L’Union européenne met la barre plus haut pour l’aide alimentaire


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Distribuer de l’argent liquide ou des coupons alimentaires, ou acheter l’aide alimentaire dans le pays nécessitant une assistance alimentaire d’urgence ou dans sa région est désormais la politique officielle, a annoncé l’Union européenne (UE) le 31 mars, brisant ainsi le lien entre le soutien apporté par les bailleurs à leurs propres agriculteurs et l’aide alimentaire internationale.

« En prenant une telle mesure, elle a institutionnalisé l’utilisation d’outils d’intervention tels que les transferts de fonds et les coupons », a dit Chris Leather, conseiller en politique alimentaire et agricole auprès d’Oxfam International.

Cette déclaration appelait également les Etats-membres de l’UE à adopter des politiques nationales semblables. « C’est là que pourrait reposer la difficulté : il serait intéressant de voir comment tous les membres vont réagir », a ajouté M. Leather.

L’annonce s’inscrivait dans le cadre de deux nouveaux cadres d’action adoptés par la Commission européenne (CE) pour aider les pays en développement à faire face aux problèmes de sécurité alimentaire en situation d’urgence et à long terme.

Le nouveau cadre d’assistance humanitaire contient la politique adoptée concernant les outils d’intervention à utiliser pour améliorer la sécurité alimentaire, et présente clairement les efforts déployés par l’UE en vue de faire face à l’insécurité alimentaire grave et à la malnutrition en situation de crise.

Le programme de développement

Le cadre de sécurité alimentaire, qui s’inscrit dans une vision à plus long terme, souligne qu’il faut soutenir l’agriculture dans les pays pauvres pour aider ces derniers à atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) consistant à réduire de moitié la faim et la pauvreté d’ici à 2015, un des huit OMD fixés par les Nations Unies.

En 2010, plus d’un milliard de personnes dans le monde souffrent d’insécurité alimentaire, selon un communiqué de presse de l’Union européenne contenant diverses informations générales sur ces nouveaux documents stratégiques, et de nombreux pays pauvres semblent peu susceptibles d’atteindre cet OMD.

« Dans le cadre de ses interventions, l’Union européenne doit accorder la priorité aux pays en situation d’insécurité alimentaire les plus loin d’atteindre le premier OMD [consistant à réduire de moitié la faim et la pauvreté], en particulier en Afrique, mais aussi en Asie du Sud et ailleurs (ex : Bangladesh, Cambodge, Haïti, Népal, Timor Leste) », pouvait-on lire dans le cadre d’action sur la sécurité alimentaire.

Selon Daniel Maxwell, expert de l’aide alimentaire et maître de conférences à la Friedman School of Nutrition Science and Policy de la Tufts University, aux Etats-Unis, « il serait bon que d’autres bailleurs prennent des mesures semblables ».

« S’il y a toujours une zone grise qu’il n’est pas clairement définie ni comme « humanitaire », ni comme « liée au développement », il est quand même bon de voir que l’engagement de l’UE dans le cadre des situations d’urgence humanitaire liées à la sécurité alimentaire reste gouverné par des principes humanitaires, en particulier à l’heure où d’autres bailleurs semblent de plus en plus disposés à subordonner l’aide humanitaire aux objectifs politiques ou de sécurité ».

Les principaux messages

Selon un communiqué de presse, la nouvelle politique de l’UE vise à renforcer les quatre piliers de la sécurité alimentaire à la fois en contexte de développement et en situation d’urgence : (i) augmenter la disponibilité des vivres, (ii) améliorer l’accès aux vivres, (iii) améliorer la qualité des vivres et assurer que les populations consomment des aliments nutritifs, (iv) améliorer l’efficacité de la prévention et de la gestion des crises.

Cette politique appelle également à s’intéresser plus particulièrement aux petits agriculteurs et aux femmes, un effort louable, selon M. Leather. Elle vise également à aider l’Union africaine à accélérer la mise en œuvre des Directives relatives à la politique foncière africaine, établies en 2009, pour assurer aux populations l’exercice de leurs droits fonciers.

En revanche, « [ce] que le cadre de l’UE n’aborde pas, ce sont les questions relatives à l’achat de terres par des étrangers [en Afrique] », a ajouté M. Leather. Selon un rapport publié récemment par ActionAid, un organisme d’aide au développement, les sociétés de l’UE ont acquis (ou négocient pour obtenir) au moins cinq millions d’hectares de terres dans les pays en développement.

Autre mesure importante, l’UE a sollicité de l’aide en vue de réformer le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CFS) « pour en faire l’institution internationale centrale sur la sécurité alimentaire ».

Le CFS est un comité technique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et sert de forum au sein du système des Nations Unies pour la révision et le suivi des politiques relatives à la sécurité alimentaire mondiale, à la production alimentaire, à la nutrition, et à l’accès physique et économique aux vivres.

Le défi

Pour faire tout cela, des ressources seront nécessaires, « mais nous ne savons pas comment : les documents ne le précisent pas », a dit M. Leather. « C’est là que reposera le défi ; les politiques seront soumises au comité financier [de la CE] en mai ».

M. Maxwell a également soulevé une autre question : « Les organismes de sécurité alimentaire et les activistes se préoccupent de plus en plus de la liste croissante des pays en situation de crise prolongée, … qui en plus n’attirent pas de fonds pour le développement en vue d’atteindre les OMD car leurs chances de réussite, ou même de progrès, restent douteuses », a-t-il noté.

« Accomplir de vrais progrès vers une réduction durable de la faim dans les pays en situation de crise prolongée est le grand défi de ces prochaines années ».

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