L’aéronautique en Afrique: une source d’émergence pour le Maroc


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Illustration Sahara African Aviation Maroc
Illustration Sahara African Aviation Maroc

Le domaine aéronautique est un secteur technologique et économique apparu au début du XXe siècle, qui n’a cessé de se développer depuis le premier vol motorisé des frères Wright, le 17 décembre 1903. Il s’agit d’un domaine ayant propulsé le monde vers de nouveaux horizons et révolutionné le transport civil encore plus que le transport militaire. Toutefois, cette industrie est longtemps restée monopolisée par les grandes puissances économiques mondiales, jusqu’à ce que ces dernières décident récemment de délocaliser une partie de leur production dans des pays en développement, en raison de la concurrence croissante de nations émergentes ayant su développer un savoir-faire dans ce domaine et bénéficiant d’une main-d’œuvre locale moins coûteuse. Les pays africains ont-ils su tirer parti de cette nouvelle dynamique ?

Il y a près d’un an, la Tanzanie a annoncé la production du premier avion civil africain, avec trois exemplaires de Skyleader prêts à voler. Onze ans plus tôt, l’Afrique du Sud avait déjà produit un appareil militaire de reconnaissance. Toutefois, c’est le Maroc qui illustre le mieux la progression continue et stratégique d’un pays africain dans le développement d’un écosystème aéronautique national, avec un taux croissant d’intégration locale, rivalisant avec ceux de plusieurs pays émergents.

En effet, la valeur des exportations du secteur aéronautique marocain a atteint 21,864 milliards de dirhams en octobre dernier, soit une hausse annuelle de 17,3 %. Le secteur emploie aujourd’hui plus de 23 000 personnes, avec un taux d’intégration locale de 42 %. Ces performances font du Maroc le premier hub aéronautique en Afrique et l’un des centres de sous-traitance les plus dynamiques au monde. Grâce à sa main-d’œuvre qualifiée, à ses zones industrielles intégrées comme celles de Casablanca ou Nouaceur, et à des partenariats solides avec des géants mondiaux tels qu’Airbus, Boeing et Safran, le Maroc s’impose désormais comme une plateforme incontournable dans les chaînes de valeur de l’aéronautique mondiale

Pour consolider ces avancées et viser la construction du premier avion de grande taille entièrement marocain dans un avenir proche, le pays multiplie les initiatives stratégiques. Il élabore des politiques ciblant les besoins spécifiques de l’écosystème industriel tout en intégrant les impératifs de décarbonation et d’efficacité hydrique. Ces efforts ont contribué à attirer des investissements internationaux majeurs, notamment de la part d’acteurs comme Airbus, Boeing, Embraer, et bien d’autres.

Des entrepreneurs marocains tirent également parti de cette dynamique. C’est le cas de M. Anas Bennani, banquier d’affaires, qui a fondé Sahara Aviation Holding, une nouvelle société entièrement détenue par Palma Holding Aviation et implantée dans le sud du pays. Il s’agit de l’un des premiers exemples d’initiatives privées marocaines visant à structurer un véritable écosystème d’investissement aéronautique.

Le Maroc n’a aussi pas oublié que la concurrence impose toujours l’innovation puisqu’il élabore actuellement une banque de projets d’innovation technologique afin de renforcer les chaînes de valeur de ce secteur. En plus, le peuple Marocain se voit assez cultivé pour pouvoir proposer de nouvelles idées audacieuses dans ce domaine afin de suivre le courant de plusieurs entreprises innovatrices qui proposent des innovations courageuses qui risquent de révolutionner encore plus le secteur comme l’eVTOL, le speeder airbike de Volonaut, le Racer d’Airbus et bien d’autres…

Dans cette optique, l’Office marocain de propriété intellectuelle OMPIC reçoit les bras ouverts les innovations marocaines en aéronautique. Que ce soit en sécurité de l’aviation ou en technologie de navigation comme les deux récentes inventions marocaines internationales bien connues avec les numéros « WO2024263024A1 » et « WO2024242548A1.

Cependant, compte tenu du pouvoir d’achat relativement limité au Maroc, il serait pertinent que l’OMPIC rembourse intégralement les frais liés au dépôt de brevets dans le domaine aéronautique pour les particuliers, afin de stimuler davantage l’innovation nationale. Une telle mesure permettrait au Royaume de rivaliser sur le plan technologique avec les grandes puissances d’Europe, d’Asie et des Amériques.

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