L’Unesco fait connaître le patrimoine culturel au monde


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Tambourinaires burundais à l'Unesco, le 5 juin 2014 (Ph : Fouâd Harit pour Afrik.com)

L’un des objectifs de l’Unesco est de faire connaître au monde le patrimoine culturel international. Anne Saurat-Anfray, archéologue et muséologue, est consultante pour le patrimoine à l’Unesco. Interview d’une archéologue active pour la sauvegarde du patrimoine.

Anne Saurat-Anfray, consultante pour le patrimoine à l’Unesco, vient d’inaugurer une exposition au Musée de l’Homme, sur le patrimoine culturel éthiopien. L’occasion pour Afrik.com d’interviewer cette passionnée du patrimoine historique et culturel mondial. Anne Saurat a travaillé à maintes reprises en Afrique, Soudan, Egypte, Tunisie et Ethiopie. Elle y a participé à de nombreux projets : construction ou réorganisation de musées, inventaires et restaurations de catalogues…

Afrik.com : En quoi consiste votre travail à l’Unesco ?

Anne Saurat : L’objectif de l’Unesco est d’identifier et de protéger le patrimoine culturel et naturel mondial. Pour ma part, je suis consultante en ce qui concerne le patrimoine culturel.

Afrik.com : Quelles ont été vos différentes missions sur le continent africain ?

Anne Saurat : J’ai effectué plusieurs travaux en Afrique. De 1985 à 1989, j’ai contribué à la réorganisation de trois musées en Ethiopie comme le Musée national d’Addis-Abeba qui comporte des sections préhistoriques, historiques, archéologiques et ethnographiques. J’ai également pris part à la restructuration du Musée de l’Institut des études éthiopiennes à l’université d’Addis. Je suis particulièrement fière d’un petit musée qui rassemble les richesses de l’église de Maryam. En Tunisie, j’ai participé à la conception et à l’installation du musée de Raqqada, à Kerouan, sur l’art islamique, ainsi qu’à la partie punique du Musée de Carthage. Au Soudan, j’ai collaboré à la réorganisation de deux musées, dont celui de Khartoum. Je me suis également rendue en Egypte à plusieurs reprises, afin de contribuer à la protection du patrimoine culturel très riche que renferme ce pays.

Afrik.com : Travaillez-vous en collaboration avec les gouvernements ou avec des organisations privées ?

Anne Saurat : Le travail que nous effectuons pour l’Unesco est variable selon les pays. Dans la majorité des cas, notre mission entre dans le cadre d’une coopération entre la France et le pays demandeur. En ce qui me concerne, j’interviens souvent pour venir en aide à des musées en difficulté. Nous organisons également des formations pour perfectionner les gens qui travaillent sur place.

Afrik.com : A votre avis, les Etats africains sont-ils conscients de la richesse de leur patrimoine et participent-ils suffisamment à leur sauvegarde ?

Anne Saurat : La prise de conscience des gouvernements change selon les pays, mais ils sont cependant tous conscients de l’importance de leurs cultures, de cette richesse qu’ils possèdent. Le patrimoine d’un pays peut être de deux sortes, tangible ou intangible. L’architecture, les constructions durables font partie du patrimoine tangible, alors que les arts oraux, les décorations de murs en terre sont intangibles, éphémères. Certains pays seraient tentés de privilégier le patrimoine tangible au profit du patrimoine intangible. Il n’y a aucune raison de protéger davantage une pyramide qu’une façade de maison en terre décorée par les femmes. Dans le cas de ces arts éphémères, le patrimoine photographique est indispensable. L’art est une notion complexe. Qu’est-ce qui est de l’art, qu’est-ce qui n’en est pas ? La limite est difficile à placer pour toutes les cultures. Sur le continent africain, on trouve des pyramides et des maisons d’argile, elles semblent ne rien avoir en commun et pourtant elles font toutes deux parties d’un patrimoine à sauvegarder.

Afrik.com : L’Unesco organise également des expositions, comme celle sur le patrimoine éthiopien au Musée de l’Homme. Est-ce que cela entre dans vos missions ?

Anne Saurat : Dans la section où je travaille, nous devons aussi faire connaître le patrimoine culturel et historique au monde. Pour cela nous organisons régulièrement des expositions, des conférences. D’ailleurs, au mois de février à Genève, le siège des Nations Unies reçoit une exposition qui retrace toutes les campagnes menées par l’Unesco,  » D’Abou Simbel à Angkor « . Le patrimoine culturel doit être sauvegardé mais également exposé aux yeux du monde. Chacun doit reconnaître la spécificité de chaque culture, de chaque pays. L’art est présent partout, le reconnaître est un acte de tolérance.

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