L’Egypte grogne contre la lenteur des réformes


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Des militants pro-démocratie ont appelé à manifester ce mardi soir au Caire pour protester contre la lenteur des réformes promises par le Conseil suprême des forces armées, qui dirige le pays depuis la chute de Hosni Moubarak. Les concessions faites lundi soir par le Premier ministre, Essam Sharaf, après quatre jours de manifestations successives, n’ont pas convaincu les protestataires.

La rue est décidée à aller jusqu’au bout de la révolution. Après quatre jours de manifestations successives, qui ont débuté vendredi dernier, des manifestants pro-démocratie ont appelé à manifester massivement ce mardi soir au Caire pour réclamer une accélération des réformes et des procédures judiciaires lancées contre l’ancien président Hosni Mouabarak, tombé le 11 février dernier. Selon un message diffusé sur Facebook, le défilé devrait partir à 18 heures de la place Tahrir, épicentre de la contestation populaire à l’origine de la chute de l’ancien régime, pour se diriger vers le siège du gouvernement. Près de 2000 manifestants s’y sont rassemblés lundi.

Les organisations de la société civile et formations politiques à l’origine de ces rassemblements ont jugé insuffisantes les annonces faites lundi soir par le chef du gouvernement, Essam Sharaf, qui a promis lors d’une allocution télévisée, un remaniement ministériel. «J’ai ordonné un remaniement ministériel d’ici une semaine pour répondre aux demandes de la révolution et refléter la volonté réelle du peuple», a-t-il déclaré. Il a également fixé une échéance au 15 juillet pour le renvoi des policiers accusés d’avoir tué des manifestants durant le soulèvement. Il a aussi demandé des «procès ouverts» et «conduits sans délais» pour les responsables de l’ancien régime accusés de corruption, afin de répondre aux critiques sur les lenteurs et l’opacité de la justice dans ces affaires. D’après les chiffres officiels, près de 850 civils ont été tués et 6000 blessés dans les affrontements survenus lors de la révolte populaire. Selon une source militaire, Essam Charaf aurait demandé la démission de plusieurs ministres ayant exercé des fonctions sous le régime de Hosni Moubarak, ainsi que celle du vice-premier ministre Yahia el-Gamal et du ministre de l’Intérieur Mansour Issaoui.

L’armée pointée du doigt

Le premier ministre, dont l’arrivée à la tête du gouvernement en mars dernier avait été saluée par les mouvements anti-Moubarak, n’est pas le seul à faire face à cette vague de contestation. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), dirigée par le maréchal Hussein Tantaoui, qui assure l’intérim depuis la chute de l’ancien président, est également pointée du doigt par les contestataires qui lui reprochent de ne pas tenir ses promesses et d’employer désormais les mêmes méthodes de répression que l’ancien régime. Plusieurs ministres de l’ère Moubarak ont été condamnés à des peines de prison ces dernier mois. Mais l’acquitement le lundi 4 juillet des ministres du Logement, Ahmed Maghrabi, des Finances, Youssef Boutros-Ghali, et de l’Information, Anas el-Fiqqi, mis en cause dans des affaires de corruption, a provoqué la colère d’une partie de l’opinion qui critique le manque de sanctions et la lenteur de la justice pour punir les responsables de la répression durant la révolte. Plusieurs voix se sont également élevées contre des libérations sous caution de policiers accusés d’avoir tués des manifestants.

Le procès de Hosni Moubarak et ses deux fils, Alaa Moubarak et Gamal Moubarak, doit s’ouvrir le 3 août. Mais les protestataires estiment que le Conseil militaire suprême est peu disposé à faire asseoir l’ancien chef d’Etat sur le banc des accusés. Dans un message télévisé, le CSFA a déclaré ce mardi qu’il ne « renoncerait pas à son rôle dans la gestion des affaires du pays durant cette période critique de l’histoire de l’Egypte ». Il a émis une mise en garde contre les manifestants qui contestent sa gestion de la transition politique du pays. La lune de miel entre l’armée et le peuple égyptien semble s’être transformée en lune de fiel.

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