L’or de Ben Ali en France : « Le contrôle des frontières est inefficace »


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Près de 1800 lingots d’or du clan Ben Ali, exfiltrés illégalement de Tunisie, auraient depuis janvier 2011 transité par la France, sans qu’ils soient interceptés par les services de douanes français.

Comment les services douaniers français ont-ils pu laisser passer 1800 lingots d’or du clan Ben Ali depuis janvier 2011 ? C’est la question que l’on se pose depuis l’enquête publiée par le journal Nice Matin. La combine était en cours depuis la chute de l’ex-président tunisien. Ces 1800 lingots d’or, exfiltrés inégalement de Tunisie, seraient passés par la France dans quatre aéroports : Nice, Marseille, Orly et Roissy. Une fois leur passage terminé dans l’Hexagone, les « passeurs tunisiens » se rendaient ensuite à Dubaï ou Istanbul.

Ces fonds représentent au total la coquette somme de 76 millions d’euros. Un trafic qui a donc duré pendant plus de deux ans et demi. Pas plus tard que mercredi dernier, alors que l’on pensait que la machination avait pris fin, un nouveau « passeur » tunisien en provenance de Djerba, a fait transité 12 kg de lingots d’or à l’aéroport de Nice, selon le journal. Jusqu’en avril 2012, entre deux et cinq passagers étaient enregistrés par jour.

Face à ce remue-ménage inhabituel, le service des douanes a toutefois saisi le groupe opérationnel de lutte contre le terrorisme de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED). Sans succès. Selon ce témoin de Nice matin, « quand on a su que c’était pareil à Marseille et à Paris, on a fait remonter l’info. Mais il ne nous a jamais été demandé d’intervenir ».

L’inefficacité du contrôle des frontières

Pour le moment, les autorités françaises se sont timidement exprimées sur le sujet. Le ministre du Budget a affirmé être en train de chercher des éclaircissements et la direction des douanes n’a pas répondu aux sollicitations du journal. Pourtant, les avoirs de Ben Ali avaient été gelés par les autorités européennes, après la chute de son régime. D’ailleurs avant son exil, les services de renseignements français avaient supposé qu’il s’était enfoui avec 1,5 tonne d’or, soit l’équivalent de 45 millions d’euros.

Selon Daniel Lebègue, président de l’ONG Transparency international, contacté par Afrik.com, « il y a un manque d’efficacité du contrôle des frontières en France », ce qui explique ces passages de fonds sur le sol français. Même dans des pays comme la France, on le sait, il n’y a pas un contrôle à 100% des frontières ».

Ce qui est « surprenant » dans cette affaire, renchérit-il, « c’est le caractère répétitif des opérations et le fait qu’elles soient effectuées par les mêmes personnes, dans les mêmes aéroports et les mêmes endroits ». Néanmoins, « il y a une volonté des services français de confisquer ces avoirs obtenus illégalement par le clan Ben Ali et de les restituer aux autorités tunisiennes », souligne Daniel Lebègue. Une enquête va d’ailleurs être menée pour faire la lumière sur cette affaire. Toutefois, « il est fâcheux et regrettable que les avoirs de Ben Ali aient transité par la France ! », fustige le président de Transparency International.

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