Héritage maudit pour l’Ethiopie


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Les entreprises étrangères nationalisées il y a plus de 10 ans sous l’ancien régime demandent réparation aux autorités éthiopiennes. Une ardoise de près de 500 millions de dollars pour un pays considéré comme l’un des plus pauvres de la planète. Nestlé, pris dans la tourmente du scandale, fait marche arrière.

L’Ethiopie paie pour les erreurs du passé. Les entreprises nationalisées sous la période marxiste demandent aujourd’hui des comptes. Un contentieux de près de 500 millions de dollars dénoncé par les organisations non gouvernementales (ONG) qui le jugent fort déplacé alors que le pays est menacé par l’une des plus terribles famines de son histoire.

C’est par Nestlé que le scandale arrive. La presse anglaise révèle que le géant suisse réclame aux autorités éthiopiennes 6 millions de dollars pour leur filiale allemande Schweisfurth nationalisée en 1975 sous la dictature marxiste de Mengistu (1975-1991). Plus de 40 entreprises internationales passeront ainsi aux mains de l’Etat. Sans aucune compensation. Un coup d’éclat nationaliste que les opérateurs économiques éconduits n’ont pas oublié. A l’annonce des relances de Nestlé, les ONG montent au créneau et tirent à boulets rouges sur la multinationale qui affiche plus de 6 milliards de dollars de bénéfices en 2002. Immoral. Surtout à l’heure d’une catastrophe humanitaire annoncée.

Nestlé revoit sa copie

Communiqués de presse, déclarations : la fronde des ONG s’organise vilipendant l’image de Nestlé. Le PDG, Peter Brabeck, s’empresse de réagir au lendemain d’une manifestation devant le siège en Angleterre. Il ne s’agit plus de demander de l’argent au bénéfice de la société mais de réallouer l’enveloppe du préjudice au gouvernement éthiopien à l’aide alimentaire.  » Nous ne souhaitons pas prendre de l’argent à l’Ethiopie alors qu’elle est dans un tel état désespéré de besoins humains « , explique-t-il. Il dénonce la polémique  » orchestrée  » par les ONG, laquelle a prise de court la société. Il se dit prêt à accepter l’offre d’1,6 million de dollars du gouvernement.

Les autres entreprises lésées par l’ancienne nationalisation ne sont pas toutes aussi clémentes. Nestlé est l’exemple le plus médiatisé, mais la plus importante somme demandée à ce jour reste celle de la famille grecque Papassinos. Leur avocat, intransigeant, réclame entre 40 et 50 millions de dollars à Addis-Abeba ou la restitution intégrale des biens de son client. L’Etat ne lui en propose que 4 millions. Des négociations sont également en cours avec le groupe Besse qui demande pour sa part 30 millions de dollars de réparations.

Le secours de la Banque mondial

Face à la pression des actions en justice menées à l’encontre du pays, la Banque mondiale s’est proposée, il y a plus d’un an et demi, de jouer le médiateur. Les officiels de l’instance internationale décrivent la situation comme  » surréaliste « . Ils trouvent les doléances  » risibles quand on regarde qui est le débiteur « . Même si elles sont parfaitement légales. L’Ethiopie est l’un des pays les plus pauvres du monde avec un Produit intérieur Brut (PIB) de moins de 100 dollars par personne.

Les plaignants paraissent d’autant plus sans scrupules que 11 millions d’Ethiopiens sont actuellement menacés par une famine de la même ampleur que celle de 1984. Les autorités tirent depuis quatre mois la sonnette d’alarme pour une aide d’urgence de la communauté internationale. Mais le drame se dessine chaque jour un peu plus.

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