Israël : un timbre à l’effigie de feu Hassan II


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Nous connaissons les relations étroites qu’entretenait le défunt roi marocain Hassan II avec l’Etat d’Israël. Mais pas au point d’avoir eu droit en Israël à un timbre à son effigie…

En Israël, la renommée de la monarchie alaouite n’est plus à faire. Les relations, très souvent officieuses, qu’entretiennent le Maroc et Israël sont telles qu’au lendemain de la mort du roi Hassan II, l’administration postale israélienne a décidé d’imprimer des timbres à son effigie. Dans le cadre de projets de perpétuation, plusieurs places et avenues de l’Etat hébreux portent le nom du ténébreux souverain.

Une quête de reconnaissance israélienne qui laisse à s’interroger sur tout ce qu’Hassan II a pu « offrir » à Israël…

Balle renvoyée…

L’un des plus grands cadeaux a très certainement été son feu vert au Mossad, les services secrets israéliens, pour venir espionner le sommet arabe de Casablanca en 1965. Un espionnage qui a permis à l’Etat hébreu de se préparer contre une éventuelle attaque arabe. Le 5 juin 1967 éclate ainsi la guerre dite « de six jours ». Dirigée à l’époque par le Premier ministre Levi Eshkol, Israël déclenche une attaque préventive. L’Etat hébreu se sent menacé par l’Egypte de Gamal Abdel Nasser et par la nouvelle Organisation de libération de la Palestine (O.L.P) créée en 1964 par Yasser Arafat. Elle s’achève le 10 juin 1967 par une victoire foudroyante de l’armée israélienne contre les forces égyptiennes, syriennes et jordaniennes. Le ministre israélien de la Défense, Moshé Dayan, ordonne la destruction au sol de l’aviation égyptienne.

A l’issu de cette courte guerre, Israël annexe la Cisjordanie, le plateau syrien du Golan, Gaza et le Sinaï jusqu’au canal de Suez, gisements pétrolifères compris. Près d’un million d’Arabes se retrouvent sous administration israélienne et l’Etat hébreu passe de 21 000 à 102 000 km2.

…de cadeaux bénis

Comment aurait-il pu refuser la présence du Mossad lors de ce sommet après l’implication d’Israël pour aider le Maroc à vaincre l’Algérie durant « la guerre des sables » en 1963. Le livre d’un journaliste israélien, Shmouel Seguev, Le Lien marocain (publié par les éditions Matar), révèle les liens étroits entre Israël et le Maroc. Tel-Aviv aurait apporté dans le plus grand secret un soutien multiforme à Rabat.

L’auteur du livre explique comment le chef du Mossad de l’époque, Meir Amit, doté d’un faux passeport, a rencontré le roi Hassan II dans la ville ocre. Il lui aurait ainsi déclaré : « Nous pouvons, et nous voulons vous aider ». Et c’est sans aucune hésitation qu’Hassan II aurait accepté la main tendue israélienne.

L’armée israélienne aurait ainsi formé des officiers marocains, des aviateurs au pilotage de Mig-17 soviétiques, organisé les services secrets marocains, surveillé la construction du mur entre l’Algérie et le Maroc, vendu des armes et équipé des embarcations de pêche avec des radars pour les muter comme garde-côtes.

Plus encore, Shmouel Seguev indique comment l’opposant marocain Mehdi Ben Barka a été assassiné à Paris en 1965, par Ahmed Dlimi, le numéro 2 de la police secrète marocaine. D’après Seguev, ce serait le Mossad qui aurait permis aux services secrets marocains de repérer l’opposant et de lui tendre un piège. Il écrit que « Ben Barka, qui voyageait beaucoup à travers le monde, se servait d’un kiosque à journaux à Genève comme d’une boîte postale où il venait récupérer son courrier, et le Mossad a donné cette information à Dlimi. »

Président du comité Al-Qods

Le Comité Al-Qods, censé notamment suivre l’évolution de la situation à Jérusalem, a été créé en 1975, à Djedda, lors de la 6e Conférence Islamique des ministres des Affaires étrangères et placé sous la présidence du roi Hassan II en 1979 lors de la première session tenue dans la ville de Fès. Hassan II devenait alors le « défenseur de la cause sacrée » palestinienne et « pourfendeur de la colonisation des territoires occupés ». Un rôle ambigu qu’occupait ce roi lorsqu’on sait combien est grande la place qu’avait Hassan II dans le cœur des autorités israéliennes.

Depuis son décès, c’est Mohammed VI, son fils, qui a hérité du siège à la présidence du Comité Al Qods. Ce dernier a déjà condamné les incursions israéliennes fréquentes sur les esplanades d’al-Aqsa. Il a également condamné les mesures illégales de construction sur les terres des citoyens palestiniens de Jérusalem et les opérations de destruction de leurs maisons. A son tour, quelle sera sa position lorsque, dans le cadre du projet de judaïsation de la ville sainte de Jérusalem, Israël donnera l’ordre de détruire la mosquée al-Aqsa pour y construire le temps juif ? Une vidéo produite par le ministère israélien des Affaires étrangères a suscité la colère des gouvernements arabes. La vidéo montre comment la mosquée pourrait être détruite. Une maquette du « futur temple » a même été construite.

Les condamnations du monarque n’empêche pas la fructuosité des échanges entre ces deux pays. Le journal marocain Hespress a donné en mai 2012 le montant des échanges commerciaux entre le Maroc et Israël. Le total a été évalué à plus de 50 millions de dollars.

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