
Ce sujet est étrangement ignoré des médias internationaux, ces derniers n’ayant certainement pas cherché à s’y intéresser. Pourtant, l’opposition rwandaise semble exister et exerce une certaine pression, dans la mesure de ses moyens, malgré tous les efforts d’étouffement par le pouvoir de Kigali.
De Madame Victoire INGABIRE à d’autres grands leaders de l’opposition tant politiques que civiles (opérant surtout en exil), le Rwanda est, sur le papier, bien fourni. Or, la presse internationale semble avoir choisi son camp. Le monde d’aujourd’hui se complait, à bien des égards, dans le choix le plus confortable et le plus lucratif, parfois éphémère, au détriment du bon sens et de la mesure.
L’opposition et la société civile rwandaises sont porteuses d’un projet alternatif et/ou d’un regard critique pointant certaines impérities, certains disfonctionnements voire des contrevérités du gouvernement. C’est la base de tout système démocratique.
La communauté internationale aurait pu, au cours de ces trente dernières années, focaliser son aide au Rwanda sur la démocratisation des institutions. C’est le levier, la clef de voûte du développement durable et de la réconciliation.
Hélas, les grands médias, la communauté internationale ou encore le domaine de la recherche, sauf de rares exceptions, sont tombés dans un piège de se ranger du coté des plus audibles, du plus riche, du plus fort.
Ainsi va la vie !
À l’intérieur ou à l’extérieur du conflit ?
Il aura suffi de parcourir les réseaux sociaux rwandais, jour pour jour, pour se rendre compte à quel point l’opposition et la société civile sont implicitement engagées dans ce conflit. On peut sans détour certifier que les voix de l’opposition rwandaises, inaudibles à Kigali, sont certainement audibles à Kinshasa.
L’opposition rwandaise compte, dans sa diversité, des anciens militaires du FPR et du régime précédent, déchu. Elle compte aussi divers politiciens et d’autres acteurs-ressources exclus de la gestion actuelle du Rwanda. Tout ce potentiel inexploité ne profite qu’à Kinshasa, seul bénéficiaire, au travers de divers canaux de transmission d’information.
Ce conflit sans fin commence à mettre le Rwanda à rude épreuve : sanctions ciblées, exclusion ou auto-exclusion d’organisations politico-économiques locales, rupture diplomatique, etc.
Quel qu’en soit l’issue, le Rwanda aura sûrement du mal à se stabiliser tant il n’arrivera pas- c’est la priorité- à rassembler tous ses citoyens autour d’un projet commun. Ce dernier n’aura de chances d’aboutir aux meilleurs résultats qu’à condition, intangible, d’être bâti sur les bases inclusives. A ce sujet, la sagesse incarnée par cet adage rwandais est on ne peut plus claire : « Ababiri bashyize hamwe baruta umunani urasana ». C’est-à-dire, « la force de deux personnes unies l’emporte toujours sur celle de huit personnes divisées.