L’Afrique aiguise l’appétit de Walmart


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En officialisant fin novembre son offre de participation au capital du groupe Sud-africain Massmart, la chaine de distribution américaine Walmart a lancé son offensive sur le continent noir. Une implantation qui fait grincer des dents les syndicats sud-africains

Le géant de l’Arkansas Walmart et ses 408,21 milliards de chiffre d’affaire en 2009 s’apprête à s’implanter en Afrique. Présent essentiellement sur le continent américain, il entend ainsi aller chercher la croissance où elle se trouve. La chaîne de distribution américaine a officialisé le 29 novembre son offre sur Massmart, un groupe sud-africain disposant de 288 magasins dans 14 pays en Afrique.

Walmart, qui avait annoncé en septembre envisager d’acheter jusqu’à la totalité de Massmart, a revu ses ambitions à la baisse, se contentant d’une part majoritaire à hauteur de 51% et pour un montant de 1,78 milliards d’euros. « La transaction globale est estimée à environ 17 milliards de rands (2,36 milliards de dollars ou 1,78 milliard d’euros) pour les 51% de Massmart », a précisé le groupe.
La firme américaine, qui a fait des consommateurs à revenu modeste sa spécialité, espère profiter de l’expérience et des infrastructures du groupe sud-africain en Afrique.

Si le conseil d’administration de Massmart soutient « à l‘unanimité » une transaction » qui doit encore être entérinée, cette implantation a entraîné une violente réaction des syndicats sud-africains.

La grogne des syndicats sud-africains

Dès l’annonce des intentions du groupe américain en septembre, le Syndicat sud-africain du commerce, de la restauration et des travailleurs unis (SACCAWU) s’est déclaré « concerné par le simple fait que notre entreprise considère cette offre venant de Walmart visant à s’offrir une compagnie nationale stratégique en Afrique du Sud ». Considérant le groupe comme « notoirement anti-syndical » et étant un « affront aux droits des travailleurs partout où elle opérait », la principale fédération syndicale sud-africaine, a indiqué qu’elle n’excluait pas la possibilité de faire grève si le rachat s’effectuait. Discriminations, surveillance illégale de ses employés, niveau de salaire aux États-Unis entre 26% à 37% inférieur à la moyenne nationale. La liste des griefs est longue.

Inquiet de la réputation sulfureuse d’une société récemment contrainte de payer 34 millions de dollars d’arriérés de salaires, les syndicats sud-africains ont lancé début décembre une coalition anti-Walmart pour que son implantation ne « détruise pas l’économie locale et n’ait pas d’effet négatifs sur les droits des travailleurs ». La cour suprême des Etats-Unis se penchera, elle, au printemps 2011 sur une requête de 1,5 million d’employés de sexe féminins que le groupe aurait moins bien payé que les hommes à des postes équivalents.

Vincent Selim Duhem
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Formé au documentaire à La Fémis, Vincent Duhem est un journaliste d’investigation. Il publie ses premiers reportages en 2010 comme correspondant pour Afrik.com et afrik TV, au plus fort de la crise ivoirienne. Il travaillera aussi pour Slate Afrique et Jeune Afrique et de son édition anglophone The Africa Report, signant enquêtes et grands reportages sur la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin ou la RDC
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