« I ka i pa ka » : la musique Gwoka sans peine


Lecture 3 min.
arton16023

Pour découvrir et apprendre les rythmes et techniques du Gwoka, la musique traditionnelle de la Guadeloupe, un nouvel ouvrage vient de paraître : I ka i pa ka : Gwo-ka conventionnel et Soupakongo (Ed. Kazarabika, 2008). Son auteur, le percussionniste Gustave Labeca, y livre le fruit de son expérience et de sa réflexion.

« Mon travail, ma mission, consistent à produire à partir de mon terroir toute forme d’art. » Ainsi Gustave Labeca définit-il ses objectifs et sa pratique de percussionniste professionnel nourri de Gwoka, la musique traditionnelle de la Guadeloupe. Pour populariser cet art créé par les esclaves déportés d’Afrique et leurs descendants aux siècles passés, initier et perfectionner ceux qui veulent l’exercer, il a écrit I ka i pa ka[[Signifie « il fait, il ne fait pas », symbolise la notion de contre-pied et de déséquilibre inhérente au Gwoka.]]: un ouvrage présentant le tambour-boula [[Le tambour-boula donne le rythme du Gwoka pendant que le tambour-makè et le chanteur improvisent et que les répondè entonnent les choeurs.]] et ses rythmes de base. Les sept rythmes conventionnels du Gwoka, leurs variations, ainsi que ceux qui ont émergé plus récemment.

Ne s’arrêtant pas à la pratique du seul tambour-boula, l’auteur propose également de découvrir les techniques et instruments associés : la manière d’accompagner chaque rythme avec les mains, les pieds, le chacha (calebasse), le siyak (une tige de bambou dentelée sur laquelle on racle une baguette), le triangle… Pour s’entraîner et acquérir des automatismes, il présente une série d’exercices et de jeux. Un CD d’accompagnement rend l’apprentissage plus aisé encore.

L’esprit Soupakongo

Selon Gustave Labeca, passées ces étapes, pour exceller dans l’art du Gwoka, il faut acquérir l’esprit « Soupakongo », la capacité d’improviser, de créer à partir des rythmes existants. « Soupakongo est un concept polyrythmique qui permet une grande liberté mais impose d’être expressif, de dire quelque chose derrière son instrument. Ainsi, j’ai mis un nom sur quelque chose qui a toujours existé : être libre en étant inspiré par notre terroir », explique-t-il.

Initié à la musique dans l’église protestante où sa famille se réunissait, puis dans les rues de Pointe-à-Pitre, Gustave Labeca a très tôt voulu devenir musicien. Il pratique d’abord la batterie, le solfège, la guitare basse et, dans les années 1970, à Paris, il joue du tambour-boula dans le groupe Message Ka. Il poursuit sa formation de percussionniste à la Drummers collective de New York et à l’Institut des arts de La Havane où s’enracine en lui l’idée que le développement du Gwoka doit passer par l’écrit. Une démarche initiée par Gérard Lockel et son Traité de gro ka modèn : Initiation à la musique guadeloupéenne, en 1981, et qui a vu depuis la publication de plusieurs ouvrages sur la musique et la danse traditionnelles de la Guadeloupe.

Gustave Labeca, avec I ka i pa ka : Gwo-ka conventionnel et Soupakongo, ajoute sa pierre à l’édifice. Un ouvrage pédagogue sur les rythmes de la musique traditionnelle de la Guadeloupe.

Pour plus d’informations :

 Consulter le site de Gustave Labeca : Kazarabika

 Sur les ouvrages publiés sur le Gwoka

Lire aussi :

 Max Diakok, un chorégraphe porteur d’espoir

 Le Festival Gwo-ka de Paris est de retour

 Jacques Schwartz-Bart, à la recherche d’une musique totale

 Philippe Makaïa, tanbouyé de la Guadeloupe

Avatar photo
Journaliste, écrivain, dramaturge scénariste et réalisateur guadeloupéen. Franck SALIN fut plusieurs années le rédacteur en chef d'Afrik.com
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News