L’Union du Maghreb Arabe à l’agonie


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Logo de l'Union du Maghreb Arabe (UMA)
Logo de l'Union du Maghreb Arabe (UMA)

Née à Alger, l’Union du Maghreb arabe (UMA) est-elle morte à Alger ? C’est l’impression qui se dégage à la lecture du communiqué annonçant le report (le second depuis 2002) sans aucune autre précision du sommet des chefs d’Etat qui devait se tenir mardi et mercredi à Alger.

L’échec était dans l’air dès dimanche après-midi. Ce bruit circulait dans les couloirs de la conférence faisant état des intentions de la Libye de demander le renvoi du sommet à une date ultérieure. Pressentant cette proposition, le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Abdelaziz Belkhadem, avait annoncé à l’ouverture du Conseil des ministres que l’Algérie a décidé de se décharger de la présidence de l’UMA à la tête de laquelle elle est… depuis neuf ans. Ce long blocage a fini par énerver les Algériens d’autant que l’UMA était devenue une coquille vide qui ne vivait que par son sigle.

Les ministres des Affaires étrangères ont voulu donner le change en appelant à la création d’une communauté économique. On ne voit pas comment une telle communauté pourrait marcher, alors que l’UMA n’a pas bougé d’un iota depuis sa création en 1989. On pourrait même dire que la désunion s’est accentuée entre les Etats membres depuis cette date. En effet, en 1994, un attentat terroriste a eu lieu à Marrakech. Les Marocains s’empressent d’accuser sans preuve les services algériens d’être les instigateurs de ce crime et instaurent le visa pour les Algériens. En réponse, Alger décide la fermeture des frontières. Quelques années après, la Libye et la Mauritanie rompent leurs relations diplomatiques. Pouvait-on encore croire en l’UMA ? Les cinq pays entretenaient une fiction.

Activités probablement gelées

L’avenir s’annonce autrement. Selon des sources dignes de foi, les activités de l’UMA vont être gelées, ses dirigeants n’ayant pas le courage de la dissoudre officiellement. Par contre, il est prévu la création d’une communauté économique maghrébine regroupant l’Algérie, le Maroc et la Tunisie mais pas la Libye et la Mauritanie. Les trois pays ont en commun le fait d’avoir signé des accords d’association avec l’Union européenne et sont très proches de l’Europe occidentale. L’Europe a toujours poussé à l’intégration des trois pays qui représentent à eux seuls un marché de 100 millions de consommateurs et a souhaité la création d’une communauté à trois avec laquelle elle parle de nouvelles opportunités dépassant la simple association.

D’ailleurs, quand ils parlent d’intégration des pays du Maghreb, les Européens pensent uniquement à l’Algérie, au Maroc et à la Tunisie. La France, liée à ces pays par une histoire commune et par la langue, pousse publiquement dans cette direction, de même que l’Espagne. En visite il y a 3 ans dans la région, le secrétaire d’Etat américain pour le Commerce du président Bill Clinton, M. Euzenstat, a abondé dans le même sens. Une communauté à trois est facilitée du fait que la Mauritanie s’est isolée d’elle-même en quittant, par exemple, la CEDEAO et que la Libye ne sait plus où donner de la tête. Parfois, elle se tourne vers le Machreq, une autre fois vers le sud et quelquefois elle se dit maghrébine mais sans s’ancrer réellement.

La communauté économique maghrébine, selon nos sources, procédera au démantèlement tarifaire, facilitera la circulation des biens et des personnes, le développement des échanges commerciaux et toute autre action qui permettra l’intégration. Ce projet est réalisable pour peu que la volonté politique existe. Il semblerait même que les trois pays aient déjà engagé les discussions à ce sujet. On reviendra alors à la réalité. Il ne faut pas oublier que lorsqu’on parle «Maghreb», les gens pensent automatiquement à l’Algérie, au Maroc et à la Tunisie.

Par Tayeb Belghiche pour notre partenaire El Watan

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