Gorée : l’esclavage a sa maison, témoignage contre l’oubli


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La maison des esclaves
La maison des esclaves

Un lieu pour retenir l’Histoire : Gorée. Un lieu et un site à la fois. Le conservateur de la Maison des Esclaves, Boubacar Joseph Ndiaye, se bat pour que l’humanité regarde son passé dans les yeux. Les murs rappellent le commerce de la honte. Voyage au bout de l’horreur.

Fixer la mémoire. « L’esclavage aura duré trois siècles à Gorée : de 1536, premières esclaveries portugaises, à 1848, date de son abolition par la France. Trois siècles pendant lesquels 15 à 20 millions de Noirs provenant de toute l’Afrique de l’Ouest ont quitté Gorée pour les Amériques, dont 6 millions sont morts de privations ou de mauvais traitements », raconte le conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, Boubacar Joseph Ndiaye. L’Ile de Gorée, Ber de son appellation d’origine, a été conquise par les Portugais et ensuite a appartenu aux différentes puissances européennes, au gré des batailles.

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On y vendait des esclaves. « L’effectif variait entre 150 à 200 êtres humains, hommes, femmes et enfants. Ils étaient assis, le dos contre les murs et des carcans les maintenaient au cou et aux bras. On ne les libérait qu’une fois par jour afin de leur permettre de satisfaire leurs besoins ». Ce site horrible porte le nom de la Maison de l’horreur.

La maison de l’horreur

Sur fond noir, à l’esthétique recherchée, ce site est dédié à tous les Africains qui ont été victimes de la traite des nègres. Il est aussi un outil pédagogique. Un moyen pour que d’autres ne réécrivent pas l’histoire du point de vue des vainqueurs. « Quelques historiens poussèrent le cynisme jusqu’à affirmer que les Noirs transplantés dans le Nouveau Monde y vivaient dans des conditions meilleures que leurs congénères restés en Afrique, que les colonies à plantations étaient comparativement à l’Afrique, un véritable paradis pour les Noirs », s’insurge Boubacar Joseph Ndiaye.

Le site offre à méditer sur le passé d’une Afrique violée. « Puisse ce lieu être conservé avec les mêmes soins qu’aujourd’hui, pour dégoûter les hommes de leur tendance à devenir « bête » pour leurs semblables ». Allez vite au musée de l’Histoire !

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