Le dossier du Sahara occidental revient sur le devant de la scène internationale grâce à l’Algérie qui réaffirme son engagement pour un référendum d’autodétermination, en accord avec les résolutions de l’ONU. Amar Bendjama, représentant permanent de l’Algérie, a remis au cœur du débat la question sahraouie lors de la 79ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, interrogeant ouvertement sur les raisons qui empêchent le Maroc de permettre une consultation populaire sur son plan d’autonomie.
Historique du dossier du Sahara occidental
Le Sahara occidental, région située au nord-ouest de l’Afrique, est au centre d’une lutte pour l’indépendance depuis des décennies. Colonisé par l’Espagne jusqu’en 1975, le territoire a ensuite été revendiqué par le Maroc et la Mauritanie, entraînant un conflit armé avec le Front Polisario, le mouvement de libération du peuple sahraoui soutenu par l’Algérie. Après le retrait de la Mauritanie en 1979, le Maroc a continué d’administrer la majeure partie du territoire, malgré les revendications d’indépendance du Front Polisario.
En 1991, l’ONU est intervenue pour négocier un cessez-le-feu et a créé la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), avec l’objectif de permettre aux Sahraouis de se prononcer sur leur avenir, soit en optant pour l’indépendance, soit pour une intégration au Maroc. Cependant, le référendum n’a jamais eu lieu en raison de désaccords persistants entre les parties sur la question de qui devrait être éligible pour voter.
Le projet d’autonomie marocain : une alternative controversée
En 2007, le Maroc a proposé un projet d’autonomie pour le Sahara occidental afin de mettre fin au conflit avec le Front Polisario. Ce plan prévoit d’accorder une large autonomie à la région tout en maintenant sa souveraineté . Les habitants de la région éliraient leurs propres représentants pour gérer les affaires locales, telles que l’économie, l’éducation et la culture, mais les compétences régaliennes, comme la défense et la politique étrangère, resteraient sous le contrôle du Royaume du Maroc.
Cependant, ce projet a été rejeté par le Front Polisario qui estime qu’il ne garantit pas pleinement le droit des Sahraouis à l’autodétermination. Il considère qu’il s’agirait d’une mise sous tutelle qui ne laisserait rapidement plus de marge de manœuvre réelle aux sahraouis. Pour eux, la seule solution juste est celle d’un référendum supervisé par l’ONU, permettant aux Sahraouis de choisir entre l’autonomie, l’intégration au Maroc ou l’indépendance totale. C’est ce référendum d’autodétermination qui est depuis toujours soutenu par l’ONU.
L’appel algérien à un référendum : « Pourquoi a-t-on peur de la démocratie ? »
Lors de son intervention à New York, Amar Bendjama, représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unie, a soulevé des questions directes et sans ambiguïté quant à la position marocaine : « Le Maroc utilise toutes sortes de manœuvres pour reporter cette consultation (référendum d’autodétermination du peuple sahraoui), y compris le fameux projet d’autonomie (…). Ce projet, s’il était si intéressant, pourquoi le Maroc ne le propose-t-il pas à la consultation ? Avez-vous peur de l’appel de la liberté pour le peuple sahraoui ?« , a-t-il lancé.
Ces propos reflètent une frustration légitime face aux manœuvres dilatoires du Maroc pour contourner la tenue d’un référendum pourtant appelé de ses voeux par la communauté internationale. Selon Bendjama, la MINURSO est toujours en attente de l’autorisation pour organiser cette consultation démocratique, « pour le bien de toute la région ». Il a également rappelé la position de l’Algérie, qui défend depuis son indépendance « le droit inaliénable des peuples opprimés à l’autodétermination« . Une position algérienne qui est identique concernant la population sahraouie que concernant le peuple palestinien. Cela alors que le Maroc de son coté a des discours à géométrie variable sur cette question des peuples opprimés.
Les difficultés des Sahraouis dans les camps de réfugiés
En effet, pendant ce temps, une partie importante de la population sahraouie continue de vivre dans des conditions précaires dans des camps de réfugiés, principalement situés à Tindouf, en Algérie. Ces camps, établis depuis plusieurs décennies, abritent des milliers de Sahraouis qui ont fui les hostilités au Sahara occidental. La vie dans ces camps est difficile : les réfugiés dépendent de l’aide humanitaire et du soutien algérien pour leur survie, et l’accès à des services essentiels tels que l’eau, la nourriture, les soins de santé et l’éducation est limité.
Le manque de perspectives économiques et l’incertitude quant à l’avenir politique du territoire pèsent lourdement sur ces populations, en particulier sur les jeunes, qui grandissent sans réelle opportunité de développement. Ces conditions exacerbent la frustration et le désir de voir le processus d’autodétermination aboutir, afin de permettre aux Sahraouis de retourner sur leurs terres avec une autonomie reconnue. Des terres qui sont riches en matières premières et halieutiques exploitée par des pays tiers.
La position algérienne : quatre principes pour une solution
Les efforts diplomatiques autour de la question sahraouie se poursuivent. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a rencontré récemment l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan De Mistura, pour discuter de la relance du processus politique. À cette occasion, M. Attaf a réitéré les quatre principes fondamentaux de l’Algérie concernant la résolution de ce conflit.
Le premier principe énoncé est que la question du Sahara occidental est, avant tout, « une question de décolonisation« , et doit être traitée comme telle, conformément à la doctrine des Nations unies. Ensuite, M. Attaf a souligné que la solution doit nécessairement passer par « l’exercice par le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination« .
Le troisième principe rejette clairement le plan d’autonomie proposé par le Maroc : « Le plan d’autonomie promu par le Maroc ne peut constituer une solution à la question du Sahara occidental car il contredit le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination« . Enfin, le quatrième principe stipule que le conflit ne pourra être résolu que par des « négociations directes entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario« .
Un contexte international en évolution
La question du Sahara occidental ne se limite pas à un affrontement bilatéral entre le Maroc et le Front Polisario. Elle est intimement liée aux dynamiques régionales, notamment aux relations entre l’Algérie et le Maroc, deux puissances rivales en Afrique du Nord. Alors que le Maroc cherche à obtenir des soutiens internationaux pour son plan d’autonomie, l’Algérie continue de se positionner comme le principal défenseur du droit des Sahraouis à choisir leur destin.
Dans ce contexte, Amar Bendjama a également répondu aux accusations marocaines d’ingérence : « Je voudrais rappeler que le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination est solidement ancré dans le droit international et dans les résolutions des Nations unies et du Conseil de sécurité ». Il a réaffirmé l’engagement de l’Algérie à soutenir le peuple sahraoui, ajoutant que l’Algérie « se tiendra inébranlablement aux côtés des opprimés, des peuples sous occupation coloniale« .
Vers une nouvelle dynamique pour le Sahara occidental ?
Avec la question sahraouie à l’ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies ce mois-ci, l’Algérie espère redonner un nouvel élan au processus de paix en soulignant l’importance d’un référendum d’autodétermination.
« L’Algérie, avec son héritage historique et ses valeurs et principes fondamentaux, se tiendra inébranlablement aux côtés des peuples du Sahara occidental pour qu’ils accèdent pleinement à leur droit à l’autodétermination« , a conclu Bendjama. Il revient maintenant à la communauté internationale, et en particulier au Conseil de sécurité de l’ONU, de prendre ses responsabilités pour surmonter l’impasse actuelle et à avancer vers une solution juste et équitable pour le peuple sahraoui.