L’Attiéké : spécialité ivoirienne ou burkinabée ?


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Atiéké

Lors de la 5e édition du Salon International de l’Agriculture et des Ressources Animales à Abidjan, le fonds Pierre Castel a décerné le prix du meilleur agropreneur à la promotrice du « Faso Attiéké ». Ce prix, loin de mettre ce plat mythique au-devant de la scène internationale, a fait naître un véritable débat d’identité culturelle entre la Côte d’Ivoire qui en revendique la paternité et le Burkina Faso.

Une distinction hautement contestée

C’est au cours du Salon International de l’Agriculture et des Ressources Animales qu’un prix a été décerné, le 22 novembre dernier, au « Faso Attiéké », un produit made in Burkina Faso créé par Mme Florence Bassono. Ce geste du fonds Pierre Castel a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux. Pour plusieurs Ivoiriens, il est inadmissible qu’une étrangère puisse être primée pour un produit considéré comme une richesse culinaire ivoirienne.

Cela a fait naître un mouvement de contestation sur les réseaux sociaux avec le slogan « Touche pas à mon Attiéké ». Le mouvement dénonce le fait que l’entreprise tire sa rentabilité commerciale de l’exploitation de l’un des plus illustres trésors ivoiriens. Une contestation qui tend à s’officialiser, avec un communiqué du ministre ivoirien du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba. Ce dernier dénonce l’utilisation du terme « Attiéké » sans l’autorisation préalable des autorités ivoiriennes.

« Faso Attiéké », simple nom commercial

Face à la contestation, la promotrice du « Faso Attiéké » a tenu à rappeler que son choix avait uniquement un but commercial et était dépourvu de toute tentative de labellisation du nom de ce plat propre à la Côte d’Ivoire.  Le nom « Faso Attiéké » ne représente rien d’autre que le nom commercial du produit. D’ailleurs, ce produit est enregistré sous le N° 5201208261 depuis le 10 juillet 2011.

Les autorités ivoiriennes et burkinabées ont d’ores et déjà décidé de porter l’affaire devant l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI). C’est elle qui a la compétence de procéder à l’enregistrement d’une marque commerciale. Elle est aussi habilitée à valider une indication géographique protégée, comme c’est le cas en France avec la région de la Champagne qui a tenté d’interdire à d’autres régions la production de son vin effervescent.

Le débat tournera essentiellement autour du statut d’appellation d’origine contrôlée du mot « Attiéké » ou de celui de dépôt commercial, notamment en vertu de l’association avec un autre terme. Alors que Florence Bassono déclare avoir protégé le nom commercial « Faso Attiéké » en 2011, c’est seulement en 2022 que la démarche ministérielle engagée en 2017 pour protéger le terme « Attiéké » arrivera à son terme. En attenant la déciscotion de l’OAPI, le débat fait rage.

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