L’eau en Algérie : gestion, nouveaux tarifs et… service public


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Des canalisations d'eau (illustration)
Des canalisations d'eau (illustration)

La problématique de la bonne gestion d’une ressource rare, l’eau en l’occurrence, revient sur le tapis. En plus des projets importants annoncés pour pallier l’urgence, la gestion « économique » de l’eau est plus que lancinante. D’où l’annonce de nouveaux tarifs.

L’Algérie offre le tableau emblématique des problèmes liés à l’eau tels qu’ils se posent à l’échelle planétaire et tels que cernés, à quelques détails près, lors du forum de La Haye en 2001. Le Conseil mondial de l’eau a montré, on ne peut plus clairement, qu’il « faudrait plus que doubler le rythme annuel des investissements consacrés au secteur de l’eau pour parvenir à une situation satisfaisante… en 2025 ». La question qui se pose présentement avec acuité en Algérie est celle du comment d’une utilisation optimum de cette ressource rare.

La réalisation de gros projets hydrologiques – barrages, retenues, usines de dessalement… – et les 300 milliards de dinars consacrés pour les trois prochaines années au secteur de l’eau ne suffisent pas et ne suffiront pas à combler… un manque d’imagination qui, lui, s’avère coûteux et plein de risques. Donc, la question n’est pas seulement une affaire de projets ou de capitaux. C’est une affaire de gouvernance et de gestion d’une ressource sur laquelle il faut, de plus en plus, sensibiliser les uns et les autres. C’est le problème de la rareté de l’eau mais aussi de son coût économique, et donc son véritable prix, qui se pose à présent.

En panne… d’une politique de l’eau !

Le problème de fond est donc politique. Annoncée il y a plus de six années, la « nouvelle politique de l’eau » n’est pas encore mise en place dans ses aspects stratégiques. Reste que les fondements de cette « nouvelle politique » sont aujourd’hui admis par les pouvoirs publics algériens, en l’occurrence l’unicité de la ressource, la concertation, l’économie, l’écologie et… l’universalité. S’agissant du principe d’économie, un expert de l’ex-ministère de l’Equipement qui avait en charge la gestion des ressources hydriques les années précédentes avait relevé que « au plan du principe (celui de l’économie), l’absence d’un régime d’incitation au sein des services des eaux et des infrastructures est citée parmi les causes majeures à l’origine de la médiocrité et de la mauvaise qualité de gestion de la ressource ».

C’est pourquoi tout le monde acquiesce maintenant à l’idée de voir l’eau « facturée » à son juste prix, même si des précautions sont à prendre pour ne pas « jeter » ce service dans la logique économique ou marchande qui créerait plus de problèmes collatéraux (santé, hygiène publique, conflits, etc.) qu’elle n’en résoudrait. L’annonce faite par M. Benflis d’une augmentation des tarifs de l’eau ne peut donc surprendre. Mais cela ne constitue pas pour autant une réponse suffisante ou une finalité.

Imaginer un nouveau système

À La Haye, après le Forum mondial de l’eau, Gérard Mestrallet, PDG de Suez (compagnie des eaux), a relevé les dangers de laisser la gestion de l’eau à une simple logique marchande ou mercantile. « Certains invoquent les risques d’une privatisation de l’eau, de sa transformation en bien marchand ou de la mondialisation de l’industrie de l’eau. L’eau est un bien commun. Il faut s’opposer à la privatisation de la ressource en eau car, à nos yeux, l’eau n’est par une marchandise. Nous ne vendons pas une marchandise, nous assurons un service, celui de rendre disponible à chacun, en permanence, une eau purifiée et de restituer cette eau au milieu naturel après traitement. C’est le prix de ce service qui est facturé et non l’eau comme matière première ».

Ainsi, il assénera que « la privatisation des infrastructures de l’eau dans les pays en développement n’est pas nécessaire. Il faut un partenariat public-privé dans lequel les infrastructures sont confiées à l’opérateur privé pour la durée de son contrat. À lui de les entretenir et de les améliorer ». Et de plaider pour un partage des rôles. « Aux autorités publiques l’initiative et le contrôle, au secteur privé l’exécution et la gestion ; c’est cela le partenariat public-privé ».

Un universitaire algérien a relevé les aberrations du système actuel « orienté vers l’exploitation extensive de l’eau. Ce système ne motive ni son économie ni sa protection. Le système de tarification actuel ne reflète ni les dépenses des secteurs ni les niveaux de consommation. Il est sans impact notable sur la gestion des entreprises du secteur, et ne motive ni la production, ni l’économie de l’eau, ni sa préservation ».

Par Kamel C. pour notre partenaire El Watan

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