Gwendoline Absalon, une entrée fracassante et toute en douceur sur la scène des musiques du monde


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Gwendoline Absalon... et une orange
Gwendoline Absalon... et une orange

Avec ce deuxième album somptueux, « Vangasay », Gwendoline Absalon s’affirme comme l’une des plus grandes artistes de La Réunion, et l’une des plus belles découvertes de ces dernières années sur la scène des musiques du monde !

Nous avons mis le disque sur notre platine – il était arrivé par la poste comme tous les autres, pour la journaliste que nous sommes. Nous n’avions jamais entendu parler de Gwendoline Absalon, mais d’emblée nous avions bien aimé la pochette du CD – une tranche d’orange malicieusement tendue en guise de monocle par l’artiste tout sourire en un clin d’œil malicieux, artiste à la peau brune, fleur dans les cheveux et jolie boucle d’oreille ethnique. Ce disque sentait les tropiques et le plaisir de vivre, avant même de l’entendre…

Nous avons laissé s’écouler la platine… et au bout de quelques chansons, nous avons eu un sentiment qui ne trompe pas : nous nous sommes sentie BIEN. Tout simplement. La musique de cette artiste qui nous était inconnue, nous faisait du bien. Et cela seul signe une artiste. C’est-à-dire une âme singulière et authentique.

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En consultant sa biographie, sur son site, nous avons compris que Gwendoline n’était pas née de la dernière pluie, même si son premier album ne date que de 2 ans : intitulé « Dig Dig », il est paru en 2018, et a fait un carton à La Réunion. Mais Gwendoline avait commencé à chanter dans des chœurs… à 10 ans, or on sait que les chœurs sont une élément central dans les musiques réunionnaises (comme dans les musiques africaines avec lesquelles elles sont mélangées). Plus tard, Gwendoline a accompagné ou fait les premières parties de bien des artistes – dont certains des plus grands talents de l’île, tels Zanmari Baré ou Bastien Picot.

Une musique simple et complexe à la fois

Nous ne savions pas tout cela quand nous écoutions son disque – en boucle ! – les premières fois. Nous avons simplement été séduite, ou plutôt touchée, par une musique à la fois simple et complexe car mêlant plusieurs influences – un peu comme le piano de Keith Jarrett, très épuré, peut mêler le jazz et la musique classique. Maloya réunionnais sur des titres tels « Béliya » ou « Modernité » ; Morna du Cap-Vert (musique et pays que semble adorer notre artiste, autres îles qui comme la Réunion sont à la fois proches et distantes de l’Afrique) dans un titre qui porte justement le nom de « La Diva de la morna » ; langue créole de La Réunion chantée sur tout le disque ; poésie et sens que l’on devine dans les textes, composés par l’artiste, même si nous ne comprenons pas toute la langue créole. En bref : une artiste pure, c’est-à-dire inspirée et pleinement engagée dans son chant.

Les arrangements et la direction artistique de l’album ont été assurés par Hervé Celcal, qui accompagne ici – magnifiquement ! – l’artiste au piano, dans des ambiances parfois très jazzy – comme dans « Fo Pa Krwar » (Faut pas croire). Parmi les autres artistes qui apportent leur âme et leur inspiration à ce disque, citons : les guitaristes Rija Randrianivosa et Fabrice Legros ; les percussionnistes Fabrice Thompson et Vincent Phileas ; et Caroline Faber à la voix ainsi qu’au triangle et aux grelots « caxixi », ces instruments simples mais clés des musiques réunionnaises.

Gwendoline Absalon est d’origine « malbar », c’est-à-dire d’ascendance indienne. Maloya réunionnais, jazz occidental et morna cap-verdienne adoptée, se mêlent ici à mille et une autres influences – aussi riches et variées que les peuples qui composent la douce et musicale île de La Réunion !

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