Identité meurtrière


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arton993

Nina Bouraoui est de père algérien et de mère française. Une double identité qu’elle raconte dans son sixième roman  » Garçon manqué « .

 » Tous les matins je vérifie mon identité. J’ai quatre problèmes. Française ? Algérienne ? Fille ? Garçon ? « . Le thème est posé. Et l’exploration douloureuse de ces identités croisées peut commencer pour Nina Bouraoui. La belle romancière aux yeux de chat nous offre un opus autobiographique plein de nostalgie, de doutes et de mal-être. Un livre cinglant et affûté, servi par une écriture nerveuse et rythmée, qui nous plonge dans les souvenirs de Nina.

Nina, n’a  » qu’un seul visage apparent « , mais deux passeports. Elle est de père algérien et de mère française. Dans le climat tendu des années soixante-dix, elle partage sa douleur d’être rejetée en Algérie comme en France, avec Amine. L’ami, l’amoureux, celui qui comprend parce qu’il se trouve dans la même situation. Enfants de mariages mixtes,  » imposteurs « ,  » bâtards « ,  » métis  » : Nina n’est pas tendre avec elle-même.

Et parce qu’en Algérie  » on existe trop  » lorsqu’on est une femme, elle écrit :  » Je veux être un homme.(…) Etre un homme en Algérie c’est devenir invisible.(…) L’Algérie est un homme. L’Algérie est une forêt d’hommes. Ici, les hommes sont noirs à force d’être serrés. Ici, les hommes sont seuls à force d’être ensemble. Ici, les hommes sont violents à force de désir.  » Alors Nina a les cheveux courts. Coupés  » à la garçonne « . Elle devient Ahmed ou Brio, et joue au foot sur la plage. On se protège comme on peut.

Alger-Saint-Malo

Puis vient le temps de quitter l’Algérie.  » C’est immense de quitter Alger.(…)Cette ville est dans le corps. Elle hante. (…) Sa séparation est violente.  » Pour se retrouver grelottante sur une plage de Bretagne, dans cette France cossue, bourgeoise et confortable de la famille maternelle. Les crêpes au petit-déjeuner. La vie est sucrée en France. Mais violente aussi, mélange de pitié, d’indifférence, d’incompréhension de la part des Français bien-pensants.

Pour finir, l’écriture. La délivrance.  » J’écrirai en français en portant un nom arabe. Ce sera une désertion. « . Ce sera surtout le moyen de réunir enfin ces deux identités, ces deux familles, ces deux histoires… qui ne font qu’une. L’histoire de Nina.

Commander le livre : Pocket Presse de la Cité 1999

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