L’Angola, nouvel eldorado africain des investissements étrangers ?


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Sorti miné de 27 ans de guerre civile, l’Angola redevient une terre propice pour les investisseurs étrangers. Ses richesses ? Un pays maritime immense, une économie en pleine restructuration et surtout du pétrole et des diamants. Autant d’atouts que le gouvernement, controversé, doit préserver…

Par Fabienne Pinel

Renaissance angolaise. Après des années de guerre civile le pays se relève de ses cendres et intéresse de plus en plus d’investisseurs. Malgré une démocratie balbutiante. En Angola, le cauchemar colonial s’est perpétré en guerre civile. L’indépendance, arrachée en 1975 après 20 ans de rébellions nationalistes sanglantes, aboutit à une guerre civilo-ethnique marquée par la Guerre Froide. Trois groupes armés s’opposent dans de violentes luttes fratricides qui ne s’achèveront qu’avec la mort, en février 2002, du leader historique de l’UNITA (Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola), Jonas Savimbi. Un cessez-le-feu est signé mettant fin, officiellement, à un conflit qui aura fait 500 000 morts et 4 millions de déplacés. Désormais, l’Angola doit s’atteler à la reconstruction d’un pays dévasté, dont le sol regorge de mines antipersonnelles. Canaliser d’importantes ressources naturelles, réhabiliter l’ensemble des infrastructures détruites et lutter contre la pauvreté sont les défis à relever par les autorités. Le pays s’offre depuis une nouvelle jeunesse. Un énorme potentiel, notamment en ressources naturelles, qui intéresse beaucoup d’investisseurs internationaux.

Pétrole et diamants

Pétrole et diamants dominent, aujourd’hui, largement l’économie angolaise. Deuxième pays producteur de pétrole de l’Afrique sub-saharienne et non membre de l’OPEP (Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole), l’Angola suscite la convoitise de nombreux pays occidentaux et d’Asie. Les réserves sont estimées à 12 milliards de barils, principalement situées au large de l’enclave de Cabinda, une zone sous tensions où règnent des velléités séparatistes. L’Angola extrait 1 million de barils par jour, mais devrait doubler sa production, d’ici 5 ans, grâce à la mise en service de deux nouveaux champs pétrolifères. Cette matière première représente la moitié du PIB (produit intérieur brut), les ¾ des recettes publiques et 90% des exportations. Une manne financière équivalant, en 2005, à 12,3 milliards d’euros. Mais, les liens entre ce marché et les autres secteurs de l’économie restent encore très limités et les ressources tirées des hydrocarbures ne génèrent que peu d’emplois.
Les diamants sont la deuxième source de revenus du pays mais ne représentent que 5% du PIB. Le gouvernement cherche à reprendre le contrôle de ce secteur. En 2004, 300 000 étrangers sont expulsés pour exploitation illégale de diamants, au cours de l’opération Brilhante. La production diamantifère devrait, comme celle d’hydrocarbures, doubler avec la mise en production de plusieurs mines. Malgré cela, diamants et pétrole continuent de souffrir de l’opacité des finances publiques. Et l’Angola, en dépit de ses richesses, peine à développer les autres secteurs de son économie, comme la pêche, l’agriculture, les services ou le commerce.

Une croissance à deux chiffres, mais…

Pourtant, le PIB en hausse constante et à deux chiffres depuis 2002, attire de nouveaux investisseurs. L’Angola devrait atteindre, cette année, une croissance supérieure à 24% ! Avec la stabilisation de l’inflation, retombée en deçà des 35% en 2004, l’Angola apparaît comme une terre providentielle pour des investisseurs étrangers, longtemps privés de ce marché sous chape de plomb communiste. Depuis la chute du Mur de Berlin, l’Union européenne est devenue le premier fournisseur de l’Angola, avec en tête, le Portugal. Ce dernier, confronté à de sérieuses difficultés économiques, est particulièrement dépendant de ses échanges avec l’Angola. Les ventes lusitaniennes ont dépassé, en 2005, les 800 millions d’euros, avec l’objectif d’atteindre un milliard, l’an prochain.

Si l’Angola dispose d’importants atouts pour devenir un grand d’Afrique, il pâtit en revanche d’un sérieux handicap en matière de bonne gouvernance. Transparency International range l’Angola parmi les pays les plus corrompus de la planète, 151ème sur 158. Des analystes, comme s’en fait l’écho L’état du monde (Hachette, édition 2006), pointent « le quasi monopole de tous les secteurs économiquement rentables au profit du Président, José Eduardo dos Santos, et de ses réseaux. » Quant à la justice, elle reste une émanation du pouvoir où les dirigeants accusés de corruption ne sont pas poursuivis. Une situation qui entretient une certaine culture de l’impunité. Côté population, le tableau est, là aussi, assez sombre. Ainsi, près d’un million de personnes (sur une population de 15,9 millions) dépendent de l’aide alimentaire, classant le pays parmi un des derniers mondiaux au titre de l’Indicateur de développement humain (160 sur 177). La malnutrition touche la moitié des enfants en bas âge et le taux d’analphabétisme est un des plus forts d’Afrique (58%).

Sur le plan politique, les élections annoncées par le Président, législatives en septembre 2006 et présidentielles début 2007, pourraient être contrariées en raison du retard dans la préparation des premiers scrutins pluralistes depuis la fin de la guerre. Les forces de l’opposition ont d’autant plus de raison de s’inquiéter qu’elles ont l’interdiction de se réunir et voient leurs militants persécutés. A l’approche des échéances électorales, le gouvernement réaffirme son contrôle sur les médias, et continue d’entraver l’activité de la presse privée. D’aucuns avancent même que le gouvernement cherche à créer un climat de tension et de violence justifiant ainsi un possible report des prochaines élections. Pour devenir un véritable eldorado économique et convaincre les bailleurs de fonds internationaux de ce bon choix, l’Angola doit encore terminer sa mue démocratique…

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