Guinée : le pouvoir pris en otage par des tensions sociales


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Des tensions sociales ont éclaté dans certaines localités guinéennes cette semaine. Les autorités du pays semblent particulièrement préoccupées par la situation. La Guinée forestière et la Haute Guinée, deux régions où le président guinéen, Alpha Condé, a remporté le scrutin présidentiel de 2012, n’ont pas été épargnées.

(De notre correspondant)

La société guinéenne a connu d’importantes tensions ces derniers jours à travers son territoire. Signe de malaise social, de nombreuses émeutes ont éclaté dans les régions de la Guinée forestière et en Haute Guinée, entraînant plusieurs morts et de nombreux blessés.

Cinq villageois tués à Zogota

Située en Guinée forestière dans le Sud du pays, à plus de 1 000 kilomètres de la capitale Conakry, la localité de Zogota a connu de fortes tensions qui se sont soldées par cinq villageois tués et plusieurs blessés lors d’un affrontement entre les forces de sécurité et les populations qui manifestaient contre la société brésilienne Vale qui exploite les minerais de cette localité.

En effet, le mercredi 1er août, les villageois ont pris d’assaut les installations de la société minière Vale où ils ont tout saccagé exprimant ainsi leur ras-le bol contre cette société qui n’emploie que très peu les autochtones.
Pour calmer la colère des villageois, une délégation gouvernementale composée entre autres du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Alhassane Condé et du ministre des Affaires étrangères, Nyankoye Lamah, a été dépêchée sur le terrain. Une médiation qui semble échouer puisque dans la nuit de samedi à dimanche, un affrontement a éclaté entre la population de Zogota et les forces de l’ordre qui procédaient à des arrestations. Bilan : cinq morts dont le président du village et plusieurs blessés, selon Avocats sans frontière. Lundi, l’opposition demandait l’ouverture d’une enquête.

Des émeutes contre l’insécurité à Siguiri

Située en Haute Guinée, à plus de 800 kilomètres de Conakry, la ville aurifère de Siguiri a connu dans la journée du mardi 7 août, une manifestation populaire contre l’insécurité qui bat son plein dans la localité. La résidence du préfet a été saccagée par les manifestants.

Tout a commencé dans la nuit de lundi à mardi lorsque des individus lourdement armés ont opéré au grand marché où ils ont vidé des boutiques de leur contenu. En colère, des commerçants et des jeunes ont décidé d’en découdre avec les autorités locales qu’ils accusent de ne rien faire pour calmer le banditisme à Siguiri. « Ce sont des commerçants du grand marché de Siguiri et des jeunes qui sont venus me rencontrer ce matin pour m’informer que des bandits ont attaqué dans la nuit d’hier des boutiques. Je leur ai demandé d’attendre jusqu’à 8 heures pour convoquer les autorités militaires de la localité en vue de retrouver les coupables. Chose qu’ils ont refusé et se sont mis à jeter des pierres », nous a expliqué le préfet de Siguiri, El hadj Aboubacar Sidiki Camara, peu après l’attaque perpétrée contre son domicile. Selon nos informations, une personne aurait été tuée par balle.

Conflit social dans la plus grande usine d’alumine d’Afrique, à Fria

La préfecture de Fria est située à 145 kilomètres de Conakry. La ville abrite la plus grande usine d’alumine en Afrique, Rusal-Friguia. Depuis plus de quatre mois, Fria traverse une crise sans précédent suite à une grève illimitée déclenchée par les travailleurs qui réclament une amélioration de leurs conditions de vie. Les syndicats et les expatriés russes propriétaires de l’usine se regardent en chien de faïence. Les leaders de l’opposition ont accusé les autorités d’être incapables de régler cette crise qui perdure.

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