Homosexualité: tension entre le Cameroun et l’Union européenne


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L’Union européenne a accordé un financement de plus de 300 000 euros à des associations camerounaises de défense des droits des homosexuels. Le gouvernement local s’oppose à cette subvention qui selon lui encouragerait la pratique de l’homosexualité sur son territoire. Les ONG lui demandent de reconsidérer sa position. La situation des homosexuels se détériore dans le pays.

Dix ONG camerounaises de défense des droits de l’homme ont demandé lundi au gouvernement de leur pays qui s’oppose à un financement de l’Union européenne (UE) en faveur de la protection des droits des homosexuels, de reconsidérer sa position et de respecter ses engagements internationaux en matière des droits de l’homme. Jeudi, le ministre camerounais des relations extérieures (Affaires étrangères), Henri Eyebe Ayissi, avait convoqué le représentant de l’UE au Cameroun, Raoul Mateus Paula, pour lui signifier « la désapprobation du gouvernement face (à ce) financement. »

Le financement en question concerne une subvention d’environ 305.000 euros accordée début janvier à un collectif de trois associations dont l’Association de défense des homosexuels (Adhefo) de l’avocate Alice Nkom, pour appuyer son « projet d’assistance et d’encadrement des minorités homosexuelles.» « Le peuple camerounais n’est pas prêt, ni disposé à aller dans ce sens du développement de ces pratiques (homosexuelles) sur son territoire », a déclaré le ministre Henri Eyebe Ayissi au quotidien d’Etat Cameroon Tribune. Une prise de position officielle qui pourrait encourager ceux qui dans ce pays ne pensent qu’à en découdre avec les homosexuels. Peu après l’annonce du financement de l’UE, un responsable de ministère camerounais de la communication avait laissé entendre qu’en l’acceptant, Me Alice Nkom se rendait coupable de « crimes contre la loi camerounaise, la souveraineté et l’indépendance du Cameroun. »

Fatwa contre les homosexuels

Dans la foulée, Un autre Camerounais se présentant comme un journaliste avait publié un texte repris par certains sites d’informations locales, accusant les autorités de Yaoundé de « connivence passive » vis-à-vis de la « gangrène » de l’homosexualité et appelant les jeunes à manifester devant la représentation de l’Union européenne à Yaoundé, si les financements accordés à l’association de Me Nkom n’étaient pas annulés ou interceptés. De son côté, un groupe dénommé « Rassemblement de la jeunesse camerounaise » avait lancé une véritable fatwa contre les homosexuels, invitant à les « traquer et dénoncer sans pitié aucune. » selon l’AFP, les dix ONG ont demandé au gouvernement de « protéger les défenseurs des droits de l’homme et les acteurs de la lutte contre le VIH auprès des personnes homosexuelles », estimant que leurs « vies sont aujourd’hui mises en danger par les menaces perpétrées par le biais de médias camerounais. »

Réagissant aux menaces contre Me Alice Nkom, l’association française Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) avait demandé aux institutions françaises et internationales « de veiller à la sécurité » de l’avocate et « d’intervenir avant qu’elle ne soit inquiétée. »

Au Cameroun, l’homosexualité reste considérée comme un délit punit de peines de prison ferme et de fortes amendes.

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