Kemet ou quand porter l’Afrique va de soi


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Vous vivez en Occident où transposer dans votre quotidien la mode africaine n’est pas toujours chose aisée. Pourtant, vous aimeriez tant… Alors vous êtes faits pour porter du Kemet, la nouvelle marque de prêt-à-porter « d’inspiration africaine » dont sont à l’origine Fidel et Michel Gomis et Yno Preira. Des Bissau-Guinéens passionnément manjaks.

Kemet. Ça ne vous dit rien… Mais bientôt (les soldes arrivent, c’est l’occasion de faire connaissance), vous vous arracherez cette nouvelle marque de « prêt-à-porter d’inspiration africaine ». Le concept est né, il y a plus de deux ans, dans les têtes bien remplies de trois trentenaires bissau-guinéens. Manjaks et fiers de l’être. Respectivement commercial à Gaz de France, ingénieur en informatique et ingénieur commercial ayant travaillé dans la mode de luxe, Fidel et Michel Gomis et Yno Preira ont réuni leurs idées et leurs compétences pour donner corps à une envie et un besoin. « On a toujours été très proches de nos origines africaines a travers notamment l’association que nous avons monté dont l’objectif est de promouvoir l’Afrique et les Manjak, groupe ethnique auquel nous appartenons. On les retrouve en Guinée Bissau, notre pays d’origine, mais aussi au Sénégal et ailleurs. Nous sommes nés en France, mais nous nous sommes toujours sentis proches de nos racines. Nous avons organisé plein de défilés de mode et des soirées à thème sur l’Afrique dans le cadre de notre association. Ce qu’on veut, c’est porter un bout d’Afrique dans notre quotidien, en allant travailler par exemple. Et on s’est rendus compte qu’il n’y avait rien sur le marché. C’est de là qu’est né le concept qui sous-tend Kemet : mettre en valeur des vêtements africains qui pourraient être portés dans la société occidentale dans laquelle nous vivons.»

Porter un peu d’Afrique sur soi

Pour les fondateurs de Kemet, il n’est pas question de surfer sur ‘la vague ethnique’. « Kemet, ce n’est pas une marque ‘ethnique’, c’est une marque d’inspiration africaine qui peut être portée par tout le monde. Le principe de Kemet est d’habiller le client du matin au soir », explique Yno Preira. « Nous ne nous sommes pas lancés à l’aveuglette. Le marché du textile est saturé mais nous travaillons dans une niche, celle de produits occidentaux mais, encore une fois, d’inspiration africaine. Dans cette perspective, le projet est viable », poursuit Michel Gomis qui ne se laisse pas démonter par la rude conjoncture qui est celle du textile en Europe. Conçue pour les hommes et les femmes, Kemet se décline en trois gammes : sport, urbaine et habillée. La majorité de la clientèle de la nouvelle griffe à la statuette (le logotype de Kemet est inspiré d’une statuette gabonaise) installée a entre 18 et 35 ans. En d’autres termes, elle fait déjà la joie des lycéens, des étudiants et surtout des jeunes cadres, cœur de cible de Kemet. Ces derniers apprécieront certainement beaucoup la chemise en double retors à porter sous son costume le jour, et le soir, manches relevées pour faire découvrir le beau tissu qui est resté caché toute la journée.

Kemet est certes une aventure commerciale, mais il s’agit aussi de promouvoir l’Afrique, d’un point de vue culturel et économique. Ainsi, tous les tissus africains qui sont incorporés dans les vêtements produits proviennent du Sénégal. Bientôt, les tissus manjaks, « réputés dans toute l’Afrique de l’Ouest » comme le souligne Fidel, feront leur apparition dans les accessoires Kemet. Une façon également de ne pas laisser mourir l’activité des tisserands traditionnels, corps de métier auxquels appartiennent les ancêtres de Fidel, Michel et Yno et dont les revenus ont permis à leurs propres parents d’émigrer vers l’Europe. Ces jeunes entrepreneurs, loin d’être des ‘fashion victims’, peut-être « un peu le week-end » avouent-ils tout de même, avant de poursuivre en cœur : « Non ! Mais on aime être élégants, porter des habits de qualité conçus à partir de produits nobles ». Comme les vêtements Kemet. « On a toujours eu cette volonté d’entreprendre mais pas à n’importe quel prix », insiste Michel Gomis. Et Yno de rajouter : « l’Afrique n’a pas que la musique à offrir. » Et cette dernière, à travers Kemet, (Kem, une racine commune à plusieurs langues africaines et qui signifie ‘brûlé’ en wolof,) vous propose des vêtements marqués au fer rouge et à jamais inondés de la chaleur inégalable de tout un continent.

Les boutiques KEMET à Paris :

 BALLERS : 22, rue des Halles 75001 Paris – métro Chatelet (vêtements sportswear).

 TRIBECA : 6, rue Cardinet 75017 Paris – métro Courcelles (vêtements sportswear).

 COTTON PARK : 4, rue des filles du Calvaire 75003 Paris – métro Filles du Calvaire (vêtements habillés).

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