Inch’Allah, nous briserons les stéréotypes !


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masque Beti Musée du quai Branly

Je m’appelle Mariame, j’ai 18 ans et je suis marocaine. Le Maroc est mon pays, ma patrie mais je suis loin d’être aveuglée par mon affection! J’ai eu la chance de bénéficier d’un enseignement français ce qui me permet d’avoir une double vision des choses que les Occidentaux ou que la plupart des Marocains, eux, n’ont pas. Lorsque je parle à de jeunes Européens du Maroc, je suis absolument sidérée de voir l’image qu’ils en ont ! Non, le Maroc, ce ne sont pas juste les dunes et les chameaux du Sud, les plages ensoleillées du Nord et les mystérieuses femmes voilées aux yeux soulignés de khôl .Et oui ! Nous aussi, on va en boîte le soir ,comme vous, nous aussi on vibre au son des téléphones portables, comme vous, et nous aussi on surfe sur le web, tout comme vous !

Mais il est vrai que la vie ici est assez étrange. Le Maroc est le pays des paradoxes et des contrastes, à tous les points de vue. Notre société est comme bloquée par un désir de sauvegarder ses racines traditionnelles et en même temps d’aller de l’avant. Hier, j’observais une jeune fille marcher dans la rue : jean taille basse, top moulant, lunettes percées et coupe garçon : bref, la panoplie complète de la parfaite étudiante occidentale! Mais, c’est sûr, pour elle, comme d’ailleurs pour 90% des Marocaines, elle ne se sentira majeure que le jour de son mariage. Et encore. La femme marocaine vit au milieu de machos qui l’humilient. Elle n’ existe que par rapport à son père ou à son mari. Mais le pire, c’est qu’elle y contribue inconsciemment en éduquant ses enfants exactement de la même manière qu elle a été éduquée.

Je suis actuellement en Terminale et j’envisage de poursuivre mes études à Paris, Inch’Allah ! Lorsque je pense à mon avenir, c’est triste à dire, mais je ne me vois pas vivre au Maroc. On entend souvent dire qu’on est les décideurs de demain mais je ne me sens pas encore prête à affronter tous les problèmes de notre pays. Je l’aime mais il ne m’offre pas la possibilité de m’épanouir. Je suis absolument consciente que la fuite des cerveaux est un problème grave auquel le Maroc est confronté mais je ne me sens pas assez forte pour assumer les conséquences d’un manque d’institutions et d’infrastructures. Néanmoins, beaucoup de mes amis n’envisagent pas leur vie ailleurs qu’au Maroc. La chaleur humaine, la solidité de la structure familiale et cette ambiance qui nous est tellement propre font que ce sera certainement trop dur de s’adapter ailleurs. Ma mère m’a dit que selon elle, je n’arriverais pas à vivre en Europe. Elle doit sûrement avoir raison. De toutes les manières, j’ai foi en notre génération et en notre nouveau Roi. Espérons que notre nouveau gouvernement, lui, apprendra à croire en nous et en nos capacités !

Mariame Bouayad

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