L’Apartheid indemnisé


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Le président sud-africain Thabo Mbeki a annoncé ce mardi la création d’un fond de 85 millions de dollars pour indemniser les victimes de l’Apartheid. Une somme bien loin des 360 millions demandés par une Commission vérité et réconciliation que le chef de l’Etat désavoue en refusant l’amnistie pour les auteurs des crimes passés.

Chaque famille sud-africaine victime du régime de l’Apartheid recevra 3 900 dollars en guise d’indemnisation quant aux préjudices subis. Le président Thabo Mbeki a tranché ce mardi. Un fonds de 85 millions de dollars sera ouvert à cet effet. Quatre fois moins que ce que demandait la Commission vérité et réconciliation. Le chef de l’Etat s’est également prononcé contre le principe d’amnistie pour les personnes venues faire leur mea culpa devant la Commission.

L’annonce du chef de l’Etat intervient deux semaines après que la Commission, dirigée par l’archevêque et prix Nobel de la paix, Desmond Tutu, ait rendu public son rapport final. Fruit de sept longues années de travail. Force est de constater que les dispositions présidentielles vont quelque peu à l’encontre des requêtes de la Commission.

Ni d’amnistie, ni taxe sur les entreprises

Si d’aucuns estiment que la somme allouée à chaque famille de victimes est dérisoire, Thabo Mbeki estime que  » personne ne peut donner une valeur monétaire à la vie et à la souffrance « . 19 000 des 22 000 individus ou familles qui ont témoigné devant la Commission seront indemnisés. Le président répond à une ancienne revendication nationale et met fin à des années de pression. Le chef de l’Etat refuse toutefois l’idée de taxer les entreprises ayant bénéficié du régime de l’Apartheid. Les 85 millions de dollars seront issus d’un  » fonds présidentiel  » auquel tous les Sud-africains sont appelés à apporter leur contribution.

Thabo Mbeki s’est déclaré contre l’amnistie des personnes ayant reconnu leurs crimes. Un camouflet de taille pour Desmond Tutu puisque le pardon l’essence même de cette commission. Une remise en cause qui, pour beaucoup, intervient bien tardivement. Le Premier magistrat sud-africain considère qu’on ne peut se soustraire au  » principe de responsabilité « . D’autant que toutes les victimes ne se sont pas fait connaître de la Commission. Thabo Mbeki craint qu’une amnistie ne suscite un sentiment d’injustice dans la population.

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