L’écrivain martiniquais Joseph Zobel s’en est allé


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L’écrivain martiniquais Joseph Zobel est mort samedi dernier, à Alès, dans le sud de la France, où il vivait depuis plus de trente ans. Son roman le plus célèbre, Rues Cases Nègres, cache une « œuvre riche et authentique » qui en fait « le peintre du petit peuple » martiniquais, estime l’adaptatrice de l’œuvre à l’écran, Euzhan Palcy.

Le grand public connaissait plus le film tiré de son célèbre roman, La Rue cases-nègres, que l’auteur lui-même. Joseph Zobel est mort samedi à l’hôpital d’Alès, (Gard) dans le sud de la France, où il vivait depuis sa retraite, en 1974. A 91 ans, l’écrivain martiniquais n’était plus aussi prolixe que lorsqu’il a écrit ses premières lignes, dans les années quarantes, publiées dans le journal Le Sportif. Depuis le village de Générargues, où il vivait, il a poursuivi son travail d’écrivain, publié un recueil de nouvelles, Gertal et autres nouvelles, (suivi de Journal, 1946-2002, éditions Ibis Rouge) et un autre de poésie, Le Soleil m’a dit (Oeuvre poétique, Ibis Rouge), tout en s’adonnant au dessin, à la sculpture et à l’art floral japonais.

« J’aimerais que les générations à venir, quand elles recherchent la Martinique authentique, se replongent dans tout ce qu’il a écrit, car Zobel, c’est une mine (…) Je pense qu’il nous laisse une oeuvre riche et authentique », a déclaré Euzhan Palcy, la réalisatrice de Rue Cases-Nègres, primée en 1982 d’un Lion d’argent à la Mostra de Venise. « Je dis que Zobel, c’est notre Pagnol. Zobel, c’est le peintre du petit peuple », a-t-elle poursuivi au micro de Radio Caraïbes International-Martinique.

Fort-de-France, Paris, Dakar

Zobel connaissait le petit peuple pour en être issu. Né le 26 avril 1915 à Rivière-Salée, dans le Sud de la Martinique, il a été élevé par sa grand-mère avant de rejoindre sa mère à Fort-de-France. Toutes deux se sont sacrifiées pour qu’il puisse poursuivre ses études et obtenir son Bac. Employé dans les Ponts et chaussées, à défaut d’avoir pu poursuivre des études dans l’architecture, en France, par manque de moyens, il écrit des textes qu’un ami lui propose de publier dans le journal Le Sportif.

Aimé Césaire l’encourage à écrire encore, mais son roman, qui stigmatise l’ordre colonial en comptant l’histoire d’un paysan qui tente de conquérir sa liberté par le travail, est censuré. Diab’là ne sera publié qu’en 1947. Le jeune écrivain est recruté comme attaché de presse du gouverneur lorsque la Martinique rejoint la France libre. En 1946, il rejoint Paris pour étudier la littérature à la Sorbonne, et finit par s’installer l’année suivante à Fontainebleau, où il enseigne au lycée François Ier, avec sa femme et ses trois enfants. Il connaît son premier succès en 1950 avec Rue Cases Nègres, célébré par le Prix des lecteurs (1 000 votants de La Gazette des lecteurs).

Dix ans après s’être installé en France, Joseph Zobel refait ses valises pour le Sénégal. Il profite de ses relations parisiennes et des dispositifs de la loi-cadre, et devient le directeur du collège de Zinguinchor, en Casamance, avant de regagner Dakar, quelques mois plus tard, comme surveillant général du lycée Van Vollen. Il quittera ensuite l’éducation nationale, sans abandonner son domaine de prédilection, pour produire des émissions éducatives sur l’antenne de Radio Sénégal. L’écrivain rend compte de quelques éléments de sa vie sénégalaise, longue de vingt ans, dans les recueils Et si la mer n’était pas bleue (1982) et Mas Badara (1983). Il a été fait Chevalier de la Légion d’honneur en 1998 et a reçu le Grand prix du livre insulaire en 2002 (organisé chaque année à l’occasion du Salon du Livre Insulaire d’Ouessant et décerné par un jury de sept membres) pour l’ensemble de son œuvre.

La bibliographie de Joseph Zobel sur le site « Martinique Shop »

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