FILID au Sénégal : quatre questions à l’écrivain, réalisateur et producteur belge Jean-Marc Turine


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Jean-Marc Turine
Jean-Marc Turine

Les plus grands auteurs au monde se retrouvent à Dakar dans le cadre de la 4ème  édition du Festival International de la Littérature de Dakar (FILID). Un évènement très couru et qui a réuni des dizaines d’acteurs. L’occasion pour Afrik d’accrocher Jean-Marc Turine, écrivain, réalisateur et producteur belge.

Au Sénégal se tient la 4e édition du Festival International de la Littérature de Dakar (FILID) du 21 au 24 mai 2025, au Grand Théâtre. Cette rencontre réunit des écrivains de diverses nationalités et a pour finalité de discuter de la place du livre dans une société en constante mutation mais aussi de récompenser les plus belles productions sélectionnées par un jury.

En 1959, alors âgé de 13 ans, Jean-Marc Turine subit des abus sexuels par des prêtres jésuites au collège Saint-Michel à Bruxelles, traumatisme qu’il révèle en 2022 dans Révérends pères. Marqué à vie, il déclare que ces violences tuent psychologiquement. D’abord enseignant, il devient producteur à France Culture, auteur de disques, coscénariste avec Marguerite Duras et Jean Mascolo, et réalisateur de documentaires sur des figures littéraires comme Robert Antelme et le groupe de la rue Saint-Benoît. Afrik.com s’est entretenu avec lui, en marge du salon.

Qu’est-ce qui justifie votre présence à Dakar ?

« Je suis à Dakar venant de Bruxelles, et je suis là parce que je suis invité au FILID, le Festival International du Livre au fond de la littérature de Dakar, parce qu’il se fait que, il y a quelques années, j’ai obtenu le prix des cinq continents de la francophonie pour un roman. Et à partir de quoi j’ai été invité à participer à des événements littéraires à Bamako, à Conakry, et puis ici à Dakar. Je retrouve l’ambiance, mais une ambiance, je ne vais pas parler d’amicale, mais c’est surtout l’intérêt de rencontrer des personnes qu’on ne rencontrerait pas si je n’étais pas là, même des gens que je ne lirais pas, parce que ce n’est pas distribué en Europe et que les Européens ne sont pas distribués ici ».

Quelle différence relevez-vous entre le paysage littéraire africain et celui européen ?

« C’est-à-dire que tu vois le monde, tu sors de l’Europe, tu sors de la Belgique, puis là tout à coup tu découvres une autre réalité qui est la réalité africaine. Et la réalité africaine, francophone, elle est pleine de vie, elle est incroyablement vivante, par rapport à ce que je peux voir en Belgique ou en France. Il y a une vivacité ici, c’est fabuleux ».

Ne pensez-vous pas qu’il faudrait aller vers une collaboration entre l’Afrique et l’Europe ?

« Il faut ces jonctions, c’est absolument indispensable, mais le problème, c’est qu’il y a très peu d’éditeurs français, par exemple, qui acceptent de céder des droits ici pour avoir une édition beaucoup moins chère. Qui est capable ici d’acheter un bouquin à 20 euros ou 25 euros. Même 18 ou 17, c’est de la folie. Il faut aussi permettre, non seulement, à des écrivains africains d’être édités en France ou en Belgique, mais c’est permettre à des auteurs, des écrivains français, par exemple, d’être publiés, ici, à moindre frais. Il faudrait quasiment des coéditions. Et ça, les grandes boîtes le refusent actuellement ».

Pour quelles raisons à votre avis ?

« Je n’en sais rien. Est-ce que c’est simplement économique ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Je n’en sais rien. Pourquoi ça reste à ce point limité ? Moi, je suis enchanté, par exemple, le bouquin pour lequel j’ai eu mon prix de la francophonie, il a été édité à Dakar, chez Mamtouti, c’est sorti l’année dernière ».

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