La Boîte magique de Ridha Behi


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Dans son dernier film, le réalisateur tunisien Ridha Behi s’offre une plongée dans le Kairouan de son enfance à une période où il découvre l’amour, la vie, mais aussi les désillusions… et le cinéma.  » La Boîte magique « , malgré quelques déséquilibres, est un film attachant qui a déjà eu les honneurs de plusieurs festivals.

Raouf est un réalisateur tunisien reconnu d’une quarantaine d’années. Il vit en Tunisie avec sa femme, française, et ses deux enfants. Une femme qui lui reproche de plus en plus de se consacrer à sa passion du cinéma et de se désintéresser de sa famille. C’est à ce moment charnière de sa vie qu’une télévision européenne lui propose de réaliser un film sur sa relation avec le cinéma. L’occasion d’une plongée ensoleillée dans le Kairouan de son enfance, dans les cours ombragées du foyer familial, entre les jupes de ses tantes et, toujours, avec son oncle Mansour. L’occasion également, semble-t-il, à l’heure où la tension s’installe dans son couple, de s’interroger sur l’orientation qu’il a donné à sa vie.

Zorro plus que Farid El Atrache

Aux films musicaux égyptiens avec Farid El Atrache, Raouf préfère les aventures de Zorro. Mais cela ne l’empêche pas de faire la tournée des quartiers et des villages avec son oncle Mansour, projectionniste ambulant, à bord de son camion, pour annoncer les productions mettant en scène la star égyptienne. Avec son oncle, le petit Raouf découvre la vie, la liberté, les filles et le cinéma. Tout cela, à l’abri de la figure religieuse d’un père autoritaire et sans concessions. Un père qui s’indigne lorsqu’il retrouve son fils devant un film faisant intervenir des femmes  » dénudées », alors que celui-ci avait prétexté la diffusion d’un film sur la vie du Prophète Mohammed pour manquer l’école. Une présence oppressante que Raouf parvient à canaliser avec la boîte magique que lui offre Mansour.

Les scènes de flash-back, qui constituent l’essentiel du film, sont une réussite et un véritable plaisir. La plupart du temps filmées à hauteur d’enfant, elles nous font accompagner le jeune Raouf dans sa découverte de la vie, dans ses expériences, même les plus douloureuses. La scène de la circoncision de l’enfant et de son cousin, où les visages qui forment le cortège religieux sont filmés en gros plans sur un fond de chants mystiques, est hilarante. Celle du pique-nique, où le père dresse des voiles pour protéger sa fille des regards indiscrets, grinçante.

On ressent malheureusement un déséquilibre dans le film lorsque les scènes contemporaines commencent à prendre le pas sur les scènes du passé. La relation de Raouf adulte avec sa femme n’offrent pas la même intensité que ses pérégrinations enfantines. Le réalisateur, né en 1947 à Kairouan, est parvenu plus facilement, dans ce film quelque peu autobiographique, à faire partager ses sentiments d’enfant au public. La Boîte magique était en compétition officielle à la Mostra de Venise 2002 (Italie) et a été primé lors du festival international du film d’Amiens (France).

La Boîte magique de Ridha Behi, film franco-tunisien (2002). Sortie française le 25 juin 2003.

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