Kinshasa : l’opposant Shadary arrêté à son domicile


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L’opposant congolais Emmanuel Ramazani Shadary a été arrêté à son domicile de Kinshasa lors d’une opération nocturne menée par des hommes armés, selon son entourage. Cette interpellation, jugée illégale par le PPRD, intervient dans un climat politique explosif, quelques jours après la condamnation de l’ancien président Joseph Kabila.

La République démocratique du Congo (RDC) a connu un nouveau développement politique majeur et tendu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2025. Emmanuel Ramazani Shadary, haut cadre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de l’ancien Président Joseph Kabila et ancien candidat à la présidentielle de 2018, a été interpellé à son domicile de Kinshasa par une quarantaine d’hommes armés. Cette arrestation spectaculaire survient dans un contexte politique déjà électrique, quelques jours seulement après la condamnation de Joseph Kabila par la Haute Cour militaire.

Une arrestation musclée sans mandat

Selon le témoignage de son épouse, Wivine Paipo Ngweli, ancienne députée du PPRD, l’opération a eu lieu vers 3h40 du matin dans leur résidence du quartier de la Gombe. Une quarantaine d’hommes, incluant des éléments de la Garde républicaine et des agents en civil, sont arrivés à bord de plusieurs jeeps et d’un bus. Des agents armés et cagoulés ont fait irruption dans la chambre du fils du couple avant d’atteindre Emmanuel Ramazani Shadary.

Madame Shadary a affirmé que les agents ne disposaient d’aucun mandat ou convocation pour justifier leur intervention et n’ont pas précisé la destination de son mari, malgré son état de santé nécessitant des médicaments. Outre l’opposant, son chauffeur, une employée de maison et trois policiers affectés à sa sécurité ont également été emmenés. Jusqu’en milieu de matinée, sa famille disait ignorer le lieu de sa détention.

L’ombre de la condamnation de Kabila

L’interpellation d’Emmanuel Ramazani Shadary s’inscrit dans une période de forte tension entre le pouvoir actuel et le camp Kabila. Elle survient peu après la condamnation à mort de l’ancien Président Joseph Kabila, une décision qu’Emmanuel Shadary avait vertement critiquée.

Dans une récente interview, le secrétaire permanent du PPRD avait qualifié ce procès d’« inopportun » et susceptible de « diviser davantage les Congolais ». Il avait accusé les autorités de chercher à détourner l’attention des problèmes sécuritaires persistants dans l’Est du pays et des revers diplomatiques, notamment concernant les accords de Washington et de Doha.

Soupçons et réactions du PPRD

Il est à noter que l’ancien candidat à la présidentielle était déjà dans le viseur de la justice militaire. En mars dernier, il avait été interdit de quitter le territoire national, soupçonné par les autorités de complicité avec le groupe rebelle AFC/M23.

Réagissant à cette arrestation nocturne, le vice-président du PPRD, Aubin Minaku, a fermement condamné des méthodes qu’il juge « inquiétantes » et qui « fragilisent la cohésion nationale ». Il a également mentionné qu’une perquisition nocturne avait eu lieu simultanément au siège du Front commun pour le Congo (FCC), la coalition autour de Joseph Kabila, et a exigé la libération immédiate de son collègue.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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