L’armée nigériane repousse des attaques coordonnées de Boko Haram : 50 terroristes neutralisés


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Terrorisme en Afrique illustration
Terrorisme en Afrique illustration

L’armée nigériane a repoussé avec succès des attaques simultanées menées par des insurgés islamistes contre plusieurs bases militaires dans les États de Borno et Yobe, jeudi dernier. Cette opération, qui a permis de neutraliser plus de 50 terroristes et de saisir un important arsenal, illustre l’intensification de la lutte contre les groupes djihadistes dans le nord-est du pays.

Le nord-est du Nigeria reste le théâtre d’affrontements réguliers entre les forces armées et les groupes terroristes, principalement Boko Haram et sa faction dissidente, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Depuis plus de 16 ans, ces organisations tentent d’établir un califat dans cette région stratégique du bassin du lac Tchad, multipliant les attaques contre les civils, les forces de sécurité et les infrastructures publiques.

Des attaques coordonnées repoussées avec succès

Dans la nuit de mercredi à jeudi, entre minuit et 4 heures du matin, les insurgés ont lancé des assauts simultanés contre plusieurs positions militaires stratégiques. Les bases de Dikwa, Mafa et Gajibo dans l’État de Borno, ainsi que celle de Katarko dans l’État voisin de Yobe, ont été prises pour cibles dans ce qui apparaît comme une opération coordonnée de grande envergure.

Selon le lieutenant-colonel Sani Uba, porte-parole de l’armée pour le nord-est, les forces nigérianes ont riposté avec détermination. « L’effort combiné des forces terrestres et aériennes a permis la neutralisation de plus de 50 terroristes sur l’ensemble des sites« , a-t-il déclaré dans un communiqué officiel. Les renseignements militaires attribuent ces attaques à l’ISWAP, bien que l’armée n’ait pas officiellement identifié la faction responsable.

La réponse militaire s’est appuyée sur une coordination exemplaire entre les troupes au sol et l’appui aérien fourni par l’armée de l’air nigériane (NAF). Les frappes de précision, guidées par les dispositifs de surveillance et de reconnaissance aérienne (ISR) déployés dans la zone, ont donné aux forces armées un avantage décisif face aux assaillants.

Un arsenal considérable récupéré malgré des dégâts matériels

L’opération a permis la saisie d’un important arsenal comprenant :

  • 38 fusils d’assaut AK-47
  • 7 mitrailleuses PKT
  • 5 lance-roquettes RPG
  • 2 mitrailleuses polyvalentes GPMG
  • Des grenades à main
  • Des milliers de munitions de différents calibres

Cependant, les combats n’ont pas été sans conséquences. Les insurgés ont utilisé des drones armés, souvent des modèles commerciaux modifiés pour larguer des explosifs, ainsi que des tirs de RPG, causant des dégâts importants aux infrastructures militaires, particulièrement à Mafa et Dikwa où les défenses ont été temporairement percées. Plusieurs véhicules et bâtiments ont été incendiés lors des affrontements.

Des sources militaires indiquent que plus de 70 insurgés blessés seraient encore poursuivis à travers le Triangle de Timbuktu et vers la frontière camerounaise. Les renseignements révèlent que les terroristes qui ont attaqué Dikwa et Gajibo seraient venus de l’axe camerounais, tandis que ceux de Katarko proviendraient du Triangle de Timbuktu.

L’armée a confirmé que plusieurs soldats ont été blessés lors des échanges de tirs, mais que leur état reste stable. Les autorités militaires n’ont pas communiqué le nombre exact de victimes dans les rangs de l’armée.

Un conflit qui perdure dans un contexte régional complexe

Cette victoire tactique s’inscrit dans un conflit de longue durée qui a déjà coûté la vie à plus de 40 000 personnes et déplacé environ deux millions de Nigérians depuis 2009. L’insurrection, qui s’est étendue aux pays voisins, a nécessité la création d’une coalition militaire régionale incluant le Tchad, le Niger et le Cameroun.

Les groupes terroristes ont récemment intensifié leurs activités, avec notamment l’attaque de septembre 2024 à Mafa (État de Yobe) où l’ISWAP a tué au moins 170 villageois, et celle d’octobre 2024 où Boko Haram a tué 40 soldats tchadiens sur une base militaire près du lac Tchad.

Face à cette menace persistante, l’armée nigériane continue d’adapter ses stratégies, intégrant de nouvelles technologies de surveillance et renforçant la coordination entre ses différentes unités. Toutefois, les défis restent nombreux dans cette région difficile d’accès, où les insurgés exploitent la géographie complexe du bassin du lac Tchad et les frontières poreuses pour mener leurs opérations.

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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