Il était une fois dans l’Ouest africain…


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La 18ème édition du Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco) s’est ouverte samedi sur le film d’Idrissa Ouédraogo,  » La colère des Dieux « . Terminé en catastrophe pour l’occasion, le dernier long métrage du réalisateur burkinabé renouvelle le genre du western.

Idrissa Ouédraogo a terminé son film en catastrophe. La colère des Dieux, son dernier long métrage, a ouvert le 18ème Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou samedi soir alors qu’il fignolait encore l’étalonnage vendredi dans la nuit… Alors bien sûr cela se sent, se voit, s’entend. Derrière les manques, les maladresses, une sacrée dose de talent tout de même.  » Je m’excuse pour les imperfections du film « , lance le réalisateur en préambule  » mais nous étions pressés qu’il soit là. Et puis c’est une manière de dire que l’on peut raconter des histoires avec les moyens du bord !  »

De fait, le film, comme le scénario, semblent avoir été fait à l’emporte-pièce. Du cinéma brut qui raconte comment Tanga, roi sanguinaire, s’attire la colère des Dieux et fabrique sa propre perte. Autour de ce personnage interprété avec majesté par l’imposant Oumalou Barou Ouédraogo, gravitent son frère Halyaré, humilié mais qui tisse patiemment sa vengeance, la douce Awa, enlevée de force à son fiancé Asmané pour épouser le roi, et l’enfant d’Awa et de Tanga, Salam, qui va inverser le cours de l’histoire.

Comédiens fétiches

Idrissa Ouédraogo s’est approprié les thèmes du western, les épiçant à la sauce africaine. Tout y est : la lutte pour le pouvoir, les terres arides et inhospitalières, les scènes de beuveries viriles, les plans serrés sur les visages, le jeu appuyé des acteurs… jusqu’au duel entre le père et le fils, magistral. Mais La colère des Dieux, qui passe du rire aux larmes, est aussi un film initiatique et violent qui n’épargne aucun des personnages.

Dans cet opus, le réalisateur retrouve ses comédiens fétiches, notamment Rasmané Ouédraogo, qui ne se lasse pas de rappeler une trentaine d’années de travail en commun, et Inna Cissé qui joue dans les films du réalisateur depuis 14 ans… Quant à Rokiétou Ouégraogo, elle a grandit depuis Tilaï (1990) et incarne avec grâce le rôle de Sana, petite bergère qui devient la fiancée de Salam.  » C’est une oeuvre majeure, le travail d’une équipe dirigée par celui qu’il convient aujourd’hui d’appeler le prodige du cinéma burkinabé « , livre Rasmané Ouédraogo. Ce n’est pourtant pas le film le plus abouti d’Idrissa Ouédraogo mais il a le mérite de représenter le Burkina qui compte peu de films au festival cette année. Une question d’honneur, comme dans les westerns.

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