L’Internet algérien cherche son second souffle


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Drapeau de l'Algérie
Drapeau de l'Algérie

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) s’imposent en Algérie, en dépit de la forte fiscalité douanière et de certaines mentalités qui refusent le changement.

Le discours officiel, appuyé par le Président de la république, exhorte les opérateurs économiques à utiliser les NTIC dans les différents secteurs économiques. Cependant, ce type de discours reste prisonnier de la bureaucratie et de la complication des démarches. Certains ont compris les enjeux, d’autres essayent de se placer sur cet échiquier. Les particuliers ont découvert le Net à travers ses entreprises. Le vrai démarrage a eu lieu en 1998 lorsque la presse a lancé ses propres sites sur Internet. C’est ainsi qu’il est devenu le sujet de discussion des citoyens, suscitant admiration et curiosité. Au début, le code d’accès était limité aux responsables des entreprises. Les cadres et les employés devaient utiliser le poste du directeur pour accéder au Web ! Dans certains cas, ce privilège a été octroyé au responsable informatique.

J’veux mon web

La demande du personnel a obligé les responsables à partager la connexion et à introduire parfois des lignes spécialisées. Des entreprises informatiques se sont spécialisées dans l’installation des réseaux. La demande en équipements qui étaient totalement inconnus est apparue : hubs, switchs, routeurs, serveurs. Cependant, il est à noter que les difficultés de mise en place de lignes spécialisées ont restreint l’utilisation d’Internet. Certaines entreprises ont « expérimenté » la connexion à distance pour relier plusieurs réseaux. Les besoins actuels sont énormes : équipements de connexion (convertisseurs, modems, bande de base, routeurs), outils de gestion d’un réseau, serveurs de messagerie, applications client/serveur, gestion de bases de données, serveur d’authentification et outils de protection et de sécurité (Firewall).

En Algérie, l’intérêt pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) n’est plus à démontrer. Depuis la promulgation du décret autorisant les entreprises à fournir les services Internet en août 1998, plusieurs ISP ont investi ce créneau et commencé leur activité en août 1999. En octobre 2000, des modifications sont introduites dans le décret ouvrant le marché aux opérateurs étrangers. Des mesures interprétées comme une volonté du gouvernement algérien de faire rentrer l’Algérie dans la société de l’information, malgré la persistance des lenteurs bureaucratiques. M. Maghlaoui, ministre des P et T, a même affirmé lors d’une conférence de presse que « 2001 sera l’année de l’Internet en Algérie ».

Profusion de providers

Le développement des télécoms et de nouveaux canaux de communication est devenue, faut-il le rappeler, un facteur capital dans le positionnement économique des Etats. D’un seul provider, le Cerist en l’occurrence, plusieurs autres fournisseurs d’accès ont vu le jour dont GECOS, EEPAD , SERVNET, KBNETWORK et ICOSNET. Le 10 mars 2001, Wanadoo filiale de France Télécom, a signé un contrat de partenariat avec l’Etablissement algérien d’enseignement à distance ( EEPAD) qui vise selon un communiqué « à développer Internet en Algérie ». Constatant que le monde a changé et que les forteresses du monopole s’écroûlent les unes après les autres, les P et T lancent le projet d’une plate-forme de 100 000 utilisateurs avec 10 000 accès simultanés qui couvrira les 48 wilayas du pays. Le projet avance par petites touches successives.

Les P et T ne pouvaient pas rester de marbre face à cette révolution. L’explosion des cybercafés est alors énorme. Les chiffres en témoignent : plus de 1200 cybercafés. Et 20 000 abonnés directs. Soit plus de 200 000 internautes. La plupart savent sommairement ce qu’est Internet. Avoir un e-mail et/ou un site est devenu chose courante pour les entreprises et les particuliers. Selon une étude de Younès Grar, patron de Gecos, les principales applications utilisées sont  » la messagerie électronique, le chat, les forums de discussion et la recherche d’informations ».

Accompagner le développement

Il appartient aux responsables politiques de favoriser et d’accompagner ce développement. L’Algérie a trop perdu de temps. Dans le monde, Internet enregistre une croissance folle. Il existe 150 millions d’utilisateurs, 20 millions d’ordinateurs interconnectés, 800 millions de pages d’information,38 000 forums, 1,5 million de sites Web, 2 millions de programmes à télédécharger, 1000 canaux d’information et 800 moteurs de recherche. La croissance est de 10% par mois pour les sites et de 30% pour le trafic. D’ici 2002, 60% des initiatives e-business seront d’ordre tactique et ne demanderont pas de profondes transformations des processus. D’ici 2003, 75% des entreprises réduiront de moitié leurs coûts par le e-business. En 2005, on estime que 70% des investissements applicatifs et 50% des investissements en infrastructures seront orientés e-business. Enfin le e-business obligera à une mise à niveau continuelle des infrastructures (matériel, logiciel, réseau) du fait de l’émergence d’applications concurrentielles et d’une demande croissante d’interopérabilité.

Kamel Benelkadi

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