La chasse aux fous a commencé au Cameroun


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Drapeau du Cameroun
Drapeau du Cameroun

Au Cameroun, une association de guérisseurs traque les fous qui déambulent dans les rue des villages de Bafoussam, Koumba, Buea ou Bamenda. Ces tradipraticiens, médecins traditionnels, font sensation dans les villages.

A Bafoussam, il n’est pas rare de voir des hommes et des femmes déambuler nus dans la rue, parler à des êtres imaginaires ou dormir au milieu de la route. Mais depuis un mois et demi, ces fous sont traqués par les  » Wazkasta man  » et les  » docteurs  » de l’association des guérisseurs de fous. D’aucuns disent que ces guérisseurs sont capables de maîtriser les fous grâce à des écorces très particulières qu’ils possèderaient, d’autres racontent encore qu’ils hypnotisent les malades mentaux. Après un temps d’hésitation, les fous suivent pacifiquement leurs nouveaux maîtres, jusqu’à la case où ces guérisseurs prétendent les soigner.

Déjà trente-quatre fous vivent dans cette petite maison de huit mètres sur six, située dans le quartier Kwongo de Bafoussam. A l’aide de mystérieuses potions, de rites et de prières, Abey Wilson Angyie, un tradipraticien, médecin traditionnel venu du Nord-Ouest du pays, soigne les malades. Pour l’épauler, il initie les jeunes gens locaux qui le souhaitent à ses techniques ésotériques. Il offre aux fous un port d’attache dans cette case où ils se prennent en charge, font la lessive, la cuisine, discutent… Sous les yeux de la population émerveillée.

Un succès fou

 » Ils n’ont fait aucun dégât jusqu’ici. Il y en a même qui vont faire leurs achats dans les boutiques et au marché « , témoigne Blaise Soffo, le fils du chef du quartier Chinda, qui leur rend habituellement visite. Les fous peuvent aller et venir à leur guise, mais semblent préférer la nouvelle vie que leur proposent les guérisseurs. Certains reviendraient même peu à peu à la raison. Des familles, au départ réticentes, viennent frapper à la porte des guérisseurs, dans l’espoir qu’il reste une petite place pour leur fou, celui dont elle s’occupait jusque là tant bien que mal.

Fous de foot

Pour subvenir aux besoins matériels des malades mentaux, Abey Wilson Angyie fait payer ses services de guérisseur aux habitants sains d’esprit atteints d’une grippe ou frappés par le mauvais sort. Il organise également des matches de football, dont les équipes sont entièrement composées de fous. Les habitants se pressent pour y assister et les fous rivalisent de prouesses sur le stade. A la fin du match, une quête est organisée, et chacun donne un peu d’argent ou de nourriture.

L’association que dirige Abey Wilson comprend déjà soixante-six personnes, réparties entre Bofassam, Koumba, Buea et Bamenda. Ces guérisseurs voyagent de village en village, laissant un médecin et les fondements d’une structure asilaire là où ils passent.  » Si l’Etat peut construire un centre pour loger tous les fous, nous sommes capables de les guérir !  » clame leur leader. A bon entendeur.

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