L’Afrique va bien !


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L’analyste et stratège Matthias Leridon, président de Tilder, a mis à profit sa large connaissance de l’Afrique contemporaine pour établir une analyse en dix points de l’évolution du continent. Diagnostic irréfutable : l’Afrique va bien.

Au hasard des lectures de l’automne, un livre sorti de l’imprimerie il y a quelques mois déjà mérite que l’on en présente la thèse, bien argumentée : « L’Afrique va bien » est un ouvrage ramassé et rapide, construit sur dix mouvements animés et colorés, dix chapitres roboratifs qui fourmillent d’exemples et de références.

Chacun des chapitres évoque une thématique sur laquelle l’Afrique progresse sensiblement : de « la démocratie en marche » à « La poule sait bien que le jour s’est levé mais elle laisse le coq chanter », chaque sujet traité conduit l’auteur à défier les idées reçues et à corriger la vision condescendante du Nord sur le Sud. Sans caricature, car rien n’est encore parfait, sans angélisme, car les évolutions en cours n’ont pas la philanthropie comme seul horizon. Mais avec des arguments sérieux et des chiffres établis.

La démographie porteuse de croissance

D’abord l’éveil démographique : un être humain sur sept est aujourd’hui africain, nous serons un sur cinq sur le sol de l’Afrique en 2050. 43% des subsahariens ont moins de 15 ans, 62% moins de 25 ans ! Avec 1,8 milliard d’habitants en 2050, l’Afrique représentera une fois et demi l’Inde d’aujourd’hui, et trois fois l’Europe vieillissante de demain… La population africaine dépassera de 25% celle de la Chine, selon les comparaisons que Matthias Leridon reprend à Jean-Michel Severino dans son « temps de l’Afrique ». Ce dynamisme est le premier moteur de la croissance économique : c’est ainsi que dans la prochine décennie, la croissance mondiale reposera en grande partie sur la croissance du continent africain. Prévision vérifiée en 2010, et encore en 2011…

Les nouveaux pays riches qui tirent l’économie mondiale contribuent eux-aussi au dynamisme économique africain : Brésil, Chine, Inde, Russie investissent en masse le continent où ils trouvent à la fois des ressources, des capacités de travail, des occasions d’investissement assurées de rendements rapides.

Un sol nourricier

Premier ressort de la croissance africaine : le sol même de cette terre nourricière de l’Humanité. Minéraux, hydrocarbures, métaux rares ou précieux, tout y est donné à profusion. L’exploitation en a souvent été effectuée sans bénéfice pour les populations, mais les choses changent, gouvernants et peuples perdent leur cécité, comprennent les enjeux de développement qui sont liés à la juste répartition de la manne géologique ou naturelle…

Second bouleversement sensible : l’envol des Telecoms. Les réseaux tissent leurs toiles hertziennes pour le plus grand bénéfice des groupes qui les premiers y investissent : du Sud au Nord du continent, les success stories sont légion et accompagnent la plus formidable des mutations médiatiques : celle qu’engendre le progrès des communications. Au milieu de son champ le paysan arrête soudain son geste, et sort de sa poche un portable. Vision surréaliste où deux temps éloignés semblent soudain se confondre. C’est aujourd’hui.

L’essor des nouvelles technologies

Internet transforme l’essai marqué par les Telecoms. Avec l’augmentation des débits, les pionniers de l’Internet africain, comme AFRIK.COM, sont rejoints par de multiples émules, et Internet devient un immense marché ouvert sur le continent, et ouvrant le monde entier au continent, transformant l’éducation, les échanges, la liberté d’expression, démultipliant les horizons.

Effet retour sur les médias traditionnels, la libéralisation totale de la presse est en marche : la République démocratique du Congo compte désormais plus de 70 chaînes de télévision hertziennes, 160 stations de radio et 200 titres de presse. D’un bout à l’autre de l’Afrique, après la radio, média-roi, vient le temps du satellite et son déluge d’images variées. Proches ou lointaines. D’abord lointaines, et de plus en plus proches. De plus en plus africaines.

Même la bataille contre le SIDA paraît à Matthias Leridon exemplaire de la vitalité du continent, et de sa capacité à inventer, pays par pays, les outils de lutte les plus adaptés contre la pandémie. En rupture avec maints usages et bien des traditions, les pratiques sexuelles africaines ont pris en compte les risques et appris à les juguler !

Le sport, et l’art

Chapitre 8 : le sport… Soudain sur la scène sportive l’Afrique frappe haut et fort : moissons de médailles aux Championnats du monde d’Athlétisme, organisation de la Coupe du Monde de Football par l’Afrique du Sud… L’Afrique affirme sa force physique et son renouveau économique dans un même mouvement…

Et au-delà du sport, Matthias Leridon souligne la formidable fécondité artistique du continent : en musique, en arts plastiques, en littérature, l’Afrique est aujourd’hui une source d’inspiration et de création permanente, qui rayonne au-delà des océans, et nourrit les artistes, musiciens, peintres, écrivains du monde entier…

La force des femmes

En conclusion, l’auteur souligne la force des femmes africaines, leur capacité à dépasser leur condition et à imposer leur destin…
Ainsi se boucle une démonstration à la fois jubilatoire, moderne, sérieuse, bien motivée. On en ressort avec la volonté de « se lever » comme dit Tiken Ja Fakholy, pour donner un nouveau souffle à cette dynamique africaine !

NB :
Matthias Leridon, L’Afrique va bien, Edition Nouveaux débats publics, site internet : www.lafriquevabien.com

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