La « banalisation » de l’islamophobie en France


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Le saviez-vous ? « Chaque jour en France, un individu est victime d’islamophobie. »

Personne n’en parle. Ou que peu, ou prou. « Chaque jour en France, un citoyen est victime d’islamophobie ». Près de 414 actes islamophobes contre des institutions religieuses et des individus ont été enregistrés en 2012 par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Par rapport à 2011, cela représente une augmentation de 38%. « La tendance observée sur les années précédentes n’est pas inversée : les femmes restent les principales victimes d’actes islamophobes. Elles représentent 87,3 % des cas visant des individus », indique le CCIF.

D’autres chiffres. Les agressions contre les musulmans ont plus que doublé en 2012, 122 actes contre 52 en 2011, soit une progression de 134,6%. Les femmes voilées sont les plus touchées. Elles représentent 76% des cas d’agression physique ou verbale. Un phénomène grave qui tend à se développer souligne le CCIF. Le passage à l’acte se fait dorénavant de manière « décomplexée ».

Dernière actualité en date, la mosquée Attawba d’Ozoir-la-Ferrière en Seine et Marne. Dans la nuit du vendredi au samedi 2 février, le lieu de culte a été la cible d’une attaque islamophobe. Les fidèles venus accomplir la prière de l’aube ont découvert avec choc des tags nazis et insultant sur les murs de la mosquée. Le week-end dernier, trois mosquées ont été profanées. Ce qui ramène à six le nombre de mosquées profanées en moins d’un mois.

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Un héritage culturel

On remarque que l’islamophobie dans le milieu politique s’est désormais étendue dans les milieux sociaux-professionnels mais aussi dans l’éducation nationale. « Plus perturbant encore, la situation à l’école : plus d’un acte sur deux dans le service public est le fait d’un agent de l’Éducation Nationale », fait savoir l’association, qui observe « une mutation de l’islamophobie qui après avoir été longtemps et majoritairement l’œuvre des services publics, s’étend désormais au monde du travail, dans le secteur privé ». 10,47 % des actes islamophobe au travail ont été recensés en 2012 contre 3,59 % en 2010.

A force de stigmatiser la religion musulmane, selon le CCIF, l’ancien gouvernement et le Haut conseil à l’intégration (HCI) ont introduit dans le quotidien des Français un sentiment de danger. L’association regrette que les politiques détournent avec aisance les Français des vrais maux de la société.

Le spectre du « danger islamique » est a fortiori une arme redoutable pour calmer les tensions sociales. Elle fait ses preuves depuis plusieurs années maintenant et continue d’éblouir. Mais le CCIF prévient. Il n’est « plus question » pour les musulmans « d’accepter d’être insultés ou stigmatisés sans réagir ». Pendant la campagne des élections internes à l’UMP, « les musulmans étaient une cible idéale ». Une plainte a d’ailleurs été déposée contre Jean-François Copé à propos de l’histoire du pain au chocolat. Une plainte toutefois retirée lors de la visite de ce dernier au sein du CFCM.

Pendant le débat télévisé lors de présidentielle, le président François Hollande s’était engagé à ne plus laisser les français de confession musulmane être victime d’une politique de stigmatisation. Manuel Valls a cependant été désigné comme le successeur direct de Nicolas Sarkozy, en rapport avec ses déclarations récurrentes à la presse sur les « dangers de l’islam radical en France ».

Après dix ans d’existence, le CCIF affirme être de plus en plus sollicité. « Les chiffres figurant dans notre rapport ne sont que la partie émergée de l’iceberg, bien en-deçà de la réalité islamophobe à laquelle nous sommes confrontés depuis plusieurs années », conclut l’association.

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