Interdit de critiquer la Charia sur Facebook et Twitter


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Drapeau du Nigeria
Drapeau du Nigeria

Au Nigeria, la Charia ne se discute pas. Un tribunal du nord du pays, où la loi islamique est strictement appliquée, a interdit, mardi, les discussions sur l’amputation lancées sur Facebook et Twitter par l’association Civil Rights Congress (CRC). Un groupe des Frères musulmans du Nigeria avait saisi la justice au prétexte que les débats pourraient «servir à se moquer de la Charia».

Au Nigeria, on ne badine pas avec la Charia. L’association de défense des droits de l’homme Civil Rights Congress (CRC) vient de l’apprendre à ses dépens. Un tribunal à Kaduna, l’un des douze Etats du nord où la loi islamique est en vigueur, a ordonné l’interdiction permanente des débats lancés sur les réseaux Facebook et Twitter par l’Ong à l’occasion du dixième anniversaire de la première imputation dans le pays. «En rendant cette décision, il est devenu pour nous illégal de continuer les discussions» sur l’amputation, a indiqué, mardi à l’AFP, le directeur de la CRC installé à Kaduna, Shehu Sani. L’association pourrait faire appel de la décision, a-t-il laissé entendre.

C’est un groupe de militants islamistes, les Frères musulmans du Nigeria (Muslim Brotherhood of Nigeria), qui a jeté l’opprobre sur l’initiative de la CRC. Le groupe avait saisi le tribunal de Magajin Gari à Kaduna pour mettre fin aux discussions sur Internet au motif que celles-ci allaient «servir à se moquer de la Charia». Cette décision est la première visant un débat virtuel dans le pays.

Buba Bello Jangebe, premier amputé

Buba Bello Jangebe est la première personne a avoir été amputée depuis l’introduction, en 1999, de la Charia dans le pays, à la suite des premières élections libres après 15 ans de dictature militaire. En 2000, il avait perdu sa main droite pour avoir volé une vache.
L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) avait, en 2004 déjà, dénoncé des «violations des droits de l’homme» par les tribunaux islamiques, et l’utilisation «de la loi islamique comme un moyen politique».

Fervent partisan de l’application stricte de la Charia à son introduction au nord, Abba Koki, un dignitaire musulman de l’Etat de Kano, faisait, en novembre 2009, part de sa déception à l’occasion du 10ème anniversaire de son entrée en vigueur. «A l’époque, les gens réclamaient la charia pour mettre fin aux injustices, à la corruption, à l’impunité au lieu de quoi les politiciens s’en sont servis pour obtenir des voix et maintenir un statu quo après les élections», avait-il déploré, cité par la BBC.En 2004, il avait quitté le siège qu’il occupait au conseil de la Charia du gouvernement de Kano.

En 2009, Civil Rights Congress avait demandé au gouvernement fédéral nigérian de financer la greffe d’une à Buba Bello Jangebe. La requête est restée lettre morte.

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