La fête ou la guerre en France


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Les feux de la révolte, peinture sur toile Mustapha Saha
Les feux de la révolte, peinture sur toile Mustapha Saha

Paris. Ce samedi 15 juillet 2023 s’enténèbre comme une journée de deuil. L’ombre de Nahel plane comme une nuée noire. La commémoration du 14 juillet prend l’allure d’une dissolution policière.

Gendarmes et policiers occupent massivement le terrain, 3 000 en janvier, 12 000 en mai, 45 000 en juin, 130 000 en juillet 2023. Les policiers dégainent sans préavis.

Les injures racistes, les insultes sexistes, les fouilles corporelles, les passages à tabac se terminent en gardes à vue. Les tribunaux entérinent. Des véhicules blindés, des hélicoptères, des drones, des unités d’élite, des barrages quadrillent le territoire. Des transports en commun mis à l’arrêt le soir. Des consignes d’interpellation immédiate. Un décret interdit « la vente, le port, le transport et l’utilisation d’articles pyrotechniques et artifices de divertissement ». Une émeute imprévisible est passée comme une bourrasque. « Le peuple au plus ardent de sa colère est pareil à un feu trop vif pour être éteint » (Euripide, Oreste, 408 avant l’ère chrétienne, traduction française, éditions Les Belles Lettres, 2003).

La crise des banlieues est ancienne, profonde, durable. En 1975, le ministère de l’urbanisme et du logement me commande une étude sur le devenir des grands ensembles. Les zones à urbaniser en priorité (ZUP), comme leur nom l’indique, sont conçues comme une réponse impérative à la résorption des bidonvilles, au rapatriement des colons après les indépendances africaines et maghrébines, à la restructuration des grandes villes. Une réponse technocratique, hâtive, lourde de conséquences néfastes.

Je préconise de raser les barres et les tours avant qu’ils ne se transforment en ghettos irrécupérables. Mon étude est engouffrée au fond d’un placard. Le gouvernement, après chaque flambée de violence, sollicite les acteurs associatifs, les animateurs culturels, les travailleurs sociaux, les éducateurs de rue pour éteindre le feu. Le même scénario se répète depuis des décennies. J’ai vécu à la présidence de la République, du côté du manche, des réunions formelles, protocolaires, laissées sans suite avec des représentants des banlieues patronnés par des célébrités intellectuelles, des stars sportives. Les politiques de la ville, toutes vouées à l’échec, se distinguent par leur indigence imaginative, créative, novatrice. Les enfants des cités sont préjugément vus comme des sauvageons, selon le qualificatif de l’ancien ministre de l’intérieur socialiste, Jean-Pierre Chevènement, des rejetons de terrains vagues, sans éducation, sans foi ni loi. Les sauvageons, étymologiquement, des jeunes arbres poussés sans avoir été cultivés. « Mais en quoi cette verdure consiste-t-elle ? En quelques saules chétifs, en quelques sillons d’orge et d’avoine qui croissent péniblement et mûrissent tard, en quelques arbres sauvageons qui portent des fruits âpres et amers » (François-René Chateaubriand, Voyages en Amérique et en Italie, éditions L’Advocat, 1827).

Les jeunes zonards développent une psychopathologie sociale singulière. Leur hypersensibilité se concentre dans le regard. Ils voient tout. Rien n’échappe à leur acuité visuelle. Ils sont experts des smartphones, des tablettes tactiles, des ordinateurs portables. Leur culture est exclusivement iconographique et musicale. Nul hasard s’ils sont attirés par les feux d’artifices. Ils sont allergiques aux admonestations, aux injonctions, aux sommations. Ils n’écoutent pas les professeurs, les moralisateurs, les bonimenteurs. Leurs casques sont branchés sur le hip-hop, la breakdance, le maghrap. Le rap, expression artistique du malaise social spatialisé. La marchandisation le convertit en musique urbaine. Le marketing le transforme en affaire juteuse. Les Victoires de la musique l’institutionnalisent dans la Catégorie Titre le plus streamé de l’année. L’anglicisme procure un vernis d’authenticité. La Commission d’enrichissement de la langue française définit le streamer comme « un joueur qui retransmet et commente sa propre partie de jeux vidéo sur la toile tout en interagissant avec ses spectateurs ». Définition incomplète. La diffusion en ligne, en continu, concerne aussi la musique, le cinéma, le sport. Le streaming est aussi l’espace internétique où des connectés verbalisent, discutent entre eux, de tout et de rien. L’imaginaire des banlieusards se sature de streamings. Le react, phénomène complémentaire, consiste à se filmer pendant le visionnage d’un documentaire, d’un clip de musique, d’une bande d’annonce de film. Le nombrilisme se cultive dans l’isolement. L’atomisation sociétale livre les individus sans défense au consumérisme. Les marginaux réfractaires se récupèrent sur les marges, par l’attraction des nouvelles technologies.

Weekend du 1er et 2 juillet 2023. Le média Yard organise le premier festival Yardland des musiques hip-hop, présenté comme une vitrine de la nouvelle culture populaire. Les banlieusards entrent dans le show-business par les portes latérales. Le nouveau se suspecte toujours de recycler une insignifiante vieillerie. L’ambivalence sémantique du mot populaire s’exploite dans deux sens, comme langage du peuple et comme représentation des indésirables. Le peuple des banlieues est immanquablement perçu comme une plèbe. « Dans le monde du spectacle, les producteurs bourgeois feignent de traiter les rappeurs comme leurs propres enfants. Ils les reprennent. Ils les avertissent. Ils les secourent. Ils considèrent qu’ils sont incapables de prendre eux-mêmes en main leurs destinées. Quand ils les punissent, ils les punissent comme leurs propres enfants, pour leur bien » (Paraphrastique des Chiens de garde de Paul Nizan, 1932, éditions François Maspero, 1960). La démarche n’est pas inédite. La scène parisienne se glorifie, depuis les temps bénis des colonies, d’être un creuset des musiques ethniques.

Les formations musicales nées dans les banlieues se comptent par centaines. Quelques repères contemporains. Le groupe Carte de séjour, créé en 1980 à Rillieux-la-Pape dans la périphérie lyonnaise, fusionne le rock et le raï. Il devient porte-drapeau de la Marche pour l’égalité de 1983. En 1986, il reprend avec beaucoup de succès la chanson Douce France de Charles Trenet. En réécoutant la ballade dans le contexte actuel, une carte postale surannée d’une France archaïque, patriotique, paternaliste, je mesure l’ironie de la reprise mêlant punk rock et mélodisme arabe. L’association mitterrandienne Toute pas à mon pote, noyauteuse des potentialités subversives des banlieues, a surexploité son impact idéologique. Dans les années quatre-vingt dix, le groupe toulousain Zebda laisse deux albums marquants, Le bruit et l’odeur et Essence ordinaire. L’auteur-compositeur-chanteur Amazigh Kateb, fils de l’écrivain Kateb Yacine, est l’animateur du groupe grenoblois Gnaoua Diffusion, de 1992 à 2007. Panaché de gnawi, chaâbi, raï, rock, hip-hop, reggae, raga, électro. L’Orchestre national de Barbès, créé en 1995, s’affuble d’un slogan sarcastique : « Avant ils avaient du pétrole, maintenant ils ont des idées ». Le 113 se crée à Vitry-sur-Marne en 1994. Leur album de 1998 est explicite, Ni barreaux, ni barrières, ni frontières. Les jeunes banlieusards se rabattent sur le sport et la musique pour sortir de la misère. Inutile de s’attarder avec eux sur des théories révolutionnaires.

Fait notable, les groupes musicaux des banlieues sont généralement multi-ethniques. La world music s’accueille affinitairement. Dans les années quatre-vingts, des chanteurs connus, Paul Simon, Peter Gabriel, Sting, initient l’hybridation musicale. Le jazz et la musique marocaine des gnaouas, partagent la même ancestralité. La ferveur spirituelle s’exprime dans la transe, la danse de possession. Le jazzman Randy Weston (1926-2018) séjourne à Tanger dès les années soixante. Il rencontre le grand maâlam Abdellah Boulkhair El Gourd avec lequel il crée l’African Rythm Quintet. Albums cultes, Tanjah, Casbah Kids, Sahel, A Night Medina, Marrakech Blues. Depuis 1998, le Festival Gnaoua et Musique du monde d’Essaouira aimante les synergies musicales. Les américains Pat Metheny, Marcus Miller, Wayne Shorter, Jamaaladeen Tacuma, Don Cherry, Archie Shepp, Pharoah Sanders l’italien Paolo Fresu, l’allemand Joachim Kühn, le cubain Omar Sosa croisent leur virtuosité avec les maâlems marocains.

tag justice pour Nahel
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Les falsifications politiques et médiatiques font disparaître les faits réels. Une semaine après l’assassinat de Nahel, il n’est question que des feux d’artifice, érigés par un tour de passe-passe en sujet central. Les incendies, les déprédations déferlent sur les écrans dans une avalanche kaléidoscopique vertigineuse. Aucune caméra ne saisit l’envers du décor. Des milliers d’adolescents traqués, attrapés, embarqués comme des apaches. Dans les brasiers brûlent les réformes urbaines, les impasses intégratives, les aberrations inclusives. Les images par elles-mêmes sont des violences. Elles sont volcaniques. Elles captent l’attention. Elles capturent la compréhension. Elles abolissent les faits, les méfaits, les forfaits. La peur s’injecte à fortes doses. Les gendarmes jouent leur rôle comme au cinéma. Les voleurs défilent comme des ectoplasmes, des épouvantails, des lycanthropes. La narration se disproportionne. L’émeute se parodie. La réalité fragmentée s’autonomise, recompose sa théâtralité.

La mémoire collective doit retenir un seul mot-clé, l’émeute. L’histoire étymologique est rocambolesque. Le terme émeute vient du verbe latin moverer, mouvoir, à l’origine également d’émouvoir. L’émotion est définie au XVème siècle comme un trouble moral. Le participe passé de moverer est motus, transformé en movitus, à l’origine de meute, chiens dressés pour la chasse. L’adjectif mutin, signifiant révolté, dérive de meute. Le mot émeute, avec la graphie esmote, prend les sens d’explosion au XIIème siècle. En 1326, émeute désigne une manifestation, un soulèvement populaire. Mais, ce n’est qu’au dix-neuvième siècle, en 1834, que le dérivé émeutier émerge dans les textes. Le mot moment, très petit espace de temps, descend aussi, par des chemins de traverse, de moverer. En résumé, l’émeute est un mouvement explosif qui provoque une forte émotion. D’autres déclinaisons encore, motif, dans le sens raison d’agir, motiver, justifier par des motifs, motivation, motor, à l’origine de moteur, qui cause le mouvement. Il existait aussi, dans le moyen français, deux mots originaux qui ont disparu, mouveur, qui impulse l’action, et mouveresse, instigatrice.

En Seine-Saint-Denis, dans la commune du Blanc-Mesnil, 58 000 habitants, le tiers de la population survit en dessous du seuil de pauvreté. Le maire décrète une punition collective en annulant le feu d’artifice du 14 juillet et le Beach Mesnil, plage estivale dans le parc municipal. Nanterre, épicentre des révoltes consécutives à l’assassinat de Nahel, renonce également aux festivités rituelles. Recommandation litotique des préfectures : « éviter les feux d’artifices en raison des risques d’incendie qui mobilisent fortement les pompiers ». Le ministère de l’intérieur donne ouvertement ses directives : « Sécurité maximale, grande fermeté et consignes d’interpellations systématiques ». Le discours entretient la confusion entre crainte d’incendies et peur d’émeutes, entre calamité naturelle et rébellion collective. La mairie de Mitry-Mory en Seine-et-Marne justifie l’annulation du feu d’artifice par « le site trop exposé aux risques, situé sur la montagne de Chelles entourée de zones boisées ». La municipalité de Strasbourg « annule son traditionnel feu d’artifice en raison du risque élevé de feu de forêt et de l’indisponibilité des services d’incendie et de secours ». La machine étatique se détraque de toutes parts. La révolte des banlieues, une malédiction. Ses acteurs sont voués à la damnation. Feu vert aux exactions policières. La répression fabrique les ennemis intérieurs, les émeutiers.

Les curseurs technocratiques convergent vers le feu d’artifice. Le jeudi 13 juillet 2923, le Conseil d’Etat valide l’interdiction à la vente des gadgets préférés des banlieues, les chandelles romaines, les mortiers d’artifice, parce qu’ils peuvent « être détournés et utilisés contre les forces de l’ordre », en attendant de proscrire, pour les mêmes raisons, les paillettes, les serinettes, les origamis, les boîtes araignées, les jeux de fléchettes, les poulets frondeurs, les serpents simulateurs. Les cierges magiques, les claque-doigts, les décorations pâtissières échappent de justesse à la prohibition parce qu’ils présentent « un risque faible et ne semblent pas de nature à causer des troubles graves à l’ordre public. De plus, l’instruction n’a pas permis de démontrer qu’ils aient été utilisés pour commettre des violences lors des récentes émeutes ».

Sur la chaîne privée Cnews, le directeur général de la gendarmerie déclare froidement que les feux d’artifice sont plus dangereux que le grenades de la police : « Les effets des mortiers d’artifice sont très supérieurs aux effets de nos grenades ». Ainsi les gerbes d’étincelles crépitantes seraient plus létales que des armes conçues pour écharper, mutiler, blesser gravement. Les projectiles utilisés par la police sont, entre autres, les grenades modulaires lacrymogènes GM2L, capables d’arracher une main, contenant quarante-huit grammes d’hexocire, mélange de cyclonite (RDX) et de cire, 1,6 fois plus puissant que le trinitrotoluène (TNT). Ces grenades provoquent des cratères dans le sol. Les grenades de désencerclement sont inspirées par les grenades militaires à fragmentation. Les grenades assourdissantes peuvent briser des vertèbres et des tympans. Le mensonge institutionnel recourt aux pires techniques de la désinformation. Il brouille les pistes. Le discours officiel assène, les médias ressassent : la faute des émeutes revient aux feux d’artifices. A l’autre bout, la violence apparaît aux yeux des jeunes banlieusards comme l’unique moyen de se faire entendre. Ils passent de la rebuffade individuelle à la fureur groupale. Violence contre violence. La violence pour casser un processus invariable, inévitable, perpétuable automatiquement. S’amalgament dans la sédition l’énergie vitale, la révolte et la créativité.

L’appareil étatique est uniquement utilisé comme une machine répressive. Des sociologues classiques se résignent à cet état de fait. Max Weber (1864-1920) : le pouvoir étatique est un rapport de domination de l’homme sur l’homme fondé sur une violence légitimée par les lois. Charles Wright Mills (19016-1962) : Toute politique est une lutte pour le pouvoir. Or, le pouvoir, sous la forme ultime, c’est la violence. Les élites, les technocrates forment un groupe fermé circulant entre trois secteurs principaux du pouvoir politique, économique, militaire. Le pouvoir s’assimile, de ce fait, à l’organisation de la violence. Karl Marx précise : la mécanique étatique est un instrument d’oppression entre les mains de la classe dominante. La bureaucratie incarne la raison étatique. Elle exécute la volonté politique avec une efficacité terrible. La police éradique. La révolte des banlieues, pour contrecarrer la surveillance, le contrôle, l’ostracisme, le bannissement, l’étouffement, ne peut être que chaotique. La force de l’insurrection réside dans la libération spontanée d’une énergie sociale ingérable.

Aux commencements, les feux d’artifice auraient été, en Chine, des roquettes enflammées, lancées avec des tubes de bambou pour semer la terreur chez les adversaires. L’invention du dixième siècle est attribuée au moine Li Tian, résident de la ville Liuyang dans la province du Hunan. Il aurait créé des bombes artificielles, avec du charbon de bois, du salpêtre et du souffre, pour éloigner les mauvais esprits. Cet usage talismanique est sans doute dans la tête des jeunes banlieusards. Les flammes remarquables éloigneraient les puissances nuisibles. Au treizième siècle, le chimiste arabe Najm Al-Din Hassan Al-Rammah, mort vers 1295, fabrique des substances explosives à partir de recettes chinoises. Il consigne les formules dans son ouvrage De la cavalerie militaire et d’ingénieux dispositifs de guerre (Kitab Al-Fouroussiya wa Al-Manassib Al-Harbiya), 1280, Publications de l’Université d’Alep, 1998). Il invente des mèches d’allumage et des briquets, des torpillent qui explosent au contact des navires ciblés, des habits anti-feux. Les feux d’artifice prennent la route de la soie, rejoignent les terres italiennes auréolées de festive réputation, acquièrent la dignité de bel art, se parent d’étincelles d’or et d’argent. A la cour royale française, les artificiers travaillent de concert avec les artistes peintres et les architectes. La poudre noire est étudiée par l’alchimiste et philosophe anglais Roger Bacon. La même poudre est indifféremment utilisée dans les fêtes et les guerres. L’ingénieur anglais Francis Malthus, dit François de Malthe, Commissaire général des Feux et Artifices sous Louis XIII, publie, en 1650, Pratique de la guerre. Contenant l’usage de l’artillerie, bombes et mortiers, feux artificiels et pétards, sappes et mines, ponts et pontons, tranchées et travaux, avec l’ordre des assauts aux brèches. Le 18 juillet 1668, Louis XIV offre une fête, baptisée le grand divertissement royal de Versailles, pour célébrer la victoire sur l’Espagne, la paix d’Aix-la-Chapelle, le rattachement à la France de plusieurs villes flamandes, Lille, Dunkerque, Douai, la conquête de la France Comté. Se succèdent dans les jardins des collations, des bals, des festins. Molière adapte pour l’occasion, en y ajoutant des chansons pastorales de Jean-Baptiste Lully, sa vieille farce en prose, George Dandin ou le mari confondu, une comédie sur les infortunes d’un riche paysan trompé par sa femme. La soirée se termine par un fameux feu d’artifice. Ce n’est qu’en 1880, sous la Troisième République, que le 14 Juillet est choisi comme fête nationale en référence à la prise de la Bastille en 1789.

Le feu d’artifice est une poétique fulgurante, fascinante, psychédélique. La bombe est formée d’une charge de poudre, nommée La Chasse, d’un dispositif d’allumage, l’espolette, et de billes de poudre, les étoiles. Les différentes dispositions des étoiles autour de l’allumeur forment des pivoines, des palmiers, des saules pleureurs. La comète dessine une trace incandescente au long de sa trajectoire. La poudre noire, constituée de nitrate et de chlorate, libère de l’oxygène tandis que le composé réducteur, mélange de souffre, de carbone, de silicium, de magnésium, de titane sert de combustible. Les sels métalliques génèrent les couleurs, le violet du potassium, le bleu du cuivre, le vert du baryum, le jaune du sodium, l’orange du calcium, le rouge du strontium, le blanc du magnésium, l’argent du titane, auxquels s’adjoignent les scintillements de l’antimoine, les étincelles de l’aluminium, les fumées du zinc. L’esthétique pyrotechnique n’est pas inoffensive. Les métalloïdes libèrent des particules fines hautement toxiques. Leur inhalation peut augmenter les risques d’asthme. Le mercure et le plomb présents dans certains pétards sont de véritables poisons. Les adolescents qui les manipulent fréquemment jouent avec leur santé. Toujours est-il que les feux d’artifice sont désormais, symboliquement, sémiotiquement, indissociables des révoltes de banlieues.

Mustapha Saha : sociologue, écrivain, artiste peintre, cofondateur du Mouvement du 22 Mars et figure nanterroise de Mai 68. Sociologue-conseiller au Palais de l’Elysée pendant la présidence de François Hollande. Livres récents : Haïm Zafrani Penseur de la diversité (éditions Hémisphères/éditions Maisonneuve & Larose, Paris), « Le Calligraphe des sables » (éditions Orion, Casablanca).

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Mustapha Saha, sociologue, écrivain, artiste peintre, cofondateur du Mouvement du 22 Mars et figure nanterroise de Mai 68. Sociologue-conseiller au Palais de l’Elysée pendant la présidence de François Hollande. Livres récents : Haïm Zafrani Penseur de la diversité (éditions Hémisphères/éditions Maisonneuve & Larose, Paris), « Le Calligraphe des sables » (éditions Orion, Casablanca).
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