La Côte d’Ivoire branche le Mali


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La Côte d’Ivoire et le Mali ont signé jeudi un accord d’interconnexion électrique qui permettra au premier d’alimenter le second. L’une des dernières étapes avant la réalisation d’un réseau électrique reliant toute la sous-région, explique à Afrik Valentin Kouané, le Directeur général de la Société d’opération ivoirienne d’électricité.

La Côte d’Ivoire pourra bientôt alimenter le Mali en énergie électrique. Le ministre ivoirien de l’Energie, Emmanuel Monnet, et son homologue malien, Hamed Diané Séméga, ont signé jeudi un accord d’interconnexion de leurs réseaux électriques. Le projet, qui ne sera pas lancé avant 2004, devra être réalisé avant 2007. Il prévoit le raccordement électrique de la ville ivoirienne de Ferkéssédougou à celle de Sikasso, au sud du Mali, par une ligne de 225 kV (kilovolts) et de 234 km de long. Ces travaux seront parmi les derniers avant l’interconnexion complète de la sous-région, explique à Afrik le Directeur général de la Société d’opération ivoirienne d’électricité (Sopie).

Afrik : Que représente la signature de l’accord d’interconnexion avec le Mali pour la Sopie ?

Kouané Valentin : C’est un accord important qui va permettre de désenclaver le Mali, notamment le sud, où se trouvent les mines d’or, du côté de Siama, et le coton, dans la région de Ségou et Koutiala. En effet, le réseau malien est concentré sur Bamako. Ce qui oblige les gens dans le sud à utiliser des groupes diesel, dont l’énergie coûte beaucoup trop cher.

Afrik : Quelle quantité d’énergie sera vendue au Mali ?

Kouané Valentin : Il est prévu que nous partions sur une base de 100 GWh (Giga Watts heure, ndlr). Puis, les évolutions se feront par rapport aux besoins de la zone cotonière.

Afrik : Pourquoi avoir attendu dix ans pour concrétiser ce projet ?

Kouané Valentin : Les premières discussions ont en effet commencé en octobre 1993. Puis la Côte d’Ivoire a connu toutes ces péripéties politiques… Un accord de cette nature n’est pas facile à mettre en place. L’année dernière, nous étions sur le point de le conclure mais les choses ont à nouveau été retardées. Mais l’accord signé jeudi montre la volonté de la Côte d’Ivoire de réaliser l’interconnexion entre tous les pays de la sous-région. En effet, ces pays sont classés dans deux zones. La zone A, où l’interconnexion est la plus avancée – on y compte la Côte d’Ivoire, le Ghana… – et la zone B, où l’interconnexion est moins importante – on y compte le Mali, le Sénégal ou encore la Mauritanie. Les deux principales interconnexions qui restent aujourd’hui à réaliser sont Côte d’Ivoire-Mali et Bénin-Nigeria.

Afrik : A combien s’élèvent les frais pour la réalisation de ces travaux ?

Kouané Valentin : Le total est de 42,8 milliards de FCFA. La Côte d’Ivoire devra débourser 11,2 milliards et le Mali 31,6. Le gros de l’investissement se fait au Mali car il faudra monter jusqu’à Koutiala et Ségou. Il faudra également créer des postes de transformation électrique au Mali, ce qui coûte cher.

Afrik : Reste aujourd’hui aux deux pays à trouver les fonds pour réaliser les travaux…

Kouané Valentin : De nombreux bailleurs de fond sont intéressés. La Banque mondiale, la Banque africaine de développement, qui depuis quatre ans a financé les études concernant le projet, se sont faîtes connaître. L’Agence française de développement et la Banque ouest africaine de développement ont également fait part de leur intérêt.

Afrik : La Côte d’Ivoire alimente déjà le Ghana et le Burkina Faso en électricité…

Kouané Valentin : Nous vendons beaucoup d’électricité au Ghana. L’an dernier, nous leur avons livré 1 500 GWh. L’équivalent de la production d’une de nos deux centrales d’Abidjan. Par contre, nous n’alimentons le Burkina qu’à hauteur de 20 GWh. L’interconnexion avec Bobo-Dioulasso a été achevée le 21 avril 2002 mais cette ville n’est pas encore raccordée à Bamako. Lorsqu’elle le sera, l’échange prendra de l’ampleur.

Afrik : Sait-on déjà quelle quantité d’énergie devra alors être vendue au Burkina ?

Kouané Valentin : La base est d’environ 100 GWh, avec un taux de croissance de 5% par an.

Afrik : La Côte d’Ivoire vend son énergie à la sous-région… Cela veut-il dire que le pays est autosuffisant ?

Kouané Valentin : La Côte d’Ivoire est plus qu’autosuffisante, grâce aux investissements que nous avons fait avant la guerre. Surtout, depuis 1994, nous avons mis en valeur les ressources pétrolières au large de la côte ivoirienne.

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