La carte bancaire se démocratise à l’Ouest


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Une main tenant une carte bancaire
Une main tenant une carte bancaire

Développer et promouvoir l’utilisation de la carte bancaire, au sein de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa), est la raison d’être du Groupement Interbancaire Monétique de l’Uemoa. Eclairage sur les ambitions et les moyens dont se dote l’organisation intergouvernementale basée à Dakar, au Sénégal.

Démocratiser l’usage de la carte bancaire en Afrique de l’Ouest est l’un des objectifs principaux du Groupement Interbancaire Monétique (GIM) de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa) basé à Dakar, au Sénégal. Une carte commune aux huit pays qui sont membres de l’union monétaire. À savoir : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Le GIM-Uemoa, une émanation de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (Bceao), regroupe 48 banques, établissements financiers et postaux dont le poids équivaut à 70% de la masse monétaire de l’Uemoa.

Le défi du GIM, dont la mission est le développement de la monétique en Afrique de l’Ouest, n’est pas des moindres. Il s’agira, dans un premier temps, de faire passer le chiffre de 600 à 700 000 détenteurs de cartes, que compte actuellement la zone, à plusieurs millions. « Nous voulons diffuser la carte auprès de 5 à 6 % des 80 millions de personnes qui vivent dans l’Uemoa », explique Blaise Ahouantchédé, directeur général du GIM-Uemoa. Cela signifie également amener un plus grand nombre d’individus aux services bancaires.

« Banaliser la carte bancaire »

« Nous avons, poursuit-il, une représentativité très importante en matière de transactions financières qui se chiffre en milliards ». Un pouvoir qui assure désormais à l’organisation de devenir membre principal, avec une vingtaine de banques affiliées à chacun d’eux, des réseaux internationaux que sont Visa et Mastercard. « La monétique (ensemble des dispositifs utilisant l’informatique et l’électronique dans les transactions bancaires : cartes de paiement, terminaux de points de vente…, ndlr) connaît un élan assez important du fait des autorités de la Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) », affirme M. Ahouantchédé.

La Banque a, en effet, souhaité, dans le cadre de la modernisation des systèmes et des moyens de paiement dans la sous-région, « la mise en place d’un système interbancaire de paiement et de retrait par carte ». À travers le GIM-Uemoa, l’ambition des autorités financières ouest-africaines est de permettre au plus grand nombre d’accéder aux cartes bancaires. Ceci afin que ce moyen de paiement ne soit plus réservé à quelques privilégiés comme c’est souvent le cas en Afrique de l’Ouest. « Nous souhaitons démystifier, banaliser l’utilisation de la carte bancaire d’où notre volonté d’atteindre les marchés de la microfinance en créant notamment des produits adaptés ».

Plus largement, les produits qui seront offerts par la carte Uemoa seront « à forte valeur ajoutée ». Ce qui, selon Blaise Ahouantchédé, poussera les consommateurs à opter pour la carte à puce. « Il sera, par exemple, possible de créer plusieurs cartes bancaires sur un seul compte avec le système des cartes prépayées. Un père de famille aura donc ainsi la possibilité d’allouer une somme stockée en dur sur la carte, à ses enfants. Habitués à l’usage de la carte bancaire, ces derniers voudront aussi posséder la leur. On pourra également réaliser des transferts de fonds. Un service auquel on ne pense pas toujours quand il s’agit de services liés à une carte et qui intéresse la diaspora. Il sera bien évidemment moins onéreux que les tarifs qui sont pratiqués actuellement ».

Pour parvenir à asseoir ce moyen de paiement, encore très peu répandu en Afrique de l’Ouest, il faudra sensibiliser des populations, très souvent analphabètes, à la gestion d’une carte. « Bien que les Nana Benz aient prouvé, note M. Aoutchandé, qu’il n’était pas indispensable de savoir lire et écrire pour gérer de l’argent ». Et, parce qu’il ne suffit pas de la posséder, il faut encore pouvoir l’utiliser, le GIM prévoit d’inciter les acteurs économiques à se munir de terminaux de paiement électroniques. D’un point de vue technique, l’action du GIM-Uemoa sera rendue possible par l’existence d’un Centre de Traitement Monétique Interbancaire (CTM) en charge des opérations interbancaires. Cette structure sous-traitera également les opérations des banques qui n’ont pas les moyens de disposer d’une plate-forme monétique. Les premières cartes bancaires Uemoa devraient être disponibles début 2006.

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