Guinée : le fer de Simandou exploité par Rio Tinto et Chinalco


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La mine de fer de Simandou, en Guinée, l’un des plus importants gisements au monde non encore exploités, le sera par une joint-venture entre l’anglo-australien Rio Tito et le Chinois Chinalco. La mine est pour l’heure la propriété à 95% de Rio Tinto. Cet accord intervient alors que des responsables du groupe australien doivent être jugés lundi à Shangaï pour espionnage industriel.

L’exploitation et le développement de la mine de fer de Simandou, dans la province de Nzérékoré (Sud-Est) en Guinée, sera l’affaire d’une joint-venture entre la compagnie minière anglo-australienne Rio Tinto, troisième groupe minier mondial, et sa concurrente chinoise Chinalco. La mine guinéenne serait l’une des principales réserves de fer non encore exploitées dans le monde. Rio Tinto a manifesté son intérêt pour le site en 1996.

L’accord, rendu public ce vendredi, concerne aussi bien la mine que l’infrastructure ferroviaire et portuaire nécessaire au transport du minerai (construction d’une mine, d’un chemin de fer et d’un port en eau profonde). Le projet est estimé à 2,9 milliard de dollars. Rio Tinto, qui possède 95% de la mine de Simandou – le reste est détenu par la Société financière internationale (SFI) -, transfèrera sa participation dans la joint-venture. Les Chinois auront une participation initiale de 47% contre un investissement de 1,35 milliard de dollars sur une période de deux à trois ans. Quand Chinalco se sera acquittée de cette somme, Rio Tinto et la multinationale chinoise détiendront alors respectivement 50, 35 et à 44, 65%, indique le communiqué publié par Rio Tinto.

Simandou : 70 millions de tonnes de fer par an

Après la formation de la joint-venture, Simfer, la filiale de Rio Tinto continuera néanmoins de de gérer la mine de Simandou. L’entreprise australienne y a déjà investi plus de 600 millions de dollars pour la mettre aux normes internationales. Selon Rio Tinto, le projet Simandou emploie aujourd’hui plus 1 000 personnes. Ce chiffre sera porté a plus de 4 000 quand elle sera opérationnelle. Production attendue : 70 millions de tonnes de fer par an. L’Etat guinéen pourra, s’il le souhaite, acquérir jusqu’à 20% de la mine de Simandou. Ce qui influera sur les parts détenues par chacune des parties prenantes au projet, à savoir Rio Tinto, Chinalco et la SFI.

« Nous avons toujours su que Rio Tinto et Chinalco étaient capables de travailler ensemble sur des projets d’envergure. Chinalco est pour nous un partenaire idéal à Simandou (Guinée) », a indiqué Tom Albanese, le directeur général de Rio Tinto. Cet accord intervient après la tentative avortée de Chinalco d’entrer dans le capital de Rio Tinto à hauteur de 18% en juin 2009. Le groupe australien avait décliné l’offre de son concurrent chinois. La tension entre les deux multinationales est montée d’un cran en juillet dernier quand l’Australien Stern Hu, le patron de la firme à Shangaï, et trois de ses collègues chinois ont été arrêtés pour espionnage. Quelques jours plus tard, les autorités chinoises accusaient Rio Tinto d’avoir corrompu de hauts responsables de 16 aciéries du pays afin d’obtenir des secrets industriels.

Préserver les intérêts australiens

Rio Tinto et Chinalco semblent avoir trouvé un terrain d’entente alors que le procès de Stern Hu et de ses co-accusés démarre lundi. Jeudi, la Chine a appelé à ne pas « politiser » le procès, rapporte l’AFP. Le Premier ministre australien Kevin Rudd a prévenu qu’il sera suivi de près. D’autant plus que le procès se déroulera pour partie à huis clos. « Nous sommes très déçus que le procès ne soit pas ouvert et nous intervenons auprès du gouvernement chinois à ce sujet », a affirmé jeudi le vice-Premier ministre australien, Julia Gillard. Les Chinois assurent néanmoins que cette affaire judiciaire « ne devrait pas avoir un impact négatif sur les relations sino-australiennes ». Même son de cloche à Canberra. L’Australie est le premier partenaire commercial de l’Empire du milieu. «Il s’agit de deux sujets différents », a souligné ce vendredi le ministre australien du Commerce, Simon Crean.

En s’alliant avec Chinalco, Rio Tinto souhaiterait profiter des bonnes relations qu’entretiennent les Chinois et les autorités guinéennes. Selon RTL.be, elles ont signé le 10 octobre dernier avec le China International Fund (CIF) un partenariat qui prévoit « des investissements de plus de 7 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) dans des projets d’infrastructures.» L’opposition en Guinée avait alors accusé le régime du capitaine Moussa Dadis Camara, démis en décembre dernier, de « profiter des circonstances pour réaliser en Guinée des affaires obscures et juteuses ».

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