La faillite de la Centrafrique


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Les médias ont cessé d’en parler. Pourtant, la situation politique, économique et humanitaire de la Centrafrique est des plus catastrophiques.

Pendant que les caméras occidentales sont braquées au nord du continent africain, la République de la Centrafrique continue de s’engouffrer, dans l’indifférence. Certains parlent même d’un pays en plein suicide.

Les institutions de l’Etat sont à l’arrêt : les fonctionnaires n’ont toujours pas repris le travail, faute de salaires non versés, et les grilles des écoles, hormis le privé, sont toujours fermées. Cerise sur le gâteau, le pays est suspendu des instances de l’Union africaine (UA). La situation économique est dramatique. Côté humanitaire, les populations ont le sentiment d’avoir été abandonnées. Le pays est classé 180e sur 187 pays dans l’Indice de développement humain (IDH), dans le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud). Il figure sur la deuxième marche du podium des pays à l’espérance de vie la plus faible : 49 ans.

Il subsiste une insécurité alimentaire. Quant aux déplacés, ils sont au nombre de 206 000 à l’intérieur du pays, selon le Haut-commissariat aux réfugiés. Human Rights Watch, Médecins sans frontières et d’autres organisations s’inquiètent de la situation alarmante du pays. Une aide de 7 millions d’euros a été promise en juin par l’Onu et une rallonge de 8 millions promise en juillet par l’Union européenne. En attendant le déblocage de ces aides, rien ne permet de garantir la sécurité alimentaire dans le pays, d’autant plus qu’il traverse une période de sécheresse qui empêche le bon déroulement des récoltes.

Viol, massacre et pillage incessants

À Bangui, les agressions, les tueries et les viols sont toujours de mise. Et les pilleurs ne sont pas les seuls à causer du mouron aux habitants. La Séléka mais aussi des militaires, dont des Tchadiens et des Soudanais, s’y sont mis depuis la prise de Bangui, malgré le sursaut du Président par intérim centrafricain, l’ex-rebelle de la Séléka, Michel Djotodia, en juin dernier. Ils agissent dans l’impunité la plus totale. Cela s’explique par le fait que la Séléka, qui a fait tomber le Président François Bozizé le 22 mars dernier, est divisée en plusieurs factions. Elles se composent de cinq groupes armés, selon Rue89 qui a recueilli le témoignage d’une habitante de Bangui réfugiée en France. « La pagaille est telle que certains évoquent la nécessité de pourparlers « inter-Seleka » ».

La France, ancien colon de la Centrafrique, supervise de loin les évènements, sans tenter d’aider à résoudre la crise. Probablement, en raison du scandale des diamants offerts par l’empereur Bokassa à Giscard D’estaing. En s’effaçant de la crise centrafricaine tout en assurant la protection de ses ressortissants, la France n’a pas l’intention de raviver l’une des pires pratiques de la « Françafrique ».

Des élections doivent en principe avoir lieu en 2016. En principe, car dans la pratique, tout porte à croire que rien ne se déroulera comme prévu. Le pays parviendra-t-il à se relever avant qu’il ne soit trop tard ?

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