La Centrafrique courtise les fermiers blancs du Zimbabwe


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La République Centrafricaine souhaite accueillir les fermiers blancs du Zimbabwe expropriés à la suite du programme de redistribution des terres, afin qu’ils viennent développer l’agriculture dans le pays. Ambition affichée : profiter de leur expertise pour devenir le grenier de l’Afrique centrale. Interview du Premier ministre, Martin Ziguele.

Les fermiers zimbabwéens, chassés de leur terre à la suite du radical programme de redistribution des terres du président Robert Mugabe, pourraient trouver refuge en République Centrafricaine. Le Premier ministre, Martin Ziguele, a réitéré, la semaine dernière à Washington, le souhait d’accueillir les expatriés dans le pays. L’initiative vise à profiter de leur expérience et de leur savoir faire pour développer l’agriculture centrafricaine.

Afrik : Pourquoi avoir proposé d’accueillir les fermiers blancs zimbabwéens ?

Martin Ziguele : Parce que nous voulons relancer l’agriculture dans le pays. La Centrafrique a une superficie de 624 000 kilomètres carrés pour 3,5 millions d’habitants. Soit une densité de moins d’un habitant au mètre carré. Nous avons les terres, les conditions climatiques, un important potentiel hydrographique. Il ne nous manque plus que les hommes et l’expérience. En proposant d’accueillir les fermiers blancs du Zimbabwe, nous espérons profiter de leur expertise afin qu’ils mettent nos terres en valeur. Avec les atouts naturels que nous avons, nous pensons que nous pouvons devenir le grenier de l’Afrique centrale et même de toute l’Afrique.

Afrik : De quand date cette initiative ?

Martin Ziguele : D’il y a trois ou quatre mois, depuis que les menaces d’expulsion des fermiers blancs se sont précisées. Le chef de l’Etat (Ange Félis Patassé, ndlr), m’a confié la tâche d’informer le gouvernement britannique de notre proposition, en septembre dernier, lors d’une mission à Londres. Compte tenu de l’importance du Royaume-Uni dans le Commonwealth, nous avons pensé que notre annonce aurait plus de retentissement depuis Londres.

Afrik : En offrant à des Blancs les terres cultivables du pays, n’avez-vous pas peur de répéter, à terme, le problème zimbabwéen ?

Martin Ziguele : Nous n’allons pas donner les terres aux fermiers blancs. Nous leur accorderons uniquement des baux longue durée de 20 ou 25 ans. Ce n’est pas une cession de terre à perpétuité. Ensuite, tout est une question de réglementation et d’harmonisation. Il s’agit d’établir les règles du jeu dès le départ.

Afrik : Avez-vous des retours de la part des fermiers ?

Martin Ziguele : Non pas pour l’instant.

Afrik : Les fermiers zimbabwéens sont anglophones et la Centrafrique un pays francophone. La barrière de la langue n’est-elle pas un handicap ?

Martin Ziguele : Le langue n’est pas un frein. Les Zimbabwéens blancs sont d’origine anglaise. Quand ils sont arrivés dans le pays, ils ne parlaient ni le shona, ni le ndébélé. Ils se sont adaptés.

Afrik : Que pensez-vous de la politique zimbabwéenne de redistribution des terres ?

Martin Ziguele : Nous sommes tous les amis du Zimbabwe. Nous n’avons pas de jugement à porter sur la politique du gouvernement. Avec notre offre, nous pouvons contribuer à la résolution du problème zimbabwéen. L’initiative peut profiter à tout le monde.

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