Institut sur la gouvernance démocratique 2012 : Gouvernance africaine et genre : d’une politique de représentation à une politique de transformation


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Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) a le plaisir d’annoncer la session 2012 de son Institut annuel sur la gouvernance démocratique. Il invite les chercheurs à soumettre leurs candidatures afin de participer à cet institut devant se dérouler du 25 juillet au 12 août 2012 à Dakar (Sénégal)

Organisation

Les activités de tous les Instituts du CODESRIA sont basées sur des présentations faites par des chercheurs africains, des personnes ressources du continent et de la diaspora et des participants dont les candidatures ont été sélectionnées. Les sessions sont dirigées par un directeur scientifique qui, avec le soutien de personnes ressources, s’assure qu’un large éventail de recherches et de questions politiques est exposé aux lauréats. Chaque lauréat doit rédiger un article découlant d’un travail de recherche destiné à être présenté au cours de la session. La version révisée de l’article fera l’objet d’une évaluation par les pairs en vue d’une publication par le CODESRIA. Le Centre de documentation et d’information du CODESRIA (CODICE) mettra à la disposition des participants une bibliographie aussi complète que possible se rapportant au thème de l’institut. Les participants auront également la possibilité d’accéder à un certain nombre de centres de documentation situés à Dakar et dans ses environs.

Langues

L’Institut sur la gouvernance démocratique du CODESRIA se tiendra en français et en anglais par le biais d’un système de traduction simultanée.

Gouvernance africaine et genre : d’une politique de représentation à une politique de transformation

La démocratie moderne est inexorablement devenue synonyme de démocratie représentative. Si tel est le cas, peut-on considérer comme une démocratie vraiment représentative un système où plus de la moitié de la population est fortement sous-représentée, et quelles sont les implications pour la gouvernance ?

Il est de plus en plus reconnu que l’une des mesures importantes de l’approfondissement de la démocratie et de la gouvernance démocratique consiste à assurer une meilleure représentation des femmes en politique. Une plus grande participation des femmes à la politique à travers le monde, y compris en Afrique, est supposée promouvoir l’application d’une perspective de genre à la gouvernance et ce faisant, transformer la vie des femmes sur le continent. De Mexico en 1975 à Beijing en 1995, beaucoup de progrès ont été accomplis pour la promotion de la condition féminine, mais un domaine qu’il convient d’examiner de plus près est la représentation politique des femmes. La gouvernance renvoie au processus de prise de décision et à la manière dont les décisions sont mises en œuvre. Si le gouvernement est l’acteur principal, il y a plusieurs acteurs non-étatiques tels que les groupes de la société civile, les organisations socioculturelles, les syndicats, les mouvements de jeunesse, etc. qui peuvent influer sur les décisions.

Le nombre de femmes dans certaines législatures en Afrique dépasse celui de beaucoup de pays développés plus démocratiques. La question que l’on pose souvent est si l’augmentation numérique de la représentation des femmes en politique garantit la représentation de leurs intérêts dans la prise de décisions gouvernementales. En d’autres termes, une politique de représentation ne débouche pas nécessairement sur une politique de transformation. Des études menées dans le monde entier ont montré qu’avec l’arrivée d’un plus grand nombre de femmes dans la politique publique, les problèmes concernant les femmes, leurs intérêts, leurs valeurs et leurs perspectives ont été intégrés dans le discours politique et l’élaboration des politiques, mais ne se traduisent pas par des actions efficaces sur le terrain. Une masse critique minimale est considérée comme nécessaire pour promouvoir les intérêts des femmes, mais cela aussi reste problématique.

La gouvernance africaine a un long chemin à parcourir pour la promotion de sociétés plus justes et soucieuses d’équité entre les sexes. Alors que certains pays africains ont développé des constitutions modernes en garantissant l’égalité des droits à leurs citoyens, y compris aux femmes, il arrive souvent que ces dernières continuent de supporter les conséquences des politiques empreintes de préjugés masculins et/ou des politiques perçues comme non-sexistes dans le contexte de la gouvernance africaine.

La gouvernance africaine doit être imprégnée d’une idéologie féministe africaine si l’on veut qu’elle contribue à plus de justice entre les sexes et de sociétés équitables. Les problèmes d’inégalité entre les sexes et ceux qu’ils entraînent sont souvent exacerbés dans le contexte des crises économiques. Les politiques d’ajustement structurel préconisées par la Banque mondiale et le FMI dans les années 1970 et 1980 et la désétatisation connexe ont eu quelques conséquences négatives graves sur les femmes en Afrique. La crise financière mondiale plus récente a aussi eu des effets d’entraînement majeurs sur la capacité des femmes à préserver leurs moyens d’existence, ainsi que sur l’atteinte de l’OMD 3 portant sur l’égalité des genres. Plusieurs sources indiquent que c’est l’OMD 3 qui enregistre le moins de progrès. C’est aussi l’objectif qui ne sera probablement pas atteint dans un avenir proche. Les preuves de plus en plus nombreuses de l’expansion rapide de la féminisation de la pauvreté sont aussi le reflet de la persistance de politiques insensibles au genre. Les femmes dans la sphère politique africaine peuvent-elles aider à déterminer et à reformuler la gouvernance africaine et la gouvernance mondiale, de façon à assurer la prévention de l’effritement des mesures relatives au bien-être des femmes, reconnaître les contributions productives et reproductives des femmes à l’économie et partant, rendre plus équitables les règles du jeu économique entre les hommes et les femmes ? Qu’en est-il du gouvernement local, et comment s’articule-t-il aux politiques au niveau central pour assurer une gouvernance plus équitable du point de vue du genre ?

En dépit des nombreux obstacles, les femmes qui occupent des postes de pouvoir et de décision ont pris d’importantes mesures pour articuler les intérêts des femmes dans la politique, comme le montrent certaines législations sensibles au genre, notamment celles qui s’adressent à la violence à l’égard des femmes. Mais si les lois sont nécessaires, elles ne suffisent pas pour changer l’architecture de la gouvernance africaine.

Etant donné que les femmes sont à cheval entre les sphères privée et publique, elles continuent de rester en marge et sont souvent traitées comme des citoyennes de seconde classe. L’urgence de mettre en place des Etats démocratiques développementalistes qui tiennent compte de la dimension de genre se fait de plus en plus sentir. Les Etats démocratiques développementalistes qui tiennent compte de la dimension de genre veillent à ce que les politiques soient conçues et mises en œuvre en vue d’assurer une budgétisation sensible au genre et une citoyenneté équitable. Bref, la gouvernance démocratique développementaliste est requise pour toutes sortes de gouvernance qui transforme le développement en liberté, c.-à-d., le droit de vivre à l’abri du besoin, de l’analphabétisme, de la malnutrition, du sans-abrisme et des maladies. Ce faisant, elle renforce les capacités des hommes et des femmes. La maxime du PNUD ‘Le développement humain, s’il n’est pas engendré, est en danger’reste d’actualité encore aujourd’hui. Il existe plusieurs instruments internationaux qui facilitent la participation des femmes à la gouvernance et soutiennent le développement. On peut notamment citer le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), et la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Malgré tout cela, les progrès vers l’équité entre les sexes demeurent plutôt lents. Et lorsque les pays donnent priorité à la ‘femmocratie’, par opposition à la gouvernance qui tient compte du genre, l’autonomisation des femmes risque de subir un important revers. Peut-être qu’il faudrait accorder plus d’attention à ce que l’écrivaine nigériane Obioma Nnaemeka nomme le ‘négoféminisme’ – qui est un féminisme de négociation et/ou un ‘féminisme sans égo’. Si ce dernier pouvait s’approprier un espace dans l’architecture de la gouvernance africaine, sans renforcer les rapports de force inégaux entre les hommes et les femmes, les femmes africaines y gagneraient beaucoup et les hiérarchies entre les sexes pourraient être renversées.

Les objectifs de l’Institut sur la gouvernance 2012 :

1) Examiner comment les rapports entre l’Etat et les femmes sont implicitement ou explicitement représentés.

2) Explorer les opportunités et les contraintes auxquelles font face les législatrices africaines en apportant des changements dans la vie des femmes.

3) Identifier les obstacles à l’entrée des femmes dans la politique et la gouvernance qui tiennent compte du genre.

4) Etudier la possibilité pour les acteurs non-étatiques de collaborer avec les femmes aux postes de décisions pour assurer l’intégration d’une perspective d’égalité des sexes dans la gouvernance.

5) Comprendre l’interface entre gouvernance nationale et gouvernance mondiale, en vue de promouvoir l’OMD 3 et des sociétés équitables du point de vue du genre.

6) Explorer si l’émergence de mouvements masculins dans certaines parties de l’Afrique peut entraîner plus d’égalité des sexes en matière de justice.

7) Examiner l’interface du global et du local, son influence sur la vie des femmes, et voir quelles sont ses implications pour la gouvernance.

8) Examiner la complexité qui entoure le gender mainstreaming (l’approche intégrée de l’égalité entre hommes et femmes) en tant que concept et s’il peut aider à intégrer une perspective sexospécifique dans la gouvernance.

9) Examiner comment l’intégration du principe d’égalité entre hommes et femmes au niveau global affecte le mode de gouvernance fondée sur l’équilibre entre les genres en Afrique.

10) Comment la récente crise économique mondiale influe sur la gouvernance à visage féminin.

Le directeur

Le CODESRIA a sélectionné le Professeur Sheila Bunwaree qui mène des recherches depuis plusieurs années sur les questions de développement, de gouvernance et de genre pour diriger l’Institut sur la Gouvernance démocratique 2012. En tant que Directeur de l’institut, le Professeur Sheila Bunwaree assurera les tâches suivantes :

 Participer à l’identification des personnes ressources chargées de faciliter les discussions et les débats ;

 Participer à la sélection des lauréats ;

 Interagir avec les lauréats pour les aider à réajuster leurs questions de recherche et leurs approches ;

 Concevoir les cours de la session, notamment les sous-thèmes spécifiques ;

 Faire une série de conférences et mener une analyse critique des articles présentés par les personnes ressources et les lauréats ;

 Soumettre un rapport scientifique relatif à la session.

Le Professeur Sheila Bunwaree devra en outre (co-)éditer les versions révisées des communications présentées par les personnes ressources en vue de les soumettre pour publication dans l’une des collections du CODESRIA. Elle devra également assister le CODESRIA dans l’évaluation des documents présentés par les lauréats, en vue de leur publication.

Les personnes ressources

Les exposés présentés dans le cadre de l’Institut sont destinés à offrir aux lauréats l’occasion d’approfondir leurs réflexions sur le thème choisi. Les personnes ressources doivent, par conséquent, être des universitaires ou des chercheurs confirmés qui ont beaucoup publié sur le sujet, et qui ont une contribution importante à apporter aux débats. Elles devront produire des supports écrits qui inciteront les lauréats à engager la discussion et le débat sur leur exposé ainsi que toute la documentation disponible sur le thème. Une fois sélectionnées, les personnes ressources doivent :

 Interagir avec le directeur de l’institut et les lauréats afin d’aider ces derniers à réajuster leurs questions de recherche et leur approche méthodologique ;

 Soumettre un exemplaire de leurs supports de cours pour reproduction et distribution aux participants au plus tard une semaine avant la présentation de leurs exposés ;

 Présenter leur exposé, participer aux débats et commenter les propositions de recherche et les articles des lauréats ;

 Revoir et soumettre la version révisée de leurs notes de cours ou leurs articles de recherche pour publication par le CODESRIA au plus tard deux mois après leur présentation dans le cadre de l’institut

Les lauréats

Les candidats doivent être des étudiants en mastère ou en thèse ou des universitaires en début de carrière, ayant une capacité prouvée à faire de la recherche sur le thème de l’Institut. Les intellectuels actifs dans le processus politique et/ou dans les mouvements sociaux et les organisations de la société civile sont également encouragés à se porter candidats. Le nombre de places offertes par le CODESRIA pour chaque session est limité à quinze (15). Les chercheurs non-africains qui peuvent financer leur participation peuvent également faire acte de candidature sous réserve des places disponibles.

Dossiers de candidature

Les dossiers de candidature des personnes ressources doivent comprendre :

1) Une lettre de candidature ;

2) Un curriculum vitae ;

3) Deux (2) articles publiés

4) Une proposition de cinq (5) pages au plus, décrivant les questions qui seront couvertes dans leurs trois (3) exposés dont un portant sur les questions de méthodologie ;

Les dossiers de candidature des lauréats doivent comprendre :

1) Une lettre de candidature ;

2) Une lettre attestant de l’affiliation institutionnelle ou organisationnelle ;

3) Un curriculum vitae ;

4) Une proposition de recherche (de dix (10) pages au plus en deux exemplaires), comprenant une analyse descriptive du travail que le candidat veut entreprendre, un résumé exposant l’intérêt théorique du thème choisi par le candidat, la relation entre le sujet et la problématique et les centres d’intérêt pris en compte par le thème de l’Institut 2012 ;

5) Deux (2) lettres de référence provenant d’universitaires ou de chercheurs connus pour leur compétence et leur expertise dans le domaine de recherche du candidat (du point de vue géographique et concernant la discipline), avec leurs noms, adresses, numéros de téléphone et/ou de fax et adresses électroniques.

Date limite de soumission des candidatures

La date limite de soumission des candidatures est fixée au 6 mai 2012. Les lauréats seront informés du résultat du processus de sélection au plus tard à la fin du mois de mai 2012. Le mois de juin pourra ainsi être utilisé pour mener à bien un travail de terrain ou recueillir de l’information pour préparer le rapport de recherches à présenter lors de l’institut. Ce rapport de recherches devra être soumis au CODESRIA au plus tard le 15 juillet 2012. Les lauréats seront appelés à travailler sur ce document (et non sur le résumé de la proposition) et le préparer pour publication au cours de l’Institut

Soumission des candidatures

Toutes les candidatures ou demandes de renseignements complémentaires devront être adressées à :

Institut sur la Gouvernance démocratique

CODESRIA

Avenue Cheikh Anta Diop x Canal IV

BP 3304, CP 18524, Dakar, Sénégal

Tél. : (221) 33 825 98 21/22/23

Fax : (221) 33 824 12 89

Site Web :http://www.codesria.org/

Facebook :http://www.facebook.com/pages/CODES…

Twitter :http://twitter.com/codesria

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