Sénégal), président du collectif des avocats étrangers.

Même son de cloche chez sa consoeur Maître Aissata Tall Sall. « Nous avons toujours pensé que ce procès était un procès politique et ce verdict en est la confirmation puisqu’il est privatif de liberté politique. M. Ould Haidallah est aujourd’hui dans l’incapacité de poursuivre ses activités politiques », constate-elle. L’avocate sénégalaise a également confirmé le pourvoi en cassation de son client et a indiqué qu’une procédure de contestation des résultats des dernières élections présidentielles serait lancée. Une démarche qui n’avait pu être entamée, dans les délais impartis, par Mohamed Khouna Ould Haidallah retenu en prison. Au total, c’est un procès vide, pendant lequel la culpabilité de l’opposant mauritanien n’a pu être, à aucun moment, prouvée, qui vient de prendre fin. Il est aujourd’hui certain que le retour en politique de M. Ould Haidallah, chef d’Etat de 1980 à 1984, en août dernier, a fait vacillé l’Exécutif mauritanien. Un pouvoir qui se sera servi, depuis le 1er décembre, de la justice pour neutraliser temporairement l’adversaire.

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