John Fru Ndi : par ici la sortie ?


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On se demande pourquoi les seuls deux grands partis politiques camerounais (RDPC et SDF) ne s’allient pas définitivement, officiellement. On peut parier l’infini que le principal parti de l’opposition camerounaise n’attend que de signer un pacte de gouvernement avec le RDPC de Paul Biya, et de rejoindre l’UNDP de Bello Bouba Maigari ou le FSNC de Issa Tchiroma Bakary dans la « majorité ». Le remaniement ministériel qui devrait logiquement intervenir à la suite des sénatoriales (ou des législatives) consacrera-t-il enfin l’entrée du SDF dans le gouvernement ?
RDPC / SDF : faux ennemis, vrais adversaires ?

Ces deux partis politiques sont des survivances du parti unique, d’où ils sont venus et où ils devront retourner, pour ne former qu’un alliage (une alliance ?) dans la perspective de l’après-Biya. En s’alliant au RDPC, le chairman, John Fru Ndi, pourra sans surprendre son monde ni choquer les Camerounais, être désigné président du sénat (c’est improbable, mais ce serait intelligent) et servir de caution à la prochaine transition qui se prépare et dont la chambre haute du parlement sera un maillon moins essentiel qu’on croit.

Il y a longtemps que John Fru Ndi se voit davantage comme un numéro deux, comme un suppléant de Biya, en tant que leader de l’opposition. Comme président du sénat, il se croirait un vice-président et laisserait le leadership de l’opposition à des forces nouvelles qu’on pourra taire ou étouffer d’autant plus facilement que, en l’absence de sondages d’opinion en matière politique, la puissance de frappe des partis émergents ne sera jamais que supposée, toute contestation de leur part tournée en dérision. En somme, John Fru Ndi a été le premier opposant de Paul Biya pendant plus de deux décennies, sans aucune autre promotion sociale ou politique, Paul Biya est en train de choisir à présent des opposants à son successeur, auquel il adjoint d’ores et déjà un vieux routier qui sera bien assez content d’occuper la deuxième place dans le protocole d’Etat. Le sénat est donc pour John Fru Ndi son « entrée des artistes » dans le grand show des responsabilités nationales. Exit l’opposant, bienvenue dans le sénat personnel de monsieur Biya.

Quant au parti de Jacques Fame Ndongo, en choisissant de s’opposer, dans l’Ouest, au parti de Ndam Njoya (UDC), plutôt que de s’abstenir et de le laisser gagner face au SDF, le RDPC n’a pas simplement suivi un avis du sultan Ibrahim Mbombo Njoya, dont on peut supposer qu’il a été consulté et écouté. Il a donné des gages de respect au SDF qui sera lié par ce ralliement des conseillers municipaux du RDPC qu’il n’a pas récusé.
Dans la trousse à outils de la succession, le sénat n’est qu’un instrument au service des vrais propriétaires du Cameroun, les puissants de l’ombre. L’UPC, qui n’existe plus que par son histoire et ses gueguerres interminables, aura probablement un sénateur nommé par « grâce présidentielle ». Le 14 avril, le jour g (jour de gloire) est donc arrivé, John Fru Ndi est en train d’enterrer sa vie de garçon, le long concubinage avec Paul Biya évolue désormais vers un mariage tourné vers l’avenir (la succession) : le Cameroun de demain sera-t-il le fils légitime de ces deux-là ?

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