La dynastie wade est en marche


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Karim Wade
Karim Wade

Le fils du président sénégalais, Karim Wade, nommé président du mouvement « La génération du concret » a été mis sur rampe de lancement.

Ignacio Manga pour Bakchich

Zéro complexe pour Abdoulaye Wade, le bon président sénégalais, qui a rendu visite à l’immense chef de l’État français Nicolas Sarkozy, le 11 juin dernier à l’Élysée. La vague bleue sénégalaise est plus grosse que la Française. Présidentielles, élu au premier tour avec 54 % des voix et 70 % de participation. Législatives, 30 % de participation maximum certes, mais 100 % des députés issus de la majorité présidentielle.

Grand chelem pour Gorgui « le vieux » ! Et même niveau filiation, Papa Wade peut la ramener, tant son fils Karim semble en avance sur les rejetons Sarkozy, Louis, Pierre ou Jean.

Déjà grand manitou des pharaoniques chantiers de Dakar, ordonnateur de la construction du nouvel aéroport Blaise Diagne, GO de l’organisation de la conférence islamique, Mister K. a même créé son propre mouvement. Un petit récépissé du ministère de l’Intérieur sénégalais, daté du 30 novembre 2006 et tombé sous les yeux de Bakchich en atteste. Dans un style tout administratif, le petit bout de papier acte la naissance de « la génération du concret ». Et ô surprise, bien des noms de l’agence nationale de l’organisation de la conférence islamique (Anoci), que Karim préside, figurent dans le document. Le bon coursier qui a déposé les statuts n’est autre que Thierno Diallo, chargé de mission auprès du directeur exécutif de l’Anoci, Abdoulaye Baldé. Les deux compères ont ainsi glané leur titre de membres fondateurs de la « génération du concret », tout comme Cheikh Diallo, l’un des conseillers en communication de l’agence.

Et à tout seigneur, tout honneur, Karim s’est vu propulser très officiellement président de ce mouvement « apolitique ». Si, si, a-po-li-ti-que, le terme est inscrit noir sur blanc. Quant aux malandrins qui y verraient un tremplin de l’ambition politique de Monsieur fils, le clan présidentiel a une réponse toute trouvée : « Si Karim voulait faire de la politique, il n’aurait qu’à se baisser pour ramasser le Parti démocratique sénégalais (parti présidentiel où il est encarté) ». Dont acte… La génération du concret, selon Cheikh Diallo, nourrit d’autres ambitions, « c’est un militantisme de projet ». Une sorte de tontine géante qui vise à accompagner des milliers de citoyens dans la réalisation de leurs ambitions. Et pour se faire, une recette Royal a été mise en place, une démocratie participative à la Sénégalaise. Depuis des mois, « la génération du concret va à la rencontre des Sénégalais, leur demande ce qu’ils attendent, de quelle aide ils ont besoin ». Le mouvement, à en croire ses chantres, rencontre un franc succès.

Des centaines d’associations ont déjà adhéré, des dizaines de projets « accompagnés », pour un total de 100 000 membres recensés. Bref une force de frappe qui n’est pas sans aiguisé des appétits. « Bien sûr que certains viennent vers nous parce qu’ils pensent qu’ils ont un intérêt à se mettre dans le sillage de Karim », susurre un proche. D’autant que l’action de la génération du concret ne s’écarte pas d’un iota de la vision présidentielle. Et reproduit le schéma déjà mis en place dans le cadre des grand travaux.

Inspirateur, Wade père, réalisateur Wade fils et, petite nouveauté, metteur en scène Cheikh Diallo, qui a fait accoucher Karim du slogan « génération du concret » à l’été 2006. Mais, précise-t-on dans ce petit cénacle, « le mouvement prendra son véritable envol à mesure que les grands chantiers s’achèveront. » Quitte à se froisser avec un pan du PDS, qui vit l’action du fils au choix comme un affront ou une démonstration de leur incompétence.

D’aucuns, à la vue du mouvement de Karim, se remémorent les débuts politiques d’Abdoulaye Wade. En 1974, Gorgui lança les fonds baptismaux du PDS en avançant masqué face au poète-président Senghor. Son mouvement se voulait un simple « parti de contribution », et non d’opposition. Bon sang ne saurait mentir.

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