
L’arrestation du célèbre militant kényan Boniface Mwangi a déclenché une vive réaction de la société civile. Accusé d’avoir « facilité des activités terroristes » lors des manifestations du 25 juin, il est détenu depuis samedi et doit comparaître devant la justice. Dimanche matin, un rassemblement pacifique s’est tenu devant le commissariat où il est retenu.
Les manifestants dénoncent une dérive autoritaire et la criminalisation croissante des voix dissidentes au Kenya.
Une arrestation qui choque les défenseurs des droits humains
Boniface Mwangi n’est pas un inconnu. Il est réputé pour son engagement contre la corruption, les violences policières et l’injustice sociale. Il est aussi l’un des visages les plus visibles du militantisme au Kenya. Son arrestation à domicile a été suivie de la perquisition des locaux de son organisation et de la saisie de matériel informatique. Cette opération est inquiétante pour les libertés civiles dans le pays. Selon la Direction des affaires criminelles, il aurait participé à l’organisation d’activités qualifiées de terroristes. Une accusation que sa famille et ses soutiens réfutent fermement.
Un climat de répression après les manifestations de juin
Le 25 juin dernier, des manifestations d’ampleur nationale ont rassemblé des milliers de jeunes. Ils protestaient contre la vie chère et les réformes économiques. La répression a été brutale. On compte au moins 19 morts et des centaines d’arrestations, selon la Commission nationale de défense des droits humains. Dans ce climat tendu, l’inculpation de Boniface Mwangi pour terrorisme suscite une vive indignation. Les ONG dénoncent une stratégie de la peur, pensée pour étouffer la mobilisation citoyenne.
Un rassemblement en solidarité face à la dérive sécuritaire
Dimanche, des militants, activistes et citoyens ordinaires se sont rassemblés devant un poste de police à Nairobi. Ils exigeaient la libération immédiate de Boniface Mwangi. Brandissant des pancartes, ils dénonçaient la criminalisation de la contestation. Les manifestants ont rappelé que la liberté d’expression est un droit fondamental.
Depuis la vague de protestations de juin, les ONG recensent 37 personnes poursuivies pour des faits liés au terrorisme, un chiffre alarmant selon elles. La société civile dénonce une instrumentalisation du système judiciaire à des fins politiques. Les militants redoutent un retour en arrière démocratique, où toute voix critique pourrait être assimilée à une menace pour la sécurité nationale. Les discours officiels justifient les arrestations au nom de l’ordre public, mais peinent à convaincre une opinion de plus en plus méfiante.