La femme, socle de la société camerounaise


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La célébration de la 26e édition de la Journée internationale de la femme (JIF) ce 8 mars est l’occasion de se demander quelle est la place de la gent féminine dans la société camerounaise.

De notre correspondante

Au Cameroun, la Journée internationale de la femme (JIF) s’étend sur toute une semaine ! Foires gastronomiques, expositions d’œuvres d’art, littéraires ou académiques réalisées par des femmes, débats, activités socioculturelles et sportives, charité à l’endroit des orphelins, apprentissages de toutes sortes… Bref, tout est mis en œuvre pour célébrer le génie créateur de ces dames. Une fête qui occasionne beaucoup de manifestations, de dépenses et quelquefois des débordements. Mais au cours des ans, la célébration de cette journée et son approche ont positivement évolué. On fête désormais utile pour la grande majorité, même s’il existe toujours quelques résistances à l’évolution.

Jamais sans mon pagne ?

La JIF au Cameroun, coïncide avec la sortie du « pagne du 8 mars », qui lui est spécialement dédiée. Depuis quelques années son succès s’étend même auprès des femmes gabonaises, équato-guinéennes et tchadiennes, entre autres. Il a donc traversé les frontières, alors même qu’il commence à perdre de sa superbe auprès des Camerounaises. Cependant, des mesures existent pour assurer sa préservation. Il est acheté et redistribué aux hommes et femmes dans les administrations publiques et privées, et au sein des familles par les époux qui l’offrent à leur dulcinée. Cette année, le « pagne du 8 mars » a deux couleurs : le rouge-bordeaux et le vert. Le rouge-bordeaux semble avoir plus de succès que le vert aussi bien auprès des hommes que des femmes.
 
Pendant de longues années, le pagne a été à l’origine de divorces, bagarres et autres violences dans de nombreuses familles. Certaines femmes tenaient à avoir leur pagne par tous les moyens. Et la fête pour celles-là se limitait souvent aux excès de boisson et de nourriture. On les retrouvait dansant dans la rue après avoir beaucoup bu. Des excès peu honorables pour la gent féminine, qui sont de moins en moins fréquents.

Une femme solide et débrouillarde

Aujourd’hui les femmes camerounaises, qui au fil du temps ont bousculé de nombreux tabous, semblent plus conscientes de la place prépondérantes qu’elles occupent dans la société et essaient de se mettre en valeur. « La femme camerounaise aide à subvenir aux besoins de la famille, à faire des économies dans la famille », explique Annabelle, vendeuse de beignets à Yaoundé. « Elle peut aider l’homme à payer le loyer, l’eau ou l’électricité. En se soutenant, l’homme et la femme peuvent facilement venir à bout des difficultés de la vie. », estime-elle. Une idée partagée par de nombreuses femmes et même par des hommes qui pensent qu’il faut magnifier la femme camerounaise, parce qu’elle est le socle de la société traditionnelle et moderne.

Beaucoup d’entre elles sont à la tête d’une affaire. Ainsi, on les retrouve nombreuses dans une nouvelle activité économique qui a vu le jour il y a quelques années seulement: le « call-box ». Il s’agit des points de téléphonie mobile en plein air qui permettent d’avoir des communications à la minute et « à bon prix ». Les gérantes de ces points phones sont appelées les « Call-boxeuses ». Ces femmes dynamiques et téméraires sont pour la plupart des mères de familles. Avec leurs revenus, elles entretiennent toute la famille. Il en est de même des vendeuses de beignets, d’arachides, ou des revendeuses appelées « bayam sellam ». Elles contribuent toute au bien-être de la famille dont elles sont le socle.

 
Des responsabilités de plus en plus élevées

Depuis quelques années, la femme camerounaise est portée au devant de la scène. Même si elles demeurent peu nombreuses, des avancées significatives sont perceptibles. Elles sont chefs de grandes entreprises, à l’exemple de Françoise Foning, la présidente des femmes d’affaires du Cameroun. Elles occupent des postes à responsabilités dans le gouvernement et à tous les niveaux de la société. C’est le cas de madame Marie-Thérèse Obama Ondoua, ministre de la promotion de la Femme et de la Famille, d’Ama Tutu Muna, ministre de la Culture, de Madeleine Tchuinte, ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation, de Catherine Bakang Mbock, ministre des Affaires sociales, ou encore du professeur Rose Leke et de Minette Libong, la directrice des douanes. Elles sont députés, maires, et occupent désormais des emplois autrefois dévolus aux hommes tels que ceux de chauffeur de taxi, de bus, et pompiste… Notons cependant que des femmes avaient occupé des postes à responsabilité quelques années seulement après l’indépendance. Ce fut le cas de Delphine Tsanga, Elisabeth Tankeu ou encore Dorothy Njeuma…
 
Ce dynamisme de la femme camerounaise galvanise les plus jeunes et fait déjà penser à la possibilité pour une femme d’occuper le poste de présidente au Cameroun. Edith Kah Walla, ex-militante du Social democratic Front (SDF), parti d’opposition, s’est ainsi déclarée candidate à l’élection présidentielle 2011 au Cameroun.
 
Cependant, certaines pratiques discriminatoires existent et empêchent un réel épanouissement de la femme. Les charges familiales et la pression quotidienne limitent également ses capacités d’ ascension sociale. Mais elles ne baissent pas les bras et se battent pour se faire une place au soleil.

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