L’avenir d’un jeune Congolais, un vrai labyrinthe


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Des motocyclistes
Des motocyclistes

En République Démocratique du Congo, l’avenir d’un jeune est semblable à un labyrinthe. Depuis quelques décennies, achever ses études ou cumuler les diplômes universitaires ne garantit pas une vie professionnelle réussie. Entre chômage, métier qui ne correspond pas à son domaine d’études, de nombreux jeunes n’ont pas d’autres choix que d’évoluer dans le secteur informel par manque d’emploi. Rencontre !

26 septembre à Bukavu, petite ville située dans l’Est de la RDC. Ce matin, le soleil s’est levé tôt. Comme d’habitude, des embouteillages plombent la circulation au milieu des marées humaines qui déferlent le long de la place de l’indépendance, l’un des points chauds de cette ville. A quelques mètres du grand monument, se trouvent plusieurs motocyclistes en attente des potentiels clients. L’un d’eux, Fazili. Jeune homme brun, relativement propre, regard doux et calme. « Bonjour monsieur. Que je vous amène où ? », me lance-t-il en kiswahili, une langue locale. Difficile de ne pas monter à bord de sa moto. Son ton bienséant joue amplement en sa faveur. Pour autant, son attitude intrigue si on s’en tient à l’effervescence et aux langages vulgaires des motocyclistes congolais.

Un échange constructif avec un jeune

Sur sa moto, la discussion est lancée en toute convivialité. Je suis le premier à lancer le débat : « Je suis en admiration face à vos manières ! », « Ah bon, merci beaucoup », répond-il avec un sourire au coin. Ajoutant que « nous ne devons pas oublier les bonnes manières, en dépit des difficultés de la vie ». Une réponse qui amène à réfléchir. En effet, Fazili est un jeune courageux qui n’a pas du tout baissé les bras, malgré le manque d’emploi. « Cela fait 3 ans que j’ai obtenu mon diplôme de Licence (Bac+5) en Sociologie. Par manque d’emploi, je me suis orienté dans ce métier pour joindre les deux bouts du mois », raconte-t-il. Grâce à son métier, M. Fazili est à-même de payer le loyer et subvenir aux besoins de sa famille.

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Le marché de l’emploi et les filières

Achever ses études en Sociologie pour devenir par la suite motocycliste. La situation de Fazili n’est pas un cas isolé. « Je n’ai pas d’autres choix. Parfois il faut apprendre à s’adapter aux conjonctures », me lance-t-il d’un ton résilient. Un autre jeune, Pascal, s’est aussi retrouvé dans une situation similaire. Âgé de 28 ans, ce jeune s’est orienté vers la conduite automobile après avoir obtenu un diplôme en Administration rurale. Une activité qui n’a rien à voir avec ses études. Pour lui, le mal est profond. « C’est triste lorsqu’on fournit d’énormes efforts pour se retrouver sans emploi, après 5 ans d’études », assène-t-il.

En République Démocratique du Congo, le taux de chômage touche près de 60% de la population active. Chaque année, des milliers de diplômés peinent à trouver un emploi. Nonobstant la complexité du marché de l’emploi, il y a lieu de se poser d’autres questions structurelles sur le secteur professionnel au pays. Il s’agit, entre autres, des filières aux débouchés professionnels incertains que proposent de nombreuses institutions et la mauvaise perception des travaux manuels face aux métiers du secteur bureautique.

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