
Au moins 104 personnes ont trouvé la mort dans la nuit du 8 au 9 mai à Kasaba, dans l’est de la RDC, emportées par des inondations soudaines d’une rare violence. Ce drame, qui ravage un village enclavé au bord du lac Tanganyika, illustre la vulnérabilité croissante des populations congolaises face aux catastrophes climatiques.
Dans la nuit du 8 au 9 mai 2025, la localité de Kasaba, nichée sur les rives du lac Tanganyika dans la province du Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, a été violemment frappée par des inondations soudaines. Surprises dans leur sommeil, les populations n’ont eu aucune chance face à la crue brutale de la rivière Kasaba. Le bilan provisoire est déjà accablant : au moins 104 morts selon les autorités locales, et jusqu’à 119 selon d’autres sources. Un drame qui s’inscrit dans une série noire de catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes dans la région.
Une rivière en furie emporte tout sur son passage
D’après le chef du secteur de Nganja, Bernard Akili, les pluies torrentielles ont fait déborder la rivière Kasaba, transformée en torrent dévastateur. Des rochers, des arbres et des tonnes de boue ont été projetés en aval, rasant des dizaines d’habitations bordant le lac. Les victimes sont majoritairement des enfants et des personnes âgées, trop vulnérables pour fuir à temps. En plus des pertes humaines, les dégâts matériels sont considérables : au moins 150 maisons détruites et 28 blessés recensés. Le village de Kasaba, enclavé et accessible uniquement par voie lacustre, complique encore davantage l’intervention des secours.
Ce drame est révélateur de la fragilité structurelle des territoires congolais face aux événements climatiques extrêmes. L’urbanisation désordonnée, le manque criant d’infrastructures, ainsi que la déforestation massive aggravent les risques naturels. Les collines qui entourent les lacs de l’Est, fragilisées par l’exploitation du charbon, s’érodent facilement, amplifiant l’impact des pluies diluviennes. En 2023 déjà, des inondations similaires avaient tué 400 personnes au Sud-Kivu, et Kinshasa avait aussi connu son lot de tragédies.
Le climat, facteur aggravant d’un drame humain
Les experts climatiques sont formels : le réchauffement climatique intensifie et multiplie les événements extrêmes en Afrique. Inondations, sécheresses et vagues de chaleur risquent d’affecter jusqu’à 118 millions d’Africains très pauvres d’ici à 2030. La RDC, avec ses infrastructures précaires et son exposition géographique, fait partie des pays les plus vulnérables du continent. Kasaba, devenu le symbole d’une tragédie annoncée, appelle à une prise de conscience urgente.
Une mobilisation attendue face à l’urgence humanitaire
Alors que les habitants tentent de retrouver les corps ensevelis sous les décombres et de soigner les blessés, l’accès difficile au village rend toute aide humanitaire complexe. En l’absence de réseau téléphonique et avec des voies de communication lacustres limitées, les autorités et les ONG devront surmonter de nombreux obstacles pour venir en aide aux survivants. Ce drame souligne une fois de plus la nécessité d’un plan d’urgence national pour faire face à ces catastrophes à répétition, et renforcer la résilience des populations face au changement climatique.