L’« Appel pour une République multiculturelle et postraciale » est lancé


Lecture 3 min.
arton18547

François Durpaire, Lilian Thuram, Rokhaya Diallo, Marc Cheb Sun et Pascal Blanchard ont lancé ce mercredi, au musée Dapper, à Paris, un Appel pour une République multiculturelle et postraciale, un an jour pour jour après que Barack Obama a été investi président des Etats-Unis. La France s’est réjouie de l’évolution de la société américaine longtemps déchirée par la ségrégation et les préjugés raciaux. Pourtant, les auteurs de l’appel font l’amer constat d’une société française bloquée, qu’ils entendent, grâce à cent propositions pluricitoyennes, faire aller de l’avant.

« Dans notre culture, il y a des barricades, surtout mentales », dénonce l’historien François Durpaire, coordinateur de l’Appel pour une République multiculturelle et postraciale. « Regardons le métro le matin, c’est un métro multiculturel. Ce n’est pas une affirmation politique, c’est un constat », lance Pascal Blanchard, historien lui aussi et co-signataire de l’appel. La société française a changé, mais cette évolution peine a s’inscrire dans les mentalités et les institutions. « Un Etat monochrome, comme le sont les médias, pour une nation multicolore », c’est le mal que dénoncent les cinq personnalités à l’origine du texte diffusé dès demain, dans les kiosques, dans le 24ème numéro de Respect Mag, dont le directeur de publication, Marc Cheb Sun, est un signataire.

Les révoltes de l’Outre-mer, l’investiture de Barack Obama, le débat sur l’identité nationale dans l’Hexagone, l’anniversaire des 50 ans de l’indépendance de plusieurs pays d’Afrique noire… Dans ce contexte, nombre de questions surgissent et rappellent l’urgence qu’a la France à reconnaître sa diversité pour enfin devenir une République multiculturelle. « Une pluralité d’héritages a forgé notre identité et il est indispensable de déconstruire les préjugés qui polluent nos relations sociales. », estime Pascal Blanchard.

« Il faut créer une histoire commune »

Revisiter l’histoire française et coloniale, mieux informer et éduquer seraient les premiers remèdes à administrer pour faire évoluer les mentalités. « Il y a un réel manque de connaissance de l’autre, déplore Lilian Thuram. J’ai demandé un sondage. Première question : « Combien existe-t-il de races ? » 55 % des personnes interrogées répondent  » plusieurs », 22 % en comptent six. Deuxième question  » Quelles sont les qualités spécifiques des personnes noires ? » Seuls 35 % répondent qu’il n’y en a pas » Un constat que l’ancien footballeur peine à digérer.

« L’objectif, c’est d’être dans la société la plus harmonieuse qui soit, sans préjugés », déclare Rokhaya Diallo, présidente de l’association Les indivisibles. Les auteurs de l’appel espèrent l’avènement d’une France post-raciale au sein de laquelle les traumatismes du passé ne seront plus aussi visibles. Selon eux, la France n’est pas raciste mais encline à perpétuer des préjugés raciaux.

Pour apporter des solutions concrètes au problème et irriguer le débat publique, les initiateurs de l’Appel pour une République multiculturelle et postraciale ont demandé de nombreuses personnalités – scientifiques, chercheurs, responsables politiques et associatifs ou encore militants dans les domaines les plus divers – de formuler « 100 proposition pluricitoyennes ». Ces propositions soutiennent l’idée que la diversité est plus qu’un terme à la mode et qu’elle doit être envisagée comme une question transversale, dans le sens du mieux-vivre ensemble.

Elles seront certainement longues et difficiles à mettre en place. Pour cela, un « rapport de force » est nécessaire pour reconfigurer la République, estime François Durpaire. Les Français, quelles que soient leurs origines, ont face à eux un défi majeur.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News